Les archs ont été les premiers à se mettre de la partie. Le coup d'envoi des festivités de la célébration du double anniversaire du Printemps noir et du Printemps amazigh, deux dates sacrées en Kabylie, a été donné jeudi sur les hauteurs de l'Akfadou par la CIC Béjaïa. Une conférence-débat y a été animée par Bezza Benmansour et Abdenour Abdeslam, en présence des citoyens de la région. Une présence qui témoigne de la mobilisation citoyenne à ce double rendez-vous commémoratif, parti pour se dérouler dans un franc climat de sérénité, voire de stabilité, vu que ce qui était craint jusque-là, à savoir la rupture du dialogue, est définitivement écarté. Ce qui augure, faut-il le relever, d'un printemps qui sera dominé par la sagesse et l'espoir. Les archs, premier partenaire de l'événement, ont été les premiers à se mettre, donc, de la partie. Le dernier conclave de l'interwilayas, tenu ce week-end à M'kira, a entériné un programme commémoratif, digne de ce nom, pour le Printemps noir. La plénière avait adopté, sans grande difficulté, une batterie d'actions pour les journées des 18, 19 20 et 22 avril prochains. Des actions qui diffèrent à bien des égards de celles menées par le Mouvement citoyen depuis avril 2001. Celles qui prennent forme depuis jeudi témoignent d'une grande maturité politique chez les initiateurs, même si, faut-il le reconnaître, elles font désormais partie des coutumes commémoratives en Kabylie: conférences-débat, recueillement, baptisation, inauguration, rassemblements et marches populaires (Béjaïa en connaîtra trois) et une grève générale. Bref, un programme complet et consistant. Les archs, «détenteurs» de la légitimité historique sur le Printemps noir, ont profité pour expliquer la situation du dialogue qui, faut-il le rappeler, reprendra le 25 avril. C'est ce qu'a fait d'ailleurs et de belle manière Bezza Benmansour successivement lors d'une conférence-débat animée à Akfadou et Seddouk, et d'un meeting populaire à Semaoun, le jeudi. Le conférencier, membre de la délégation en pourparlers avec le gouvernement, n'a pas raté l'occasion pour revenir dans le détail sur le parcours. Un bilan que semble apprécier à sa juste valeur une assistance qui a, toutefois, émis quelques critiques vite battues en brèche par le conférencier. Abdeslam Abdenour, l'autre conférencier invité à Akfadou, a tenté d'expliquer la primauté de «takbaylit» dans son sens d'honneur, sur la religion en se basant sur les dires de Cheikh Mohand. Le parcours militant de l'écrivain Mammeri et son évolution dans le système de la pensée et langue uniques étaient aussi abordés. A Semaoun, les membres de la délégation représentant Béjaïa dans le dialogue se sont adressés à une foule nombreuse, présente pour marquer son attachement à ceux qui privilégiaient la voix de la sagesse pour régler les conflits. Ce qui est réconfortant, c'est de savoir que le mouvement associatif de la région est, cette année encore, à l'avant-garde des festivités commémoratives. Lesquelles festivités suscitent déjà un engouement. Des dizaines d'associations sont aussi impliquées dans un large programme dédié à l'événement d'Avril. La Maison de la culture Taous-Amrouche de Béjaïa s'est également mobilisée pour l'événement avec un programme assez riche. Les citoyens, eux, n'en demandent pas plus, pourvu que tout se déroule dans le calme et loin des agitations qui ont fortement secoué la région. Contestation par-ci, culture et identité par-là, la Kabylie se réanime à l'occasion de ce double anniversaire.