Des constructions illicites ont, depuis l'indépendance, fait rage A l'issue de chaque opération de démolition, d'importantes assiettes foncières, qui serviront à d'importants projets d'utilité publique, sont récupérées. Le foncier public, appelé dans le jargon local «les terres de l'Etat», est devenu, ces dernières années, la cible privilégiée de toutes les convoitises et des prédations. Des coups de toutes natures sont orchestrés par des dizaines de squatteurs pour s'en accaparer. Les services en charge de la récupération des biens fonciers étatiques ont, en l'espace des trois dernières années, recensé près de 600 affaires toutes liées aux détournements du domaine forestier. Des constructions illicites ont, depuis l'indépendance, fait rage. Des campagnes, à l'effet de duper l'opinion publique, sont organisées de temps en temps. La dernière, qui a été lancée depuis le début de l'année, a permis l'éradication de 2.620 constructions illicites. Au décompte final, quelque 240 assiettes de terrain, estimées à plusieurs hectares, ont été récupérées. Les constructions illicites prennent de l'ampleur dans une wilaya anarchiquement urbanisée. Démolition de bidonville...que des paroles en l'air! Il est de la notoriété de l'Etat et de son autorité de mettre à plat toute construction dénaturant la belle architecture de la ville, la nécessité d'embellir la ville est une priorité absolue. La mafia du foncier ne lâche rien. D'autant que dans la wilaya d'Oran, le ton a, depuis la nuit des temps, été au relâchement et à la passivité de ses autorités à l'exception de quelques opérations de nature à tromper l'oeil. Des sources affirment avoir rasé près de 4000 constructions illicites, érigées sur le domaine forestier, ces 4 dernières années. Ces taudis ont été dressés dans les lieux dits El Hassi, la forêt dite de Coca à Arzew, au Cap Carbon et Haï Zabana, ainsi qu'aux abords de la route menant vers la Corniche supérieure. A l'issue de chaque opération démolition, les responsables locaux provoquent des rencontres avec des journalistes pour les informer que d'importantes assiettes foncières, qui serviront à d'importants projets d'utilité publique, sont récupérées. Que nenni! Sinon comment interpréter le fait que la forêt de Canastel, qui a été «charcutée» et répartie en plusieurs lots, avant d'être attaquée à coups de dizaines de géants bulldozers, en plein jour, en vue de son urbanisation. Pis encore, l'une des associations ayant alerté l'opinion publique, a été suspendue pendant plusieurs mois par l'administration locale, sa réhabilitation n'a eu lieu qu'après un combat de plusieurs rounds ouvert devant le tribunal d'Oran. Les dépassements orchestrés sur le domaine forestier ne sont donc pas près de prendre du recul de sitôt. Les prédateurs ne se lassent pas! A chacune des opérations de démolition des bidonvilles, leurs occupants reviennent peu après, il s'y installent à la faveur de la moindre accalmie, notamment du côté de Coca, dans le quartier d'El Hassi. «Des dizaines de familles sont revenues, y dressant de nouvelles baraques», a indiqué un habitant des Amandiers, quartier limitrophe d'El Hassi. Pourtant, les services locaux ne manquent jamais de tirer l'alarme. Selon un rapport établi, tout récemment par l'une des commissions de l'APW, plus de 150 groupements illicites (bidonvilles) ont été dressés, un peu partout dans plusieurs localités de la wilaya d'Oran. A elle seule, la commune des Deux Lions, enregistre plus d'une trentaine de groupements illicites. Plus de 8000 habitations illégales, réparties entre les sites de Coca, Ras El Aïn, El Hassi, sont recensées. D'autres bidonvilles ont été bâtis dans les communes d'Arzew, Benfréha, Aïn El Turck, Haï Nedjma et Es-Senia, deux autres géantes favelas à Aïn El Beïda. La mise à plat définitive de ces bidonvilles n'est en fait que des paroles en l'air. Sinon, comment expliquer que tous les walis qui se sont succédé à la tête d'Oran n'ont pas pu réaliser ce