A chaque pénurie, il ressort aux Algériens la même rengaine et le disque a fini par se rayer Les arguments du ministre du Commerce sont irrecevables puisque le problème n'est pas le coût de la poudre de lait sur le marché international. Il ne faut pas attendre la réaction des partis politiques ou l'alerte des spécialistes pour comprendre que la pénurie de lait met réellement en péril la stabilité sociale. Oui! Cette pénurie qui intervient à quelques mois d'une échéance électorale déterminante, l'élection présidentielle, menace la stabilité du pays. On est en droit alors de nous demander à quoi joue le ministre du Commerce Mustapha Benbada? A chaque pénurie, il ressort aux Algériens la même rengaine et le disque a fini par se rayer. En poste depuis 2008, M.Benbada s'avère aujourd'hui incapable d'assurer un sachet de lait aux citoyens. La question de disponibilité du lait en sachet revient de façon récurrente et les arguments avancés par le ministre justifiant cette pénurie sont irrecevables. Il a soutenu que cette perturbation, accompagnée d'une nette hausse de plusieurs produits laitiers (yaourts, fromages, lait écrémé non subventionné), n'est pas due au manque de la matière première, mais essentiellement à l'impact de la hausse des prix de la poudre de lait sur le marché international. En réalité, la pénurie qui sévit actuellement sur le marché n'est pas liée au pouvoir d'achat de l'Etat. L'Algérie a les moyens d'offrir du lait à ses citoyens quel que soit son prix sur le marché international. C'est un engagement du gouvernement. Le vrai problème est dans la prévision. Le ministère du Commerce connaît les besoins exacts du pays en lait. Il avait, de ce fait, le devoir de prévision sur cet aliment de large consommation. Cela n'a pas été fait. Ne dit-on pas que gérer c'est prévoir? Sommes-nous devant un problème d'incompétence de gestion? Atuellement, il existe 175 laiteries publiques et privées qui produisent annuellement environ 1,5 milliard de litres de lait parsteurisé, selon l'Office national interprofessionnel du lait et des produits laitiers (Onil). La crise est d'autant plus grave qu' elle rappelle le spectre des émeutes de l'huile et du sucre de janvier 2011 qui ont failli basculer le pays dans des lendemains incertains. Et la situation risque de se corser avec la grève annoncée par les travailleurs. Comme mesure palliative, le ministre a annoncé, jeudi dernier, qu'une augmentation de la production de lait pasteurisé en sachet est prévue dans certaines laiteries, notamment dans les régions qui ont connu une perturbation de la distribution. Par ailleurs, M.Benbada s'offre même le luxe de contredire les propos du Premier ministre en soulignant que le remplacement des sachets en plastique par des boîtes en carton (brique) pour ce produit était impossible du point de vue pratique dès lors que l'opération nécessite, a-t-il dit, du temps et des équipements techniques adaptés. Or, le démenti cinglant lui est venu des professionnels de la filière lait et des industriels. Le passage à l'emballage en carton du lait pasteurisé sera «positif» pour la santé des consommateurs et pour l'environnement soulignent-ils. Il y a une semaine, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, avait instruit les transformateurs de lait de procéder à la suppression «progressive» de l'emballage en plastique et le remplacer par le conditionnement en carton. Il avait accordé à l'ensemble des laiteries un délai de trois mois pour entamer le processus de suppression du sachet de lait. Pour le Conseil interprofessionnel de la filière lait (CIL), la décision d'introduire le conditionnement en carton est «bonne» puisqu'elle permettra, notamment de proposer un produit meilleur en termes de qualité et d'hygiène. «Le CIL et presque toutes les unités de transformation du lait sont favorables au changement du conditionnement», a affirmé, Mahmoud Benchekour, président du CIL, une instance chargée de contribuer au développement de la production locale du lait et des produits laitiers. Cette réaction vient après que Sellal ait accordé un délai de trois mois aux producteurs de lait pour remplacer de manière progressive les sachets en plastique par des boîtes en carton. Il avait souligné que «le remplacement de l'emballage en plastique par le conditionnement en carton hermétique permettra de fournir au citoyen un produit de meilleure qualité et de préserver l'environnement».