Les Salines d'Arzew constituent l'unique plan d'eau préservé en bon état La conservation des forêts recense entre 70.000 et 180.000 oiseaux d'eau par an. Les zones humides que recèle la wilaya d'Oran se trouvent en majorité dans une situation inacceptable suscitant l'inquiétude des responsables et des spécialistes de l'environnement et une crainte de la détérioration de ces sites écologiques par le fait de la pollution. Hormis les Salines d'Arzew qui constituent l'unique plan d'eau préservé en bon état, les sept autres zones humides connaissent des problèmes environnementaux menaçant la biodiversité, a indiqué la chef du service littoral et biodiversité à la direction de l'environnement de la wilaya, Mme Mazouz Samira. Pour sa part, le conservateur des forêts de la wilaya, Bouziane Abdelkrim, s'est déclaré non satisfait de la situation actuelle des plans d'eau classés et non classés, «qui nécessitent une protection et une valorisation dans le cadre du programme de développement durable, partant de leur importance écologique, biologique et économique». La capitale de l'Ouest algérien dispose de 10 zones humides que sont la grande Sebkha (43.000 ha), la Macta s'étendant sur les territoires des wilayas d'Oran, de Mascara et de Mostaganem (19.000 ha), les Salines d'Arzew (290 ha), le lac Télamine (1100 ha), Dhayet Oum Ghellaz (300 ha), Dhayat El Bagra (200 ha), Dhayet Morsli (150 ha), le lac de Sidi Chahmi (10 ha), les zones de Agadir Lakehal (4 ha) et de Sidi Mohamed (50 ha). Musée ouvert sur la biodiversité à préserver Ces zones constituent des sites de repeuplement des oiseaux qui les utilisent pour faire leurs nids et comme espaces de repos dans leur migration saisonnière du Nord au Sud à la recherche des conditions adéquates (chaleur et nourriture), d'où la nécessité de préserver cet écosystème, insistent les spécialistes. En dépit de la situation actuelle des zones humides qui nécessitent une prise en charge des responsables concernés, les oiseaux d'eau continuent de les fréquenter dans leur périple hivernal, parcourant de longues distances, selon le conservateur des forêts. La Conservation des forêts recense entre 70.000 et 180.000 oiseaux d'eau par an. Le nombre total des espèces de volatiles qui atterrissent dans ces zones humides varie entre 43 et 45 espèces et peut atteindre jusqu'à 57 espèces d'oiseaux dont des flamants roses et diverses variétés de canards. En outre, ces plans d'eau recèlent une multitude de plantes importantes dans le domaine de la préservation de l'écosystème. Des industriels à l'origine de la détérioration Certains industriels, dont les usines ne disposent pas de stations de traitement des eaux, sont pointés du doigt s'agissant de la situation qui prévaut dans les zones humides d'Oran. On leur reproche une insouciance quant aux lois en vigueur dans le domaine de la protection de l'environnement contre la pollution industrielle. A ce titre, la zone humide d'Oum Ghellaz, le lac Télamine et Dhayet Morsli sont confrontés au rejet d'eaux industrielles non traitées menaçant des sites de nidation d'oiseaux d'eau, a indiqué la chef du service littoral et biodiversité à la Conservation des forêts. Pour la zone de Dhayet Morsli, le problème de rejet d'eaux domestiques a été résolu depuis la réalisation et la mise en service de la Step d'El Kerma, a-t-on souligné. La direction de l'environnement a adressé dernièrement 15 mises en demeure à des entreprises industrielles activant dans la zone industrielle d'Es Sénia pour le rejet des eaux industrielles non traitées dans la zone humide de Dhayet Morsli en recourant à une conduite d'évacuation des eaux pluviales, réalisée par la commune pour la protection contre les inondations. A ce sujet, Mme Mazouz Samira dira: «Nous ne sommes pas contre le développement industriel, mais il faut préserver ces zones humides et respecter la loi 02-11 portant sur les espaces protégés dans le cadre du développement durable. C'est la première loi dans la législation algérienne qui décrit réellement les zones humides et leur rôle dans la biodiversité». La prolifération des constructions illicites et le rejet des eaux usées sont les problèmes qui affectent Dhayet Sidi Chahmi, au même