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De Rome à Hollywood
Decryptage de genre. Grandeur et decadence du péplum
Publié dans El Watan le 14 - 05 - 2011

Au cinéma italien est collée la double étiquette d'avoir créé le meilleur et le pire, le néo-réalisme et le péplum, le western spaghetti n'étant qu'un hors-d'œuvre qui a payé. Telle une tête de Janus, divinité à deux visages, le cinéma italien des années cinquante regarde le présent sordide au sortir d'une guerre perdue et se projette dans un passé antique qui fut glorieux.
Le péplum est un vêtement léger que portaient hommes et femmes de l'Antiquité et dont des statues et portraits de l'époque en ont donné la représentation, sans retenue pour les rigueurs de l'hiver qui les auraient exposés aux maladies mortelles du froid. C'est par paresse intellectuelle que des critiques, à défaut d'une connaissance réelle de l'Histoire, ont affublé ce genre de films italiens d'une appellation infâmante, le péplum. Mais le terme ne concerne pas seulement les Italiens, les autres cinémas en furent revêtus avec moins d'opprobre. Il est «péplum» quand il s'agit de cinéma sans gros moyens et sans acteurs célèbres et «fresque historique» quand le budget est astronomique et les rôles interprétés par des stars mondiales. Le premier film à personnages drapés façon romaine est du Français Georges Hartot, qui a mis en scène un Néron essayant un poison sur un esclave (1896, produit par les frères Lumière). Plus tard, Enrico Guazzoni (Quo Vadis,1912) et Giovanni Pastrone (Cabiria,1914) signent l'acte de naissance du péplum comme genre qui a largement influencé le père du langage cinématographique, Griffith, et son assistant, Cecil B. De Mille.
Le film Intolérance (1916), avec ses immenses décors babyloniens et Les Dix commandements (1923), avec ses foules de figurants dirigées de main de maître, ont su exploiter et développer les techniques élaborées par les Italiens, dont le travelling qui fut inventé par Pastrone. En 1937, les studios Cinecitta sont inaugurés par Mussolini pour la sublimation du fascisme et ont servi à la justification de la colonisation ratée en Ethiopie et réussie en Libye à travers Scipion l'Africain (1937). Après la 2e Guerre mondiale, place aux grandes épopées et aux décors fastueux pour faire oublier les décombres d'un monde dévasté. Allant dans tous les sens, les Italiens caciques diabolisent une impératrice décadente (Messaline de Carmine Gallone, 1948) et béatifient une convertie sanctifiée (Fabiola d'Alessandro Blasetti, 1949). Suite au succès de Samson et Dalila (1949) de Cecil B. De Mille qui a fait de la longue chevelure de l'acteur Victor Mature la cause de sa force phénoménale, alors que scientifiquement c'est l'inverse, Hollywood débarque à Rome avec Mervyn Leroy qui utilise les décors de Cinecitta désargenté pour un QuoVadis (1950) revisité qui donne des idées aux Italiens de reprendre leur Histoire avec un film-programme : Spartacus (1952) de Riccardo Freda.
D'un côté, des films comme Salomé (1953) de William Dieterle qui transforme une princesse juive coupeuse de tête, celle de Jean-Baptiste annonciateur de Jésus-Christ, en opposante à son exécution ; La terre des pharaons (1955) de Howard Hawks qui rend les Hébreux les vrais constructeurs des pyramides (!) ; Les Dix commandements (1956) de Cecil B. De Mille qui réactualise l'exigence d'une terre promise mythifiée, et Ben-Hur (1959) de William Wyler, militent en faveur du maintien d'un Etat israélien usurpateur et spoliateur avec des grosses pointures en signature. D'un autre côté, on continue sur la lancée de mise en valeur d'épopées sans indication d'origine comme La Tunique (1953) de Henry Koster, premier film en cinémascope, ce qui est son seul intérêt. Mais il y a aussi des films comme JulesCésar (1953) de Joseph L. Mankiewicz, Sinouhé (1954), de Michel Curtiz, ou Spartacus (1959) de Stanley Kubrick, Ulysse (1954) de Mario Camerini (!), Hélène de Troie (1956) de Robert Wise qui nous éblouirent avec des légendes inconnues de nous.
