La salle Ibn Zeydoun a vécu avant-hier, une soirée musicale andalouse de grande facture organisée par l'Office des droits d'auteurs et voisins (Onda) sous le haut patronage du ministère de la Culture, pour célébrer la sortie du coffret des oeuvres musicales de l'association Nassim El-Andalous. Malgré l'organisation dans le même espace du Festival du film européen à la filmothèque Zinet, et la diffusion au même moment du match de la finale de la coupe d'Afrique de handball, qui a tenu en haleine tous les supporters algériens, la salle Ibn Zeydoun était pleine de mélomanes pour répondre présent à cet événement national et artistique unique. Aux côtés de la ministre, Mme Khalida Toumi, de la moudjahida Zohra Drif, du directeur général de l'Onda, M. Sami Bencheikh et des principaux acteurs de la musique andalouse à l'image de Abdelhakim Méziani, la soirée a débuté par un programme très riche en commençant par El Insiraf de la Nouba El hsin, suivi à la deuxième partie par trois inkilab, avant de présenter l'Inkilab Sahli et du hawzi dans la troisième partie du programme. A la fin de la soirée, les mélomanes et les puristes de cette musique traditionnelle raffinée étaient très gâtés par la maîtrise technique et l'interprétation réussie du Mdih Teib el qilb ou daho du regretté maître cheikh Sidi Saïd El Mendaci. Il faut dire que ce concert a été programmé pour célébrer un événement majeur: la sortie d'un coffret de 11 CD représentant autant de noubas enregistrées tout au long du parcours de l'association Nassim El Andalous d'Oran. L'édition de ce coffret par l'Onda vient à point nommé récompenser la riche carrière de cette association école, qui en est à de nombreuses générations de musiciens et solistes, dont certains, de véritables virtuoses, évoluent encore au sein de cette formation. Musique savante, musique citadine, l'association, Nassim El Andalous, nous offre ce raffinement musical, évoluant en suites harmonieuses, avec el istikhbarate, M'cederate, Btaïhis et autres Insirafate, de notre patrimoine musical andalou. L'édition de ce coffret vient s'ajouter aux collections mises en place par l'Onda et le ministère de la Culture dans le cadre de la préservation et la sauvegarde du patrimoine culturel traditionnel algérien. C'est en 1969 que des mélomanes universitaires curieux et avides d'explorer leur héritage musical traditionnel, ont créé l'association Nassim El-Andalous. Les jeunes universitaires et étudiants issus du conservatoire municipal d'Oran, ont baigné dans une atmosphère musicale traditionnelle, grâce aux multiples concerts de musique andalouse dans différents cercles créés par des maîtres de l'école de Tlemcen venus s'installer à Oran au lendemain de l'indépendance. Parmi ces maîtres, cheikh Mahmoud Sari fils de cheikh Larbi Bensari, cheikh Abderrahmane Sekkal, puis cheikh Bachir Zerrouki furent les premiers initiateurs de ces jeunes mélomanes. Les sources d'apprentissage grandissaient de jour en jour avec l'acquisition continuelle de plusieurs bandes audio de cheikh Larbi et ses disciples, puis un enseignement direct par le prodigieux grand maître cheikh Redouane Sari. Cette troupe avait le devoir de suivre le sillage de ces grands maîtres. Nassim El-Andalous (NEA) a oeuvré depuis, en affrontant constamment les difficultés réelles d'exiguïté de locaux temporaires combinés aux maigres ressources financières. Maintenir une fonctionnalité par des enseignants philanthropes volontaires, sans aucun budget pour une association culturelle sérieuse qui a assuré l'enseignement à des milliers d'élèves (plus de 7000) est un véritable tour de force laissant l'imagination bien perplexe, devant l'accomplissement et les résultats d'un travail continu de longue haleine. Le Prix spécial à la fête de la Jeunesse en juillet 1971 introduisit l'association Nassim El-Andalous sur la scène de la grande famille algérienne de musique andalouse. Sous l'égide du ministère de la Culture, la consécration fut le 3e Prix décroché au 3e Festival national de musique andalouse à Alger. Après avoir acquis un maximum d'enseignements auprès des différents maîtres, l'association Nassim El Andalous s'est tracé une ligne de conduite viable et valable jusqu'à nos jours, à savoir remettre à jour tous les chants en voie de disparition, de les interpréter scrupuleusement selon la tradition de cheikh Larbi Bensari et surtout les transmettre aux générations montantes.