Avec 17 essais nucléaires menés au Sahara, la France reste silencieuse face à ses victimes. L'Algérie n'a cessé de lui réclamer des excuses officielles pour les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité commis pendant la colonisation et la Guerre d'indépendance (1954-1962). Plus de 60 ans après la fin du conflit, les relations entre les deux pays restent tendues en raison de ce passé douloureux, marqué par 130 ans de colonisation et une guerre sanglante. Emmanuel Macron a reconnu en septembre 2018 que la France avait instauré un système de torture pendant la Guerre d'Algérie, mais il s'est abstenu de présenter des excuses officielles. Depuis quatre ans, des négociations sont en cours sur quatre dossiers historiques, sans qu'aucun accord n'ait été trouvé : Le partage des archives coloniales (1830-1962) : L'Algérie exige l'accès à ces documents, mais la France refuse systématiquement. Le rapatriement des crânes des résistants algériens : Ces restes, conservés en France, symbolisent la lutte pour l'indépendance. L'indemnisation des victimes des essais nucléaires : Entre 1960 et 1966, la France a mené 17 essais nucléaires dans le Sahara algérien, causant des dégâts humains et environnementaux considérables. Le sort des 2.200 résistants algériens portés disparus pendant la guerre. Pendant cette guerre, 60.000 combattants et plus d'un million et demi de civils algériens ont été tués par les forces française Les essais nucléaires : un héritage empoisonné La France a mené 17 essais nucléaires au Sahara algérien entre 1960 et 1966, dont 11 après les accords d'Evian de 1962, qui actaient l'indépendance de l'Algérie. Ces essais, réalisés sur les sites de Reggane et In Ekker, ont laissé des déchets toxiques enfouis à quelques centimètres de profondeur, sans aucune mesure de décontamination ou de suivi sanitaire pour les populations locales. L'ONG Campagne internationale pour l'abolition des armes nucléaires (ICAN) a récemment publié un rapport de 60 pages dénonçant cette situation. Elle exige que la France fournisse une liste complète des sites contaminés, facilite le nettoyage des zones touchées, mène une étude indépendante pour évaluer les risques sanitaires transgénérationnels. Ces essais ont causé des maladies graves, comme des cancers, et des décès parmi les populations locales, mais aussi dans des régions éloignées. Aucun bilan officiel n'a été établi, mais on estime à au moins 30.000 victimes algériennes. La ''Gerboise Bleue'' : le début d'un désastre. Le 13 février 1960, la France a effectué son premier essai nucléaire, baptisé ''Gerboise Bleue'', à Reggane. Cette explosion, quatre fois plus puissante que celle d'Hiroshima, a marqué l'entrée de la France dans le club des puissances nucléaires. Suivront ''Gerboise Blanche'', ''Rouge'', ''Verte'', puis 13 essais souterrains. Les retombées radioactives ont touché non seulement l'Algérie, mais aussi une grande partie de l'Afrique subsaharienne, notamment le Mali, la Mauritanie, la Côte d'Ivoire, le Sénégal, le Niger, la Centrafrique, le Tchad et le Ghana. Une carte classée secret défense jusqu'en avril dernier révèle l'étendue de la contamination, qui a atteint des villes comme Tamanrasset, Ndjamena, Bangui et Bamako en quelques jours. Malgré les preuves accablantes, la France n'a toujours pas assumé ses responsabilités. Les archives restent fermées, les sites ne sont pas décontaminés, et les victimes ne sont ni reconnues ni indemnisées. L'Algérie et les organisations internationales continuent de réclamer justice, mais le dossier des essais nucléaires, ouvert en 1996, n'a pratiquement pas avancé. La France doit aujourd'hui : Ouvrir ses archives et révéler les lieux exacts des essais, décontaminer les sites touchés, indemniser les victimes et leurs descendants. Le passé nucléaire de la France en Algérie reste une plaie ouverte, et son héritage toxique continue de menacer la santé des populations locales.