S'il y avait la «hiba» de l'Etat et de la fonction de Président, on n'aurait jamais assisté à une pareille absurdité Ils sont 85 postulants à la candidature, dont 18 présidents de partis politiques, à avoir retiré les formulaires de souscription. Il paraît qu'ils sont nombreux, et même très nombreux à vouloir devenir notre président. Si, d'un côté, cela peut présenter un signe d'espoir de rupture par rapport à l'ex-candidat unique du parti, plus unique encore ou par rapport au candidat du système, cela n'empêche pas néanmoins de poser, d'un autre côté, de sérieuses questions. La première est relative au nombre en soi. Selon le directeur général des libertés publiques et des affaires juridiques au ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales, Mohamed Talbi, ils sont 85 postulants à la candidature, dont 18 présidents de partis politiques, à avoir retiré les formulaires de souscription. Et il n'est pas exclu que ce nombre soit porté à la hausse puisque la liste est ouverte... Eh oui, depuis que la candidature à la présidence se réduit à la seule intention des concernés, c'est-à-dire que pour désirer devenir président en Algérie, il suffit d'en avoir l'intention et comme le ridicule ne tue plus chez nous depuis cinquante éternités, il est tout à fait attendu que l'on assiste à de telles bousculades pour l'accession au fauteuil d'El Mouradia. Ailleurs, il y a un minimum que tout le monde consent dans de tels cas. Ce n'est pas n'importe qui qui peut, au nom d'une quelconque liberté, souhaiter être candidat.Oui, pas même le souhait ne doit être laissé à la portée du premier individu venu, et nous ne parlons pas de la candidature en soi! Depuis quand les concierges, les chauffeurs de taxi, les gardiens de parkings, les femmes de ménages, les coiffeuses et les commentateurs de matchs de football osent-ils se permettre de rêver d'être le président d'un pays? Il n'y a que chez nous qu'une telle chose a des chances de se produire. Il n'y a que chez nous que cela arrive! La seconde question se rapporte, pour sa part, à ces Franco-Algériens qui, malgré la clarté de la Constitution quant au rejet de toute candidature d'individu n'ayant pas la nationalité comme seule et unique nationalité, osent déclarer à tous les médias du monde qu'ils ont l'intention de se porter candidat à la présidentielle en Algérie. Et puis quoi encore? Certes, Sarkozy n'est pas d'origine française, mais lui, a bien la nationalité française depuis qu'il est enfant et puis n'est-ce pas qu'il s'est porté candidat dans le pays où il vit. Ce qui est cohérent tout de même et c'est cette même cohérence qui veut que nos fameux Franco-Algériens devraient déposer leur candidature là où ils sont, c'est-à-dire pour tenter de devenir président de France, mais pas d'Algérie. C'est aussi valable pour ceux qui, «emburnoussés» dans le confort de nationalités diverses, cultivent ce genre d'intentions depuis Berne, Ouagadougou ou Oum Dormane. Sommes-nous tombés si bas pour que, comme à l'entrée des magasins au premier jour des soldes, tout le monde se met à courir vers la «Présidence». Est-ce le pays qui serait tombé tellement bas pour qu'y accourent tous ceux qui le désirent sans aucune gêne ni retenue ou bien est-ce la fonction de président de la République qui aurait perdu toute sa valeur et toute son aura? Dans une impuissance jamais égalée, les Algériens regardent se transformer l'Algérie sous leurs yeux et ne s'en inquiètent même pas. Ils rient de ce malheur qui les frappe pourtant violemment. Plus de 70 intentions de se porter candidats pour une présidence, mais où va-t-on ainsi? Trois Français, un Suisse et un tas de «Monsieur Tout-le Monde», voilà notre menu à la présidentielle d'avril prochain. Voilà tout ce que nous méritons car, après tout, il y a lieu de convenir que la société qui aime tant «déguster» l'extermination de la relève, ne peut prétendre à mieux que de faire du n'importe quoi avec n'importe qui. Même si, par le passé, on a vu accéder à la fonction de député, par exemple, des coiffeuses, des analphabètes et même pire, dans certains cas, rien ne justifie ce qui se passe quant à l'élection d'avril. S'il y avait la «hiba» de l'Etat et de la fonction de Président, on n'aurait jamais assisté à une pareille absurdité. Malheureusement, tel n'est vraisemblablement pas le cas jusqu'ici, alors suivons bien les choses et prions que cela ne se passe pas de la même manière au niveau des candidatures.