projet qu'ils ne cessaient de vanter lors de leurs briefings et des rencontres avec les médias. La wilaya d'Oran est transformée ces dernières années en un grand chantier ouvert, la sempiternelle problématique du logement oblige. El Bahia souffre énormément du déficit du foncier. Celui-ci est, aux dernières informations, estimé à environ 44.000 ha dont 60% se trouvent dans un état de dégradation. La Conservation des forêts semble inscrire ses démarches dans une vision futuriste en se fixant comme objectif la nécessité de la réhabilitation de ce patrimoine par un important programme de restauration et de repeuplement. En dépit de tous les efforts fournis, les citoyens n'adhèrent malheureusement pas tendant à redonner la vie aux forêts. Ces espaces forestiers sont constamment exposés à la menace. «Le grand problème qui menace l'ensemble des forêts urbaines de la wilaya est, en plus de celui du béton, les rejets de détritus et de centaines de déblais», a-t-on déploré. Les gardes forestiers la gendarmerie et la police environnementale ne chôment pas étant donné que des dizaines de personnes, prises en flagrant délit de rejets de déblais et autres détritus, en forêt, ont été appréhendés. Les véhicules des contrevenants ont été mis en fourrière pour des durées allant d'un à six mois, en plus des amendes allant jusqu'à 30.000 DA. Qui vient dicter sa loi! Les chiffres avancés quant aux attaques orchestrées concernant l'urbanisme et l'architecture d'Oran qui ne sont en réalité qu'une toute petite partie cachée de l'iceberg. Les bilans fournis ne sont pas exhaustifs étant donné qu'ils n'ont pas été réalisés grâce à des enquêtes scientifiques devant remonter à très loin dans l'histoire de l'Algérie, indépendante c'est-à-dire jusqu'en 1962. Aussi, ce phénomène, qui n'est pas nouveau dans la wilaya d'Oran, n'est pas un simple fait du hasard. La deuxième ville du pays a, en cinquante années d'indépendance, connu deux exodes ruraux. Le premier est survenu lorsque l'Algérie a recouvert sa souveraineté nationale, en juillet 1962, des centaines de familles, guettant de près le départ des colons abandonnant leurs domiciles, ont pris le relais en occupant les somptueux immeubles du centre-ville comme la rue Larbi-Ben Mhidi (ex-rue d'Arzew) et ceux de la rue Khemisti. Ces familles, qui se sont proclamées dès leur «oranisation», sont, dans leur majorité venues des wilayas limitrophes. Le plus gros lot a afflué de Tlemcen et de Mascara alors que le reste est originaire de Relizane, Tiaret, Mostaganem, de la Kabylie etc. Si les Kabyles et les Mozabites ont investi dans le commerce, la majorité des Tlemcéniens ont opté pour l'immobilier. Les dégâts, qui ont suivi, ne sont pas moins graves. Des dizaines de familles ont, dans leur ignorance totale quant à la nécessité de mettre en valeur l'architecture de la ville, mis en branle leur modus opérandi basé sur des visions «dévastatrices» en passant à des réalisations de constructions illicites sur des terrasses des immeubles pendant que d'autres ont carrément accaparé les caves des bâtiments leur donnant d'autres vocations. L'insoluble problème est posé à ce jour. Ce n'est pas tout. D'autres, personnalités influentes et celles aux poches pleines d'argent, n'ont pas hésité à créer leur «Hydra d'Oran». C'est ainsi que les quartiers résidentiels de la Loffa, Les Palmiers et Saint Hubert ont vu le jour durant la décennie du laisser-aller total, les années 1980. Les occupants de ces cités-dortoirs sont dans leur majorité constitués d'hommes d'affaires et de personnalités qu'on ne voit que rarement dans la place publique. Le deuxième exode a vu le jour lors de la tragédie nationale, des centaines de familles fuyant les zones de choc, se sont réfugiées dans les domaines forestiers de Chteïbo, Es-Senia d'El Hassi, Coca, Rocher et Sidi El Bachir. Ces nouveaux débarqués ne se gênent pas à l'effet d'assurer leur survie, à verser dans la criminalité, le trafic de drogue et la prostitution.