Les Italiens repartent à la reconquête de leur propre histoire en faisant revivre des héros mythiques gréco-romains à travers Les Travaux d'Hercule (1958) de Pietro Francisci et la version humaine de ce héros mythologique, Maciste, dans LeGéant de la Vallée des Rois (1960) de Carlo Campogalliani. Ces films vont faire démarrer une abondante production où le moins bon cotoie le plus mauvais, excepté Le Géant de Thessalie (1960) de Riccardo Freda, Carthage en flammes (1960) de l'indémontable Carmine
Gallone, Rémus et Romulus (1960) de Leone et Corbucci, Les Titans (1961) de Duccio Tessari d'une part et, d'autre part, tout le capharnaüm d'intitulés aux personnages improbables et aux thèmes tirés par les cheveux dont la liste est un programme de matchs de boxe. Hercule et Maciste, dans des vêtements légers pour montrer leur poitrail musclé, livrent des batailles contre les Amazones, les cyclopes, les titans, les Mongols, les vampires sans oublier les cheikhs d'Arabie dans un rapport qualitatif inversement proportionnel à la qualité.
Le cinéma péplum a ses lettres de noblesse et ne fut pas ignoré par des réalisateurs de talent et pas seulement italiens. Le Grec Michael Cacoyannis mit la barre très haut avec une sublime Electre (1962) et un sens épuré de l'image au service d'une tragédie grecque. Le Romain Pasolini commet un chef-d'œuvre, L'Evangile selon Saint Matthieu (1964), en jouant sur un parallèle avec Lénine et ses apôtres au Politburo. Le Polonais Jerzy Kawalerowicz réussit Le Pharaon (1965), transposition subliminale de ses propres affres dans un pays dominé par le stalinisme. John Huston s'égare dans La Bible (1966) et déclare, toute honte bue, qu'il l'a vue «comme une légende» ainsi qu'auparavant Nicholas Ray avec un Jésus roux dans Le Roi des Rois (1962).
Federico Fellini se réfugie chez l'écrivain antique, Petrone (Satyricon,1969) après sa rupture avec le néo-réalisme (Huit et demi). L'Américain Scorsese clôt son chapitre d'ex-sémiraniste par un scandaleux La Dernière Tentation du Christ (1988). L'Egyptien Chahine réalise contre vents et fetwa, L'Emigré (1994) dont on ne saisit la portée qu'à l'occasion des événements qui ont marqué son pays tout récemment. On conclut par le plus grand et le meilleur film à nos yeux, qui ne mérite pas l'opprobre d'une appellation méprisante, soit Agora (2009) de l'Espagnol Amenàbar, un très bel hommage à Hypatie, la grande mathématicienne lapidée par les chrétiens vers 400 ans après J-C.
Aujourd'hui, on n'est plus dans les haillons des superproductions de pacotille avec décors en carton pâte, rochers qui déboulent en sautant plusieurs fois, devis extravagants et acteurs budgétivores. La performance des nouvelles technologies du numérique ont relancé, depuis 2000, les grandes fresques historiques, façon péplum, mais à la manière de Cléopatre (1963) de
Mankiewicz, de Jason et les Argonautes (1963) de Don Chaffey. Ainsi, l'éclectique Ridley Scott qui lance Gladiator (2000) aux sommets du box-office provoque une mode rétro du péplum. Coup sur coup, il y eut, en 2004, l'insupportable faussaire, Troie de Wolfgang Petersen qui, en écartant le personnage emblématique de Cassandre, se supprima lui-même, le discutable Alexandre de Oliver Stone et La Passion du Christ de Mel Gibson qui reste une œuvre grandiose sans rapport avec le péplum au plan thématique. Avec 300 (2007) de Zack Snyder, on atteint les limites du virtuel. La technologie détruit la légende des derniers défenseurs de la loi spartiate contre la horde des Perses barbares, toute référence à l'actualité n'étant que pure coïncidence (!) et Prince of Persia (2010) s'inspire plus des jeux vidéo que de l'Histoire.
Comme on l'a constaté, le péplum est un genre cinématographique incontestable. Il n'est sous-genre que par la médiocrité technique, l'infantilisme des scénarios indépendamment du brio des réalisateurs. Le péplum ne supporte plus le costard qu'on lui a taillé et peut se revendiquer italien, car c'est le cinéma italien qui l'a popularisé et c'est l'Histoire de Rome qui a majoritairement dominé les œuvres cinématographiques de ce type. La télévision a aussi ses péplums de toute beauté. Mais ceci est une autre histoire.


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