«Il faut prendre à César tout ce qui ne lui appartient pas.» Paul Eluard Je reviens toujours à cette fameuse phrase de ce receveur des postes qui me disait qu'il ne fallait pas croire Internet. Qui croire donc? Les nombreux chercheurs qui ont contribué à mettre cette fameuse machine en route doivent se retourner dans leur tombe ou dans leur lit. Quel privilège que de choisir un divertissement qui n'est pas imposé par celui qui est payé par la doctrine officielle et dominante. Mon dada, c'est le péplum: ceux qui ont un faible pour le merveilleux ou l'anecdote historique raffolent des péplums, ce genre bien particulier créé par le cinéma italien pour redorer le blason d'un pays qui a jadis dominé la Méditerranée, mais qui est resté bon dernier en Europe pour réaliser son unité nationale. Que ce soit la reconstitution des grandes batailles du passé comme Marathon, les Thermopyles ou les glorieuses épopées de chefs de guerre comme Alexandre le Grand ou Hannibal, des sujets religieux en relation avec les événements actuels, ils sont abordés avec une arrière-pensée politique: ainsi on a pu voir plusieurs adaptations de la Bible, l'épopée de Moïse et du peuple juif, plusieurs crucifixions du Christ et autres aventures liées à la Passion. Certains films s'attachent aux légendes et récits mythologiques de la tradition gréco-latine: les travaux d'Hercule, la Guerre de Troie, l'Odyssée sont les principaux thèmes où s'affrontent les dieux par héros interposés. Mais les péplums les plus intéressants demeurent ceux qui s'attachent à retracer la vie de personnages historiques. Bien que la recherche du spectaculaire soit le souci premier des producteurs (décors grandioses, costumes resplendissants, figuration considérable...), le respect du fait historique, en général, n'est pas la principale qualité de ces films qui, malheureusement, ne sont pas légion. Ainsi, dans certains films, on met en relief les traits de caractère négatifs des Barbares, cupides, cruels, face aux qualités «humaines» des Grecs et des Romains, ancêtres de ceux qui se revendiquent aujourd'hui comme héritiers de cette civilisation dite occidentale ou judéo-chrétienne. Peu de films (comme Scipion l'Africain de Carmine Gallone, version noir et blanc) respectent les vérités historiques et brodent en inventant des anecdotes autour de personnages dont l'histoire n'aura retenu que le génie militaire, à l'instar d'Hannibal, chef prestigieux qui connut un sort malheureux face à Scipion, allié aux Numides de Massinissa. Mais c'est surtout le personnage de Caïus Julius Caesar, premier dune dynastie d'empereurs: il est le héros central d'une série télévisée d'une rare qualité. Rome dépeint l'atmosphère déliquescente de la fin de la République romaine au moment où les consuls (généraux désignés par le Sénat romain) entrainent la société dans une guerre civile. L'ambition de César y est rapportée avec minutie: meurtres commandités, cadeaux aux vétérans qui lui sont fidèles. Il est inflexible envers ses adversaires, prend seul les décisions et puise à son gré dans les coffres de l'Etat pour offrir des fêtes et des distractions au peuple qui ne demande que cela. César est devenu plus tard Kaiser ou tsar, exemples d'autocratie. Mais ce qui est encore plus intéressant, c'est la peinture de la société romaine: les moeurs des gens de toutes catégories sociales: les nobles, la plèbe, leurs contradictions, les sénateurs courtisans, la manière dont est rendue la justice, l'éducation des enfants, les rapports au sein d'une famille et la place de la femme dans la «gens». En un mot, Rome est un péplum où les héros sont à hauteur d'homme.