Nouvel attentat à la voiture piégée contre un bus de l'armée tuant dix soldats au Sinaï Des dizaines de policiers et militaires ont été tués dans des attentats dans le Sinaï, péninsule proche d'Israël et de Ghaza en proie depuis longtemps à des insurrections de groupes armés. Au moins 10 soldats ont péri hier dans un attentat à la voiture piégée dans le Sinaï égyptien, où les attaques contre les forces de l'ordre se sont multipliées depuis que l'armée a destitué en juillet le président islamiste Mohamed Morsi. Un peu plus tôt au Caire, quatre policiers - dont un officier - ont été blessés quand des inconnus ont jeté une bombe sur un des innombrables postes de contrôle routier dont la capitale égyptienne est truffée depuis mi-août, quand l'armée et la police y ont tué des centaines de manifestants pro-Morsi, début d'une implacable répression qui a fait plus d'un millier de morts dans les rangs des islamistes. Depuis, des dizaines de policiers et militaires ont été tués dans des attentats dans le Sinaï, péninsule proche d'Israël et de Gaza en proie depuis longtemps à des insurrections de groupes armés jihadistes et de tribus de bédouins hostiles au pouvoir central. Tôt mardi matin, près d'Al-Arich, chef-lieu du nord du Sinaï, une voiture a explosé au passage d'un autobus qui transportait des soldats, faisant 10 morts et 35 blessés, a annoncé l'armée. Certains des blessés sont dans un état critique. Le 19 août, une embuscade contre un convoi de policiers près de Rafah, le point de passage vers la bande de Ghaza, avait fait 25 morts dans les rangs des policiers dans l'attaque la plus meurtrière depuis des années dans le Sinaï. Le 5 septembre au Caire, un kamikaze avait fait exploser prématurément sa voiture piégée au passage du convoi du ministre de l'Intérieur - accusé par les islamistes d'avoir orchestré le massacre du 14 août. Le ministre Mohamed Ibrahim est sorti indemne de cet attentat. La plupart des attaques récentes dans le Sinaï et au Caire ont été revendiquées par des groupes liés à Al Qaîda, en représailles selon eux au «coup d'Etat» de l'armée et la répression sanglante qui s'est abattue sur les partisans de M.Morsi. Même si les attentats sont généralement revendiqués par des groupes jihadistes, le principal étant Ansar Beit al-Maqdess, qui a fait allégeance à Al Qaîda, le gouvernement les attribue volontiers aux «terroristes» Frères musulmans. Cette influente confrérie, dont est issu M. Morsi, avait largement remporté les législatives de la fin 2011, quelques mois après qu'une révolte populaire eut chassé du pouvoir le président Hosni Moubarak dans la lignée des Printemps arabes. M. Morsi est le premier président jamais élu démocratiquement en Egypte. Le gouvernement intérimaire installé le 3 juillet par le nouvel homme fort du pays, le général Abdel Fattah al-Sissi, vice-Premier ministre, ministre de la Défense et commandant en chef de la toute puissante armée, avait invoqué, pour justifier la destitution de M.Morsi, les millions d'Egyptiens descendus dans la rue le 30 juin pour réclamer son départ, l'accusant de monopoliser le pouvoir au profit des Frères musulmans et de vouloir islamiser la société à marche forcée. Le 3 juillet, le général Sissi avait demandé au gouvernement et au président qu'il venait de nommer de promouvoir une nouvelle constitution et d'organiser des élections législatives et présidentielles au premier semestre 2014. Mais mardi, pour la première fois depuis juillet, ce ne sont pas des manifestations islamistes, mais des mouvements laïques de la jeunesse, relativement minoritaires mais hostiles aux militaires comme aux Frères musulmans, qui ont manifesté au Caire contre le nouveau pouvoir. Ces rassemblements sur la place Tahrir ont été émaillés de heurts entre opposants et partisans de l'armée. Au moins une personne est morte et 16 ont été blessées sur cette place, épicentre de la révolte de 2011 contre Moubarak. La police a dû envoyer les blindés pour disperser les manifestants dans la nuit.