Les actions se succèdent, les méthodes diffèrent, mais les raisons sont identiques. D'est en ouest, du nord au sud, la wilaya connaît des actions et la grogne citoyenne prend des proportions depuis le début de cette semaine. En effet et depuis dimanche dernier plusieurs foyers de tension ont été enregistrés à différents coins de la wilaya. A Biraghbalou, à l'extrême Ouest, les citoyens ont recouru une nouvelle fois à la fermeture des deux routes nationales, la RN8 qui relie ce chef-lieu de daïra à Sour El Ghozlane au sud et la RN28 qui assure la liaison avec Aïn Bessem. Tout au long de la journée les manifestants ont obstrué le passage en brûlant des pneus et en barricadant le passage avec divers objets. Les revendications sont multiples et touchent à l'amélioration du cadre de vie. Le gaz de ville, l'éclairage public, le gazonnement de l'unique stade, l'emploi, le transport... sont autant de problèmes brandis par les manifestants. Les mécontents soupçonnent une volonté de laissés-pour-compte. «Des communes qui n'ont pas d'équipes sportives ont bénéficié du gazonnement de leurs stades quand notre équipe, qui évolue en régionale 2, continue dans la boue et la poussière. On n'a pas d'élus auprès de l'instance de la wilaya capables de défendre notre région» commente un sportif de la commune. Plus au nord et dans la daïra de Kadiria, les habitants de plusieurs villages alentours se sont manifestés devant le siège de la daïra. Le chef de daïra est chargé de deux circonscriptions (intérimaire à Bouira et chef à Kadiria). Une grande ressemblance caractérise leurs revendications avec celles soulevées ailleurs. «Le silence des autorités et leur entêtement à ne pas régler les problèmes nous obligent à recourir à des actions coups de poing. Même si les victimes restent des citoyens comme nous, des usagers, on n'a pas le choix quand votre APC est bloquée depuis plusieurs mois sans qu'aucun responsable ne daigne lever le doigt» pense un participant aux manifestations de Biraghbalou. A l'est de la wilaya et plus précisément dans la commune d'Ahnif, les travailleurs de l'unité de production de plâtre de la Colpa, filiale du groupe français Lafarge, ont fermé l'accès aux camions. La revendication brandie est inhérente au refus des habitants de la région de l'exploitation d'un second gisement. Le problème qui date de plusieurs années revient en cette fin d'année. Les habitants d'Ahnif ont de tout temps refusé l'extraction au motif que l'usine est domiciliée dans la commune d'El Adjiba. Les habitants avaient alors conditionné la mise en place de la carrière à l'obligation de recruter les jeunes de la région. Dimanche dernier, les choses sont revenues à leur point de départ avec la décision du groupe d'ouvrir une nouvelle carrière. Plus à l'Est encore sur les limites avec la wilaya de Béjaïa, les habitants de Toghza, commune de Chorfa, ont organisé un sit-in devant le siège de la commune pour exprimer plusieurs demandes. Une antenne communale est plus que nécessaire, quand on sait qu'entre le siège et les habitants de ce hameau il y a plusieurs kilomètres. Toutes ces actions succèdent à la venue, en visite, du ministre Délégué auprès du Premier ministre chargé de la Réforme administrative. M Ghazi a été accueilli et est reparti plus que satisfait. Normale, la visite a été soigneusement préparée, le ministre a eu à voir les lieux les plus chics, à rencontrer des personnes ramenées pour la circonstance... il a vécu une belle fiction. A. M.