titre que les décharges sauvages et anarchiques qui altèrent l'environnement dans les zones comme le lac Télamine à Gdyel et d'Oum Ghellaz à Oued Tlélat. Le pacage illicite aggrave la situation Par ailleurs, les plantes qui se développent au périmètre des zones humides et constiutent un élément de biodiversité sont menacées de disparition par le fait du pacage illicite pratiqué par certains éleveurs de bovins et d'ovins. Des troupeaux ruent dans les zones humides de Macta, d'Oum Ghellaz et au lac Télamine et dévorent le couvert végétal qui a une caractéristique absorbant le sel et protégeant le sol contre la salinité, fait remarquer Mme Mazzouz Samira. En cas de disparition de ces variétés végétales, une montée du sel aux terres agricoles adjacentes est à craindre, selon la même intervenante. Les arbrisseaux plantés par la Conservation des forêts dans différentes occasions pour la constitution d'une ceinture verte autour des plans d'eau ne sont pas épargnés par le bétail. Cependant, l'effort de reboisement continue en attendant une meilleure prise en charge du phénomène du pacage sauvage. Des démarches pour protéger les zones humides Pour remédier à cette situation, les autorités locales ont pris l'initiative après la promulgation de la loi portant sur les espaces naturels protégés, de créer une commission de wilaya composée de représentants de différents services techniques de l'environnement, de la Conservation des forêts et de la direction de l'industrie pour protéger les zones humides. En vertu de cette loi qui constitue un outil de travail, il a été proposé de classer les zones humides localement et le lancement et l'inscription d'études et la mise en place de balises délimitant les zones humides afin d'empêcher le pacage illicite, a-t-elle ajouté. Pour rappel, quatre zones humides d'Oran sont classées au titre de la convention Ramsar. Il s'agit de la grande Sebkha, la Macta, le lac Télamine et les Salines d'Arzew. Quatre autres sont sur la liste d'attente après accomplissement des procédures et des conditions de classement mondial. Les directions des forêts, de l'environnement et de l'éducation oeuvrent, avec le concours de la radio locale et des associations écologiques, à sensibiliser les citoyens, les élèves et les responsables du secteur industriel sur l'importance de préserver ces espaces naturels. Ces actions ont contribué à faire connaître des plans d'eau autrefois inconnus et plus d'initiatives sont encore souhaitables avec l'implication des parties concernées pour protéger ce patrimoine écologique et en faire une destination touristique créatrice de richesses, a souligné, pour sa part, Mme Mekki Zoulikha, membre de l'association d'hygiène et de développement touristique. Des projets pour dissiper les craintes Parmi les opérations lancées par la direction de l'environnement, l'achèvement de l'étude de dépollution du lac Télamine où se trouve une grande décharge, ainsi que le lancement d'un avis d'appel d'offres pour choisir une entreprise chargée de réaliser cette opération. Un projet d'aménagement de la décharge d'El Kerma avoisinant le plan d'eau de la grande Sebkha constituera une bouffée d'oxygène au sud de la wilaya d'Oran, une fois transformée en site de repos et de détente, surtout après la réalisation de marchés de gros de fruits et légumes, d'automobiles et de bétail dans cette région. Dhayet Oum Ghellaz bénéficiera, quant à elle, de la réalisation d'une station d'épuration des eaux usées dans la commune d'Oued Tlélat pour mettre un terme aux déversements des eaux d'assainissement. Au titre du prochain quinquennat, il a été proposé quatre études d'aménagement des Salines d'Arzew, du lac Télamine, de la Macta et de la grande Sebkha. Ces opérations visant à valoriser des zones humides d'Oran et leur protection, permettront de dégager un programme de gestion intégrée, outre la réalisation d'autres installations dont des tours de contrôle pour suivre le mouvement ornithologique, selon le conservateur des forêts. En attendant la concrétisation de ces projets qui nécessitent des mesures administratives, il s'avère impératif d'appliquer strictement les lois portant sur la préservation de l'écosystème à Oran.