Le retour du crédit à la consommation induira la culture de la gestion du budget de la famille Désormais acquis, le crédit à la consommation va booster la production nationale. Le patron de la Centrale syndicale, Abdelmadjid Sidi Saïd, jubile. Et vu la qualité de son butin, il a raison. Non seulement il vient d'arracher un acquis capital pour les ménages, le crédit à la consommation, mais aussi il a réussi le pari d'établir un consensus gouvernement-patronat autour des 25 propositions que l'Ugta a faites durant la dernière tripartite. Pressé par le temps et les événements, le Premier ministre voulait aller vite. «Faites-moi des propositions claires, applicables sur le terrain et surtout sans trop de philosophie», a-t-il recommandé aux partenaire sociaux. C'est chose faite du côté de l'Ugta. De la part du gouvernement aussi puisque le crédit à la consommation sera rétabli. Ce n'est pas un mince acquis. Cette mesure va booster la production nationale, encourager la consommation et surtout redonner de l'espoir aux ménages algériens. Pour ce faire, la Centrale syndicale a accompagné cette proposition d'un mode opératoire précis et détaillé. Il va de la préparation d'un décret exécutif relatif à la création du label «Made in Algeria» qui sera la référence à l'octroi des crédits à la consommation. Le lancement d'une opération pilote avec les SGP, mener une campagne de communication qui va cibler, aussi bien le consommateur, que les entreprises nationales ainsi que l'ouverture d'un compte d'affectation spécial intitulé: «Fonds de promotion de la production nationale» qui servira à prendre en charge les frais de mise à niveau de ce programme. De même qu'il a été décidé d'instituer un conseil consultatif de la production nationale et de relever les sanctions contre la contrefaçon pour lutter contre l'informel. Dans ce sillage, les propositions de l'Ugta, recommandent un renforcement du contrôle au niveau des frontières ainsi que l'implication des associations des consommateurs et des organisations patronales. Fort de ce consensus, Sidi Saïd a également l'aval des banques, voire même du FMI pour ces actions visant à booster la consommation. Dans l'une de ses publications récentes, la Banque d'Algérie relève que la faiblesse des crédits accordés aux ménages est l'un des aspects les plus frappants de la non-performance du secteur bancaire. La Banque d'Algérie note à cet effet que «l'importance accrue des dépôts en dinars des ménages, alimentée par l'augmentation des revenus salariaux et des transferts budgétaires, contraste avec le niveau des crédits bancaires qui leur sont accordés». Comme premier impact, la mesure aura l'effet d'un électrochoc au vu de ses répercutions directes et immédiates sur l'économie nationale. A l'évidence, qui dit crédit signifie consommation, puis exigence de qualité. La seconde répercussion sera sur l'emploi puisque les entreprises ainsi soumises à de fortes commandes exprimeront des besoins certains de main-d'oeuvre et que cherche le peuple? Selon une évaluation faite par l'Ugta, cette mesure va à coup sûr amorcer un retour du secteur du textile en Algérie. Niche économique en jachère depuis le début des années 1990 avec «l'invasion de la friperie chinoise», l'industrie du textile offre pourtant des potentialités insoupçonnées en Algérie. Une main-d'oeuvre qualifiée et très peu coûteuse, une proximité avec le marché européen, un marché interne florissant et de grandes perspectives pour une industrie synthétique à base d'hydrocarbures. De même que le retour du crédit à la consommation induira un élément important: la culture de la gestion du budget de la famille. Enfin, la mesure est une manière indirecte de consolider le pouvoir d'achat. Le rétablissement du crédit à la consommation a été le cheval de bataille de l'Ugta depuis 1996. Les 25 propositions accompagnées de quelque 135 mesures qui sont actuellement sur le bureau du Premier ministre qui en fera une synthèse avec les propositions du patronat et celle du ministère du Commerce qui sont au nombre de 28. La relance de ce crédit permettra de booster non seulement les entreprises nationales, mais aussi les entreprises étrangères installées en Algérie. Elle seront amenées à pousser leur taux d'intégration à 40% pour bénéficier de ce boum de consommation qui s'annonce. Au crédit à la consommation, l'Ugta rajoute un autre bémol à l'économie qui consiste à donner la priorité à la préférence nationale. Si bien que la Centrale syndicale n'a pas oublié de souligner dans ses propositions l'introduction d'une obligation «de ne recourir au produit importé que si le produit national équivalent est disponible et ne répond pas aux normes algériennes».