« J'ai lutté contre la domination blanche et j'ai lutté contre la domination noire. Mon idéal le plus cher a été celui d'une société libre et démocratique dans laquelle tous vivraient en harmonie avec des chances égales. J'espère vivre assez longtemps pour l'atteindre. Mais si cela est nécessaire, c'est un idéal pour lequel je suis prêt à mourir. » L'humanité perd l'un des ses grands symboles. Nelson Mandela, héros de la lutte contre l'apartheid et premier Président noir de l'Afrique du Sud, est mort jeudi à l'âge de 95 ans suite à des problèmes pulmonaires, probablement les séquelles d'une tuberculose contractée lors de sa longue détention en prison. « L'ex-président Nelson Mandela nous a quittés (...), il est maintenant en paix. La nation a perdu son fils le plus illustre », a déclaré le président sud-africain Jacob Zuma lors d'une intervention à la télévision. « Notre peuple perd un père », a-t-il souligné en annonçant que les drapeaux seront mis en berne jusqu'aux funérailles prévues le 15 décembre. Absent de la scène politique depuis plusieurs années déjà, Madiba faisait l'objet d'un véritable culte qui dépassait les frontières de son pays. Il restera dans l'histoire pour avoir négocié pied à pied avec le gouvernement de l'apartheid une transition pacifique vers une démocratie multiraciale. Et pour avoir épargné à son peuple une guerre civile qui, au début des années 1990, paraissait difficilement évitable. Ce qui lui vaudra le prix Nobel de la paix en 1993, partagé avec le dernier président de l'apartheid, Frederik de Klerk. Mandela a passé plus de 27 en prison, de 1964 à 1990, devenant le symbole de l'oppression des Noirs Sud-Africains, tandis que le monde entier manifestait et organisait des concerts pour sa libération. Sous les couleurs du Congrès national africain (ANC), Mandela a été le premier Président de consensus de la nouvelle « nation arc-en-ciel », de 1994 à 1999. Nelson Rolihlahla Mandela est né le 18 juillet 1918 dans le petit village de Mvezo, dans le Transkei (sud-est) au sein du clan royal des Thembus, de l'ethnie Xhosa. Si son institutrice l'a nommé Nelson, son père l'avait appelé Rolihlahla (« celui par qui les problèmes arrivent », en xhosa). Et Mandela a très tôt manifesté un esprit rebelle. Etudiant, il est exclu de l'université de Fort Hare après un conflit sur l'élection de représentants des étudiants, avant de fuir sa famille à 22 ans pour échapper à un mariage arrangé. Arrivé à Johannesburg, le bouillant jeune homme prend vraiment la mesure de la ségrégation raciale qui mine son pays. C'est là notamment au contact de Walter Sisulu, qui va devenir son mentor, qu'il se forge une conscience politique. Après avoir fondé la Ligue de la jeunesse de l'ANC, il prend rapidement les rênes du parti, jugé trop mou face à un régime qui a institutionnalisé l'apartheid en 1948. Son parti a été interdit d'activités en 1960. Nelson Mandela entre dans la clandestinité et préside à la création d'une branche armée de l'ANC. Arrêté de nouveau en 1962, il est condamné à la prison à perpétuité deux ans plus tard. En retrait depuis 2010, il était devenu une sorte de héros mythique, intouchable, invoqué tant par le pouvoir que par l'opposition. Il continuera longtemps à sourire chaque jour à ses compatriotes.