Le symbole de la lutte contre l'injustice, le héros des opprimés et l'icône de la lutte contre la ségrégation raciale, Nelson Mandela, est mort ce jeudi soir à 97 ans. Il est décédé probablement de la récidive de son infection pulmonaire que certains disent provenir des séquelles de son emprisonnement dans les geôles de l'apartheid. Sa mort a été annoncée aussitôt à la télévision par le président sud-africain Jacob Zuma. Personnalité hors du commun, Mandela était un géant de ce monde. Et certainement le dernier! Si on veut résumer Mandela, bien qu'il ne soit pas de ceux qu'on résume, on dirait qu'il fut une vie de combat consacrée aux autres, dédiée à la jeunesse, tournée vers l'avenir, offerte pour le progrès de son peuple et vouée au bien-être de l'humanité. «Une vie vécue au service des gens de son pays et de la cause de l'humanité» avait dit le président sud-africain Jacob Zuma lors de la triste annonce de ce jeudi soir. Il n'a pas corrompu son voeu Il avait fait siennes toutes les luttes pour les causes justes à travers le monde et il s'est revendiqué de toutes les campagnes visant à donner ou à redonner espoir aux hommes là où qu'ils soient. Après 27 années passées dans les geôles de l'apartheid, quiconque à sa place aurait pesé de son poids pour débarrasser le pays de ses colons et tout le monde était prêt à accepter un tel verdict, mais lui, qui était ressorti sans rancune de ses prisons, avait préféré tendre la main à ses bourreaux d'hier, leur offrant de construire ensemble le pays «arc-en-ciel» et donnant ainsi l'exemple aux siens pour le bien de leur pays. Maître d'oeuvre d'une démocratie multiraciale réelle, Mandela avait su éviter, au prix d'une incroyable résistance aux siens, la guerre civile raciale qui menaçait son pays dans les années 1990. il avait eu la bonne vision et les bons réflexes aux bons moments. En refusant d'accéder au désir des siens de faire partir les anciens colons de son pays, en nommant à la tête du gouvernement un ancien responsable de l'apartheid, Frederik de Klerk, à un moment où tous les siens sy opposaient et en instituant la fameuse commission de vérité et de réconciliation qui demanda un travail énorme des années durant, il avait conduit son pays là où nul autre à sa place ne l'aurait conduit, vers le meilleur chemin possible et le meilleur avenir dont il lui soit permis de rêver. Aussi, son prix Nobel de la paix, qu'il partagea avec De Klerck, était et demeure l'un des prix Nobel de la paix les plus mérités, sinon le plus mérité, depuis que la fondation Nobel existe. «Madiba» comme l'appelaient affectueusement les Sud-Africains de son nom de clan, a démontré qu'il est possible d'exercer le pouvoir sans le confondre avec soi-même. Il a prouvé que l'on peut garder ses distances avec les tentations diaboliques du pouvoir. de tous pouvoirs. Et lorsqu'il refusa, en 1999, de se présenter à un deuxième mandat alors que sa stature, sa valeur, la Constitution de son pays, le peuple et l'humanité entière le lui offraient, avec la reconnaissance en prime, il prétexta qu'il préférait laisser place à plus jeune alors que, en réalité, il voulait sceller, et de quelle manière donc, les fondations d'une solide démocratie dans la nouvelle République débarrassée des démons de l'apartheid et de l'obscurité de l'oppression. il voulait mettre en marche une République où l'alternance serait réelle, c'est-à-dire une République qui n'a d'égard pour les hommes que pour leur travail et qui oblige leur légitimité, quelle qu'elle soit, à s'incliner devant le bien du peuple et devant les institutions de l'Etat. C'est là un voeu, un idéal pour lequel il avait donné une vie entière et, en refusant les tentations du pouvoir à travers son retrait après un seul mandat, il ne faisait que refuser la trahison de son propre rêve et la corruption de son voeu de toujours. Il n'en sortit alors que plus grand encore. Loin du pouvoir, Mandela a aussi oeuvré pour son peuple démontrant, encore une fois, que l'on peut travailler pour le bien de son pays et pour celui des hommes sans que l'on soit obligé d'être aux commandes. Sa dignité et son humilité n'ont été ni des qualités fabriquées par ses proches ni des prétextes inventés par ses laudateurs pour vivre à ses alentours. Elles sont reconnues et respectées par tous les humains à travers le monde. Il était sage, déterminé, persévérant, engagé, humble et visionnaire et c'est ce qui lui permit de hisser haut son pays dans le concert des nations. Il a su rendre la vie dans son pays possible sans apartheid et il a su rendre la vie de son peuple meilleure sans rancune. Aujourd'hui, dans son pays, ce ne sont pas seulement les Noirs qui le pleurent, car les Blancs de son pays le pleurent, sinon plus, du moins autant que les Noirs. Le voeu d'une vie Lorsqu'en 1962 il fut arrêté et condamné à perpétuité par le régime de l'apartheid contre lequel il luttait, les armes à la main, il laissa tomber, lors de son procès, cette phrase prémonitoire devenue célèbre depuis: «J'ai lutté contre la domination blanche et j'ai lutté contre la domination noire. Mon idéal le plus cher a été celui d'une société libre et démocratique dans laquelle tous vivraient en harmonie avec des chances égales. J'espère vivre assez longtemps pour l'atteindre. Mais si cela est nécessaire, c'est un idéal pour lequel je suis prêt à mourir.» De toutes parts fusaient dès, ce jeudi soir, des hommages chargés d'émotion et des témoignages d'affliction comme jamais n'en connut le monde. La presse est unanime pour reconnaître que «aucun chef d'Etat, résistant politique, prix Nobel ou prisonnier de conscience n'avait encore provoqué à sa mort un tel déferlement de marques d'émotion et de respect provenant des quatre coins de la planète.» (le point.fr) Il n'y a pas que les Sud-Africains qui soient affligés de la mort de cet homme hors normes, c'est toute l'humanité qui pleure Mandela, toute l'humanité qui pleure son Madiba! Depuis qu'il luttait déjà, Mandela était connu, mais dès qu'il sortit de prison, son comportement, sa droiture et sa vision avaient dépassé les frontières de son pays pour faire de lui une icône mondiale, un symbole, une enseigne, une destination pour tous ceux qui veulent s'inspirer et qui s'intéressent un tant soit peu au bien de leurs peuples. Avec le départ de Mandela, c'est le dernier des grands de cette humanité qui s'en va. Après lui, il n'y a certainement plus rien. Adieu Madiba, tu croyais tellement en ton voeu que tu étais prêt à donner ta vie pour le réaliser et tu étais sincère. Dieu t'a donné une vie assez longue pour le réaliser toi-même et pour que tu le vois porter ses fruits. Dors en paix Madiba! Lorsqu'on est ce que tu es et qu'on s'en va, on part en paix, le sourire aux lèvres et le baume au coeur, drainant l'humanité en cortège!