Les parties sont sommées par les médiateurs de trouver l'homme de consensus avant midi, aujourd'hui Parallèlement, face à la recrudescence des attaques attribuées à des groupes armés, la présidence a prolongé hier jusqu'à «fin juin 2014» l'état d'urgence en vigueur depuis la révolution de janvier 2011. L'opposition et les islamistes tunisiens au pouvoir ont, après leur échec samedi, jusqu'à aujourd'hui midi pour s'accorder sur le nom d'un futur Premier ministre indépendant pour sortir la Tunisie d'une profonde crise politique nourrie par les violences jihadistes. Sur le plan politique, «le délai pour annoncer le nom du chef de gouvernement est lundi midi» 11h00 GMT, a indiqué le syndicat Ugtt, principal médiateur de la crise, sur sa page officielle Facebook. Selon le service de presse de l'organisation, les négociations doivent reprendre aujourd'hui vers 08h00 GMT. Le «dialogue national» entamé le 25 octobre était censé déboucher samedi sur la nomination de la personnalité indépendante appelée à succéder au Premier ministre islamiste Ali Larayedh et conduire la Tunisie vers des élections à la tête d'un gouvernement apolitique. Mais les négociateurs ne parviennent pas à départager deux candidats: Mohamed Ennaceur, 79 ans, soutenu par l'opposition, et Ahmed Mestiri, 88 ans, soutenu par Ennahda. Il s'agit de vétérans de la politique, ayant été ministres sous la présidence de Habib Bourguiba, le père de l'indépendance. L'opposition juge M. Mestiri trop faible physiquement et craint qu'Ennahda cherche à contrôler indirectement le gouvernement. «Ennahda veut quitter le pouvoir par la porte et revenir par la fenêtre», a lancé dans la nuit de samedi à dimanche Hamma Hammami, un dirigeant de la coalition de gauche Front populaire. «Ils veulent nommer quelqu'un pour prendre les décisions à sa place», a-t-il ajouté, estimant que M. Mestiri n'avait pas la forme physique pour «travailler quatorze heures par jour». «Nous considérons que Mestiri est l'homme de la situation. Il est à égale distance de tout le monde», a estimé a contrario, un porte-parole d'Ennahda, Zied Laadhari. Ces négociations visent à résoudre un profond conflit politique paralysant le pays et exacerbé par l'assassinat fin juillet du député d'opposition Mohamed Brahmi attribué à la mouvance jihadiste. Cette sortie de crise implique la formation d'un gouvernement d'indépendants, mais M. Larayedh a conditionné son départ à l'application stricte du calendrier des négociations. Celui-ci prévoit la mise en place d'une législation et d'un calendrier électoraux ainsi que le lancement de la procédure d'adoption de la Constitution, en cours de rédaction depuis deux ans. Sa démission formelle ne doit d'ailleurs pas intervenir avant la mi-novembre. Mais les problèmes et retards s'accumulent. L'élection des membres de la commission électorale par l'Assemblée nationale constituante (ANC) prévue samedi a été reportée. Un tribunal administratif a conditionné cette procédure à la publication du texte au journal officiel, ce qui devrait intervenir en début de semaine. Enfin, l'adoption de la loi électorale devant intervenir avant le 9 novembre est mal engagée, les travaux n'ayant pas encore débuté. «Ce processus n'a tout simplement pas commencé (...) l'ensemble du processus est reporté.... à quand?», s'interroge le parti d'opposition Al Massar dans un communiqué. Parallèlement à cette inextricable crise, les tensions sécuritaires continuent de s'accroître. Ainsi, le chef de l'Etat Moncef Marzouki a prolongé l'état d'urgence, qui accorde de larges pouvoirs à la police et l'armée, de huit mois à juin 2014, alors que depuis un an et demi il l'était par tranche de un ou trois mois. Pour la première fois depuis la révolution de janvier 2011, des attaques attribuées aux jihadistes ont ciblé mercredi deux sites touristiques: l'un a été visé par un attentat suicide qui n'a pas fait de victime et l'autre par une tentative déjouée à temps. Durant le seul mois d'octobre, neuf gendarmes et policiers ont été tués dans des affrontements. Si aucune revendication n'a été annoncée, le gouvernement a attribué ces troubles à des groupes liés aux salafistes d'Ansar Ashari'â, mouvement accusé de liens avec Al Qaîda. L'opposition taxe Ennahda de laxisme face à l'essor des violences.