L'interwilayas se réunira le 6 mai prochain pour décider des suites à donner à l'appel au dialogue du chef de l'Etat. La Kabylie vient de célé-brer le double anniversaire du Printemps noir et du Printemps amazigh. Une célébration qui reste de loin comparable à celles vécues jusque-là. A ce titre, elle est porteuse d'un grand nombre d'enseignements que tout un chacun se doit de tirer, à commencer par les délégués du Mouvement citoyen qui sont maîtres dans la région depuis trois ans. Au-delà du devoir de mémoire à l'égard de toutes les victimes d'un long combat pour les libertés démocratiques et identitaires, l'occasion de ce 24e anniversaire a constitué une halte nécessaire dont le point reste à faire dans les tout prochains jours. Prendre la mesure des acquis et donner au MC de nouveaux horizons constituent désormais la préoccupation principale des délégués des archs, du moins ceux qui ont l'habitude de porter la voix du mouvement. Ces derniers donnent pour l'heure l'impression de prendre conscience d'une situation qui exige d'eux d'engager une réflexion approfondie. Dans une région sinistrée, le Mouvement citoyen commence à s'essouffler. La plate-forme d'El-Kseur se voit bloquée par une passion irréelle liée à l'exigence de l'officialisation d'une langue, à laquelle beaucoup ne croient pas, du moins dans l'immédiat. Autant de considérations sur lesquelles les délégués semblent vouloir se pencher pour mieux appréhender l'avenir immédiat. La population qui a eu à payer un lourd tribut ces trois années s'est comportée différemment lors de la célébration du Printemps berbère. Tout en restant fidèle au combat qu'elle a mené et assumé jusque-là, la population de Kabylie a voulu, à travers ce comportement, délivrer un message des plus clairs signifiant qu'elle ne supporte plus cette confusion, ces divisions et tergiversations qui caractérisent son combat. Lasse et désillusionnée, la population n'est plus prête à descendre dans la rue comme elle le faisait dans le passé. Elle aspire désormais à une vie normale, loin du spectre de la violence. Ce message semble arriver à destination en suscitant matière à débats et réflexion chez les délégués sur lesquels reposent aussi bien le règlement de la crise que le bien-être au quotidien des citoyens. Ce déclic salutaire est donc provoqué, sommes-nous tentés de croire, par une prise de conscience qui semble animer les délégués dont le discours a baissé de beaucoup dans la radicalisation. En l'absence d'échéance à même de remobiliser, en dehors de l'épisode du dialogue, les archs savent qu'un statu quo ne pourrait que leur être fatal d'autant plus que les partis politiques n'attendent que la moindre occasion pour reconquérir le terrain qui est le leur. Déjà, au lendemain du scrutin de la présidentielle, les déclarations des animateurs étaient toutes empreintes d'une volonté d'aller vers un bilan introspectif. Farès Oudjedi déclarait sur les colonnes de L'Expression le souhait des archs de «capitaliser l'adhésion citoyenne pour faire un saut qualitatif dans le combat politique» en précisant l'intention des archs de «créer des passerelles vers tous les segments dynamiques de la société». Une déclaration qui sonne comme une volonté de tout revoir. Mais pour l'heure, les regards restent focalisés sur le dialogue qui n'est désormais plus un tabou. L'accueil réservé à l'appel du président de la République réitéré lors de son discours d'investiture, laisse présager des jours meilleurs même si quelques appréhensions subsistent encore dans l'esprit des délégués. Des appréhensions liées à l'officialisation de la langue amazighe que le chef du gouvernement, reconduit dans ses fonctions, ne manquera pas de clarifier dans son discours devant l'APN. Pour peu que l'option référendaire soit évacuée, les délégués de l'interwilayas sont prêts à renouer les contacts pour aboutir à un accord global de mise en oeuvre des revendications échelonné dans le temps. L'engagement pour l'officialisation de tamazight dans le temps pourrait dépassionner les débats qui l'ont entouré jusque-là.