L'ancien Ballon d'or parle de la sélection allemande Longtemps, Lothar Matthäus a incarné à la perfection les valeurs traditionnelles du football allemand: dynamisme, puissance et rage de vaincre. Il restera en outre comme l'homme du troisième sacre mondial de la RFA. Il y a 24 ans, l'ancien milieu de terrain brandissait le trophée mondial à Rome. Aujourd'hui âgé de 52 ans, l'international le plus capé de l'histoire de la Mannschaft (150 sélections) en reste son premier supporter. Selon lui, les Allemands peuvent s'imposer au Brésil, à condition de conjuguer habilement le passé, le présent et l'avenir. FIFA.com: Lothar Matthäus, qu'est-ce qui vous vient à l'esprit lorsque vous entendez prononcer le mot «Brésil»? Lothar Matthäus: La joie de vivre, la samba, Copacabana et les churrascarias (restaurants à viande)! Les Brésiliens respirent la joie de vivre. Je me suis rendu là-bas à de nombreuses reprises, pour des matchs internationaux mais aussi en tant qu'entraîneur. J'ai travaillé deux mois et demi à Curitiba. Ce pays tient une place à part dans mon coeur. Parlons un peu de l'Allemagne. Quel regard portez-vous sur les performances des hommes de Joachim Löw pendant les qualifications? Je leur mettrais 10 sur 10, malgré le nul 4:4 contre la Suède. C'était un match haut en couleur, dont on n'a pas fini de parler aujourd'hui. Quoi qu'il en soit, l'Allemagne s'est aisément qualifiée. Nous disposons d'une excellente équipe. Nous avons dû faire face à de nombreuses blessures, sans pour autant que les résultats s'en ressentent. Le groupe est étoffé et équilibré. La Mannschaft fait donc logiquement partie des favoris. Sur le plan offensif, tout va bien. En revanche, on note quelques lacunes en défense. Comment l'expliquez-vous? Effectivement, il nous reste quelques progrès à accomplir dans ce domaine. Cela dit, il y a beaucoup de points positifs à retirer du match face aux Suédois. Nous avons clairement pris les choses en main et nous avons mené 4:0. À partir de ce moment-là, nous avons cessé de jouer. Ce sont des choses qui arrivent. C'est aussi ce qui fait la beauté du football. C'est d'autant plus surprenant que l'Allemagne n'est pas coutumière de tels écarts. Cela prouve que personne n'est parfait. Nous encaissons beaucoup de buts, ce qui fait dire que nous avons des problèmes en défense. Mais les premiers défenseurs ce sont les attaquants. Le replacement des joueurs à vocation offensive laisse parfois à désirer. C'est la raison pour laquelle notre défense se retrouve parfois en difficulté. Pour autant, l'Allemagne a-t-elle le potentiel pour remporter la Coupe du Monde? Sans aucun doute, c'est le moment ou jamais! Nous avons obtenu de bons résultats ces dernières années: deux demi-finales de Coupe du Monde, une finale et une demi-finale de l'Euro. À chaque fois, nous sommes passés tout près de l'exploit. Ces échecs ont contribué à renforcer l'équipe, qui me semble plus compacte que jamais. Qui sont les principaux favoris? Le Brésil et l'Allemagne partiront avec un temps d'avance, suivis de près par l'Espagne. Les Brésiliens ont prouvé à l'occasion de la Coupe des Confédérations 2013 qu'ils savaient gérer la pression inhérente aux grands rendez-vous à domicile. Les Allemands sont constants au plus haut niveau depuis plusieurs années. Les Espagnols ont remporté les trois dernières compétitions auxquelles ils ont participé, mais leur jeu est moins chatoyant aujourd'hui. C'est la raison pour laquelle, selon moi, l'Allemagne a de meilleures chances de l'emporter. L'Allemagne possède-t-elle cette mentalité de vainqueur qui a fait votre succès? Cela fait partie des critiques que j'ai émises lors des derniers tournois. Dans les moments décisifs, il nous a manqué un joueur capable de se surpasser pour gagner. Bien entendu, tout le monde veut la victoire. Chacun donne le meilleur de lui-même. Mais de temps en temps, il faut être capable de repousser ses limites, d'inventer un geste auquel l'adversaire ne s'attend pas. Il nous manque quelqu'un comme ça. Si un joueur avait pris les choses en main contre l'Italie à l'Euro 2012, nous l'aurions peut-être emporté. On dit toujours qu'il faut apprendre de ses erreurs pour progresser. Si cette équipe progresse encore, elle sera championne du monde au Brésil!