Après quatre jours d'intenses débats, la Loya Jirga afghane approuve le traité avec les Etats-Unis «La Loya Jirga demande au président de promulguer cet accord avant la fin de l'année 2013» indique son vice-président après que les 50 commissions eurent approuvé à l'unanimité le traité, à l'issue de quatre jours de débat. Les 2500 délégués de la Loya Jirga, grande assemblée traditionnelle afghane, ont approuvé hier le traité de sécurité avec les Etats-Unis, que le président Hamid Karzaï s'est aussitôt dit prêt à signer, tout en fixant une série de conditions. Cet accord est «approuvé par les membres de la Loya Jirga», a déclaré Fazul Karim Imaq, vice-président de la grande assemblée réunie à Kaboul depuis jeudi. «La Loya Jirga demande au président de promulguer cet accord avant la fin de l'année 2013», a-t-il ajouté, peu après que les 50 commissions eurent approuvé à l'unanimité le traité, à l'issue de quatre jours de débat. Ce traité bilatéral de sécurité (BSA) doit définir les modalités d'une présence militaire américaine en Afghanistan après le retrait des 75.000 soldats de l'Otan (Isaf), fin 2014, qui fait craindre une flambée de violences dans le pays, en partie contrôlé par les taliban. Après des mois de négociations laborieuses, Kaboul et Washington se sont mis d'accord cette semaine sur le contenu de l'accord. Mais jeudi, à l'ouverture de la Jirga, le président Karzaï avait annoncé que l'accord, qui doit encore être approuvé par le Parlement, ne serait promulgué qu'après l'élection présidentielle, prévue le 5 avril. La perspective d'un délai exaspère Washington, qui a fait savoir qu'un retard supplémentaire n'était «ni pratique, ni envisageable», et laisse planer la menace d'un retrait total des troupes américaines. Hier, lors du discours de clôture de la grande assemblée, M.Karzaï n'a pas clairement indiqué qu'il pourrait reconsidérer sa décision de promulguer le traité après le scrutin, auquel il ne peut participer, la Constitution lui interdisant de briguer un troisième mandat. Il s'est dit en revanche prêt à «accepter» la décision de la Jirga et à signer le BSA, tout en évoquant des conditions préalables. «Cet accord doit nous conduire à la paix, sinon ce serait un désastre», a-t-il dit. «Les Américains doivent coopérer, participer au processus de paix» avec les insurgés taliban, a-t-il insisté. Les tentatives de pourparlers de paix avec les rebelles, auxquelles ont pris part les Etats-Unis, n'ont pour l'instant débouché sur aucun résultat concret. Les taliban refusent notamment de dialoguer avec M.Karzaï, dont ils ne reconnaissent pas la légitimité et qu'ils considèrent comme une «marionnette» de Washington. Le président afghan a également indiqué que les Etats-Unis devaient cesser toutes les opérations militaires visant des domiciles afghans, qui, selon lui, violent la souveraineté afghane. «Si les Etats-Unis retournent dans nos maisons, une fois encore, il n'y aura pas d'accord», a-t-il déclaré à la tribune de la Loya Jirga, dans une vaste salle sur le campus de l'Ecole polytechnique, dans l'ouest de la capitale afghane. M.Karzaï a également laissé entendre qu'il poursuivrait des discussions avec Washington sur le traité, au risque d'impatienter un peu plus son principal soutien financier et militaire. «Je vais continuer à travailler sur l'accord, je vais continuer à négocier», a-t-il dit. La signature ou non de cet accord pourrait être lourd de conséquences pour le pays. Malgré douze ans de guerre, le gouvernement afghan reste fragile face à l'insurrection meurtrière des taliban, chassés du pouvoir en 2001 par une coalition militaire dirigée par les Etats-Unis. Côté américain, la signature du traité permettrait aux Etats-Unis de continuer à exploiter des bases dans une région aux enjeux géostratégiques importants, l'Afghanistan se trouvant au carrefour de l'Iran, du Pakistan, de l'Inde et de la Chine.