Le Café littéraire de Béjaïa, espace privilégié de rencontres entre écrivains et public, a soufflé en ce mois de décembre sa 5e bougie. Fort symbolique, notamment en termes de bilan d'étape et de perspectives, L'événement n'a pas été fêté, malgré les succès glanés durant son quinquennat. Pour marquer le coup, ses animateurs ont préféré célébrer le moment, en convoquant deux nouvelles rencontres consacrées à des auteurs en herbe, en l'occurrence le journaliste Hakim Laâlam et le linguiste Mohand Mahrazi, intervenus distinctement dans des regis-tres qui n'ont rien d'analogique. En fait, la démarche résume, à elle seule, la marque de fabrique du club, qui outre la sobriété et l'énergie anonyme qui l'animent, brasse large, en offrant depuis sa fondation en 2008, des choix de titres et d'auteurs diversifiés et éclectiques, avec comme point focal, le souci de ne pas privilégier une forme esthétique sur une autre, en s'ouvrant sur tous les genres, qu'il s'agisse d'art, de lettres, de sciences ou de politique. «C'est une tribune ouverte, un lieu convivial de débat et d'échange libre», souligne Kader Sadji, ancien journaliste et membre fondateur qui se réjouit de cette ouverture et de son effet sur le public, «de plus en plus nombreux, de plus en plus fidèle et de plus en plus exigeant», explique-t-il. Organisé de façon épisodique, sans régularité précise, car décidé en fonction de la disponibilité de ses membres et des invités, le Café littéraire reçoit des auteurs algériens ou étrangers, connus ou en quête de reconnaissance, pour débattre et parler en profondeur de leurs oeuvres, de leur travail et de leurs projets. L'occasion y offre également l'opportunité de poursuivre les échanges en tête-à-tête dans les coulisses et autour d'un café, après le débat public et les séances de vente de livres et de dédicaces. Ce qui en rajoute à la convivialité des lieux et au rapprochement amicaux des uns aux autres. Près d'une centaine d'auteurs se sont prêtés au jeu, dont des sommités, à l'instar de Rachid Boudjedra, Azzouz Beggag, Daniel Bougnou, José Lancini, Ali Haroun, Tassaâdit Yacine, Wassila Tamzali, Djamila Belahbib, Belaïd Abane, Amine Zaoui, pour n'en citer que ceux-là, dont le passage a suscité, à chaque fois, des engouements populaires inattendus. La grande salle de spectacles du théâtre régional de Béjaïa s'est avérée, à ce titre, exiguë pour contenir tout le public, venu assister à la prestation de Ali Haroun, autour de son livre L'été de la discorde, ou encore celle de Amine Zaoui, présentant sa Vierge impure. Des dizaines de personnes se sont vu obligées d'en suivre les débats à partir des coulisses, a-t-on constaté. Et le cas a également valu pour Daniel Bougnou, traitant des oeuvres communes du poète Jean-Louis Aragon et du chanteur Jean Ferrat ou Djamila Belahbib, présentant sa trilogie d'ouvrages autour de l'islamisme. A l'évidence «Le Café» a pris du galon et est devenu un événement culturel qui compte. Créé initialement par quelques journalistes et passionnés de la faculté des lettres de l'Université de Béjaïa pour remplir un vide culturel que d'aucuns qualifiaient, alors, d'escapade littéraire, il s'est mu rapidement en voyage dans le monde de l'écriture, si bien que pour ses animateurs, l'exigence désormais, est de s'adapter à cette transformation pour éviter de faire du surplace. D'où l'idée déjà en route d'étoffer la composante humaine du collectif animateur, par l'inclusion en son sein de nouveaux profils et talents et, surtout, la restructuration de son mode opératoire.