L'argent, le nerf de la campagne présidentielle Les candidats doivent débourser 6 milliards de centimes sans être sûrs d'être totalement remboursés par le Conseil constitutionnel. En attendant le début de la campagne électorale, alors que les candidats sont plongés dans la chasse aux signatures, un aspect important de la présidentielle risque de se poser sérieusement: comment payer la campagne électorale? Dans la mosaïque des 85 candidats enregistrés par le ministère de l'Intérieur, il est clair que seulement quatre à six candidats passeront le cap des 60.000 signatures. Ces candidats réussiront en grande partie grâce à leur machine électorale qui est montée comme une entreprise et nécessite surtout beaucoup d'argent pour la faire démarrer. Car ceux qui signent seront logiquement ceux qui votent pour le candidat. Dans la loi organique régissant le régime électoral, le ministre de l'Intérieur précise que les campagnes électorales sont financées au moyen de ressources provenant de la contribution des partis politiques, de l'aide éventuelle de l'Etat, accordée équitablement et des revenus du candidat. Si certains candidats comme des anciens chefs de gouvernement, et des anciens ministres, sont soutenus par des partis politiques financièrement puissants, qui rassemblent l'argent du candidat avec les cotisations des salaires de leurs députés, de leurs élus et de leurs ministres, il sera difficile pour les candidats libres de rassembler les signatures et surtout de monter une équipe électorale qui travaillera bénévolement. La nouveauté aussi, c'est le cas des candidats installés dans des pays étrangers comme la France, la Suisse et la Grande-Bretagne et qui doivent justifier leurs dépenses en Algérie. Car le règlement du département de Tayeb Belaïz est clair: il est interdit à tout candidat à une élection de recevoir d'une manière directe ou indirecte, des dons en espèces, en nature ou toute contribution, quelle qu'en soit la forme, émanant d'un Etat étranger ou d'une personne physique ou morale de nationalité étrangère. Le candidat à l'élection du président de la République est tenu d'établir un compte de campagne retraçant, selon son origine et selon sa nature, l'ensemble des recettes perçues et des dépenses effectuées. Ce compte présenté par un expert comptable ou un comptable agréé est adressé au Conseil constitutionnel. Le compte du président de la République élu est publié au Journal officiel de la République algérienne démocratique et populaire. En cas de rejet du compte de campagne par le Conseil constitutionnel, il ne peut être procédé aux remboursements prévus par la loi organique. Une fois confirmés officiellement par le Conseil constitutionnel, les candidats doivent mettre sur la table une véritable banque pour financer la campagne électorale. Selon le règlement de la loi organique du régime électoral, l'article 205 stipule que les dépenses de campagne d'un candidat à l'élection de la présidence de la République ne peuvent excéder un plafond de 60.000.000 DA pour le premier tour. Ce montant est porté à 80.000.000 DA en cas de deuxième tour. Comment un candidat peut-il mettre autant d'argent, sachant qu'il ne sera pas sûr d'être totalement remboursé. Car selon le même règlement, tous les candidats à l'élection présidentielle ont droit, dans la limite des frais réellement engagés, à un remboursement forfaitaire de l'ordre de 10%. Lorsque les candidats ont obtenu un taux supérieur à 10% et inférieur ou égal à 20% des suffrages exprimés, ce remboursement est porté à 20% des dépenses réellement engagées et dans la limite du plafond autorisé. Et à 30% pour le candidat ayant obtenu plus de 20% des suffrages exprimés. Autrement dit, le candidat doit savoir que l'essentiel de son argent sera perdu dans la campagne s'il ne gagne rien. En fait, certains candidats sont conscients de ces pertes financières et visent surtout à tirer des profits politiques de cette élection présidentielle et des retombées de leur position dans cette échéance.