Les tentatives d'immolations par le feu se succèdent et se multiplient Ces actes désespérés de la jeunesse algérienne, sont de plus en plus fréquents au point de devenir un phénomène social inquiétant. Un jeune homme qui s'était immolé par le feu jeudi dernier, a succombé à ses brûlures, après cinq jours de souffrance. Les faits remontent il y a une semaine, quand le jeune Hakim, désespéré a escaladé le mur d'enceinte de la sûreté urbaine de la commune d'El-Mahmel, à 7 km à l'est de la ville de Khenchela, et s'est aspergé d'essence avant de craquer le briquet. Deux jours après le décès du jeune Hakim, le commissaire divisionnaire, Abdelouahab Karek, a été destitué de ses fonctions de chef de la sûreté de wilaya de Khenchela, et remplacé par le chef de la sûreté de daïra d'El Khroub (Constantine). Selon la version officielle, le limogeage du commissaire divisionnaire Abdelouahab Karek, s'est fait dans le cadre d'une «mutation routinière». Mais la coïncidence avec le décès du jeune Hakim qui s'est immolé est flagrante. Le commissaire divisionnaire a-t-il commis un quelconque manquement dans le cadre de ses prérogatives dans cette affaire? Dans quelle mesure aurait-il pu éviter ce décès par immolation? Autant de questions qui se posent, mais cela ne résout pas le problème des immolations. A l'évidence, ce phénomène ne se réglera que par des mesures autrement plus efficaces, plus radicales. Elles consistents, entre autres à donner plus de perspectives aux jeunes en les aidant à mieux s'intégrer dans la société, en créant des postes de travail, en les aidant à réaliser leurs projets. Car les tentatives d'immolations par le feu se succèdent et se multiplient de jour en jour, prenant une ampleur assez alarmante. D'ailleurs, elles ne sont pas circonscrites dans une région précise, non, elle surviennent dans les quatre coins du pays, du Nord au Sud, de l'Est à l'Ouest. Fréquemment, on signale quelqu'un, quelque part sur le territoire national, qui est mort ou a tenté de mettre fin à ses jours en s'aspergeant d'essence, puis en se transformant en torche humaine. A croire que l'Etat algérien ne propose rien à sa jeunesse. Or, la vérité est que des milliards de dollars ont été déboursés pour les différents programmes. Selon des chiffres avancés par le ministre des Finances, Karim Djoudi, «pour les années 2011, 2012, 2013, les dispositifs destinés à l'insertion des jeunes diplômés ont bénéficié d'une enveloppe de 600 milliards de DA, générant plus de 2,9 millions d'emplois». Cependant, le malaise persiste chez cette jeunesse. Il y a donc un sérieux problème qui se pose sur le terrain, que ce soit au plan de la mise en valeur des ces programmes ou de la médiatisation des actions menées par l'Etat. Souvent, aux cris de détresse et aux SOS qu'ils lancent, les jeunes ne reçoivent en retour que mutisme frappant, cette jeunesse est délaissée et marginalisée. Ce qui procure chez ces jeunes, un sentiment d'inutilité et «il n'y a pas plus grave que le sentiment d'inutilité», affirme le sociologue et philosophe français, Emile Durkheim. La jeunesse algérienne, désespérée et au bord du gouffre, se livre à des actes totalement extrêmes, et manque de perspectives, notamment l'immigration clandestine (harga), où des milliers de jeunes savent qu'ils ont une chance sur dix d'arriver à bon port, mais ils prennent le risque tout de même de tenter le coup.