«L'histoire de l'Algérie à travers ses monuments», est le thème d'une conférence, animée jeudi. Dans le cadre de la célébration du mois du patrimoine qui commence un 18 avril, Journée internationale du monument au 18 mai, consacrée Journée internationale du musée, une conférence animée par le spécialiste en archéologie Abderrahmane Khelifa s'est tenue jeudi dernier au sein de la galerie d'art Arts en liberté, récemment ouverte à Kouba. Son thème : L'histoire de l'Algérie à travers ses monuments. Appuyé de projection de diapositives, M.Khelifa s'est attelé à nous démontrer que l'Algérie remonte à plus de 2 millions d'années. En atteste toutes ces traces ou vestiges civilisationnels qui témoignent de notre riche passé ou histoire. Un aperçu de ce patrimoine «bâti» nous a été donné à voir. A commencer d'abord par les hautes plaines sétifiennes dans la région d'Aïn Hnech où on a trouvé des niveaux qui remontent à près de 2 millions d'années. Lieux où l'on a découvert des outils. «Preuve s'il en est, affirme Khelifa, que l'Algérie est le pays le plus anciennement peuplé du Maghreb». Autre image de paysage, le Tassili du Hoggar ou le Tassili Najjer, où l'on a retrouvé dans ces zones des bifaces qui remontent à 500 millions d'années avant Jésus-Christ. On ne peut oublier bien sûr, les fresques du Tassili, «une des merveilles de notre siècle, toutes ces peintures et gravures portées à notre connaissance par Loth au musée de l'homme», nous indique-t-on. Il y a aussi la région de Tarf à El Kala dont les vestiges et stèles datent de l'époque numide, «le père cher qui est le substrat de ce pays». La présence romaine en Algérie n'est pas en reste. Son existence est «aisément discernable», notamment à travers plusieurs tombaux dont celui de Medrassen, où est enterré Massinissa, mort en 148 avant l'ère chrétienne, le tombeau du Khroub, la tenue de César que l'on peut admirer au musée de Cherchell. Aussi, le tombeau de Cléopâtre épouse de Juba II qui date du 1er siècle (avant Jésus-Christ), aussi le portrait de Juba II devenu roi de «Yol», autrement dit de Cherchell à l'âge de 4 ans. On peut également repérer les traces de passage des Romains dans la région de Djamila où l'on peut voir l'arc de Caracalla, à Tipasa... Evoquant le théâtre de Timgad qualifié de «Pompéi de l'Afrique» M.Khelifa dénonce le mauvais état dans lequel il se trouve, «ses murs, ses pierres sont mutilés à cause du festival qui se tient chaque année». Evoquant la mauvaise prise en charge par nos institutions publiques de notre patrimoine, M.Khelifa affirme clairement que ce dernier est en perpétuel dilapidation, si ce n'est en démolition ou en mutilation. «La mosquée de Sidi Okba, prend-il comme exemple, a été complètement défigurée par le ministère des Affaires religieuses.» Il parlera également de la beauté du M'zab et ses sites qui datent du 13e siècle, du Ksar de Taghit, des routes de l'or et de la nécessité de restaurer les centaines de ksours. «Pour certains, le patrimoine est considéré comme une idôlatrerie, pour d'autres comme un luxe et il dérange pour le reste, car il nous ramène à une histoire dont on ne veut pas faire cas», relève avec regret M. Khelifa. Pour lui, ceci doit nous inciter à réfléchir sur cette notion de patrimoine et son importance dans la préservation de notre mémoire interrogée de différentes façons, notamment à travers le manuscrit. Et de confier : «J'ai rencontré pas mal de décideurs depuis ma première fouille en juin 1965, qui me demandaient : «à quoi ça sert?» Il y a un problème d'idéologie du fait de ne pas parler de la période avant l'islam». Pour M.Khelifa, il est clair qu'on ne peut asseoir notre identité sans recourir à notre passé. «On parle tout le temps de réécrire l'histoire et puis on la démolit», dit-il et de conclure : «le patrimoine, c'est ce que nous ont laissé nos ancêtres...»