Plus aucun pays au monde pour suivre l'Etat hébreu. Pas même ses alliés «inconditionnels» par le passé. Hier les ambassadeurs des pays européens (France, Grande-Bretagne, Italie et Espagne) ont été convoqués par le ministère israélien des Affaires étrangères. Pourquoi? Tel-Aviv n'a pas supporté que ses ambassadeurs aient été convoqués la veille par ces mêmes pays européens. Ils l'avaient été suite au lancement, le 10 janvier dernier, par le gouvernement Netanyahu, de la construction de 1400 logements en territoires palestiniens. Cette intention de torpiller les négociations de paix en cours, affichée par Israël est d'une arrogance qu'aucun pays au monde ne peut supporter. Qu'on en juge: «La position partiale qu'ils (les pays européens) adoptent de manière constante contre Israël et en faveur des Palestiniens est inacceptable et donne le sentiment qu'ils cherchent à faire peser la faute sur Israël» a déclaré le ministre israélien des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, pour expliquer la convocation des ambassadeurs européens. Il en faut de l'aplomb à un agresseur qui se fait passer pour une victime. D'autant que ce n'est pas la première tentative de Tel-Aviv de vouloir saboter les négociations en cours par l'implantation de nouvelles colonies. En décembre dernier, la construction de 3000 logements, toujours dans les territoires palestiniens, avait déjà été lancée. La France et la Grande-Bretagne avaient, là aussi, convoqué les ambassadeurs israéliens. Ce qui donne à ces convocations un aspect plutôt folklorique. Mais là où les choses se corsent, c'est lorsque les dirigeants israéliens essayent de faire la même chose avec les Etats-Unis. Mardi dernier, le ministre israélien de la Défense, Moshe Yaalon, n'avait pas hésité à s'en prendre carrément à John Kerry, le secrétaire d'Etat américain qui pilote les négociations de paix. Il l'a accusé d'avoir «une obsession incompréhensible et une sorte de messianisme» dans sa recherche d'un accord de paix israélo-palestinien. Ce qui revient à dire que Kerry est un malade qui se prend pour un messie. Par conséquent, il ne peut être question de paix. Méprisant, le ministre israélien avait ajouté à l'adresse de Kerry: «La seule chose susceptible de nous sauver est que John Kerry remporte le prix Nobel de la paix et nous laisse tranquilles». Ce qui, du coup, trahit, involontairement, comment et par qui est attribué ce fameux prix Nobel. Bien sûr, le département d'Etat américain a réagi. Il a considéré les propos de Yaalon «d'insultants». Lequel Yaalon a fini par s'excuser pressé par les Israéliens conscients du danger à se mettre la planète sur le dos. Comme Shimon Peres, le président israélien qui dénonce le ton «méprisant» des hommes politiques de son pays envers les Etats-Unis. Ou encore comme Tzipi Livni, la ministre israélienne de la Justice, pour qui la création «de deux Etats pour deux peuples» est dans l'intérêt d'Israël. Le problème en Israël est que les «faucons» sont plus nombreux que les «colombes». Mais ce qui a fait sortir de leurs gonds les «faucons», c'est la détermination d'Obama d'aboutir à un accord de paix. Un Obama qui a tiré les leçons des échecs de ses prédécesseurs. Le dernier ayant été celui de Bush, en 2008 à Annapolis. Une année avant la fin de son mandat. C'est pourquoi Obama s'y est pris dès son deuxième mandat. Il réussit si bien, qu'il a pu, face aux manoeuvres dilatoires d'Israël, imposer un accord-cadre et un délai pour le faire aboutir, fixé à avril prochain. Les dirigeants israéliens ont été surpris par l'habileté et les capacités d'Obama. Ils n'ont pas entendu Shimon Peres leur dire à la radio, le 29 septembre dernier: «D'autres ont aussi un cerveau pour réfléchir, pas seulement nous.» En mégalos incurables, ils se mettent en quarantaine!