«Le gouvernement algérien a fait la demande auprès de l'Union européenne pour la venue des observateurs européens, mais des discussions sont en cours», a déclaré le directeur de l'UE pour la région du voisinage, Michael Kôhler. La question du fichier électoral revient sur le devant de la scène. En prévision de l'élection présidentielle d'avril prochain, rien n'est encore officiel. La présence des observateurs européens n'est pas certaine. «Le gouvernement algérien a fait la demande auprès de l'Union européenne pour la venue des observateurs européens mais des discussions sont en cours», a déclaré le directeur de l'UE pour la région du voisinage, Michael Kôhler, en marge d'une journée de partenariat UE- Algérie sous le thème «Avançons ensemble». L'émissaire de l'Union européenne n'a pas voulu trop s'étaler sur le sujet en précisant que cette question ne relève pas de ses prérogatives. Même si aucune décision n'a été prise jusqu'à présent, la déclaration de l'émissaire européen traduit clairement que la venue des observateurs européens ne sera pas sans conditions. L'UE va certainement remettre sur le tapis la question de l'accès au fichier électoral. «Nous espérons que cette question (fichier électoral, Ndlr) soit résolue avant la présidentielle», a proprement déclaré le président de la délégation pour les relations avec les pays du Maghreb au Parlement européen en visite à Alger, en octobre dernier, M. Pier Antonio Panzeri. Ce responsable avait affirmé que sur demande de l'Algérie, l'UE participera à la supervision de l'élection tout en souhaitant que le problème du fichier électoral soit réglé. Nul n'ignore que l'UE n'arrive pas à avaler la pilule du fichier électoral. La mission d'observation menée par le président Salafranka, lors des dernières législatives, a réclamé, à plusieurs reprises, l'accès au fichier électoral pour mener à bien sa mission, mais le gouvernement algérien a refusé de lui fournir les données des Algériens en considérant que c'est une question qui relève de la souveraineté nationale. Pour l'UE, cet argument ne tient plus la route. L'émissaire de Bruxelles estime qu' «il y va de l'intérêt de l'Algérie d'organiser des élections libres, car le processus de transparence est déjà engagé». «Nous allons suivre ça sur le terrain», a affirmé M.Panzeri. S'exprimant sur ce point, il y a juste un mois, le directeur des libertés publiques au ministère de l'Intérieur, Mohammed Talbi, avait déclaré que la venue des observateurs européens est une question de souveraineté. «C'est une question prise d'une manière souveraine par les hautes autorités du pays, bien que la loi ne prévoit aucune présence de ces observateurs», a-t-il déclaré lors de son passage à la Rradio nationale. Or, en faisant appel aux observateurs européens pour prouver la transparence du scrutin, le gouvernement doit, certainement faire des concessions en autorisant l'accès au fichier électoral. Pour les observateurs européens, c'est une pièce maîtresse dans le processus de supervision des élections. Sans l'accès au fichier électoral, les observateurs ne peuvent pas s'assurer réellement du nombre exact des électeurs et le nombre des votants. Par ailleurs, faisant le point sur l'Accord d'association entre l'Union européenne et l'Algérie, M.Kôhler s'est félicité du niveau de coopération entre les deux pays et ce, malgré quelques insuffisances. «On a constaté que cet accord a permis de diversifier les échanges commerciaux», a-t-il affirmé lors d'une conférence de presse. M.Kôhler a appelé le gouvernement à s'engager davantage dans la mise en oeuvre du plan d'action élaboré dans le cadre de la politique de voisinage. Après les programmes d'assistance aux différents secteurs, cet émissaire indique que l'UE veut identifier de nouveaux créneaux pour apporter son aide à l'Algérie. «La feuille de route arrêtée en 2008 doit être revue pour identifier d'autres créneaux», a-t-il insisté en citant, entre autres les médias, la réforme de la justice, le marché de l'emploi et la lutte contre la corruption qui feront la priorité du nouveau programme de l'UE. De son côté, le directeur de la coopération avec l'UE au ministère des Affaires étrangères, Ali Mokrani, estime que le bilan est mitigé. «Nous voulons que l'UE qui est un premier client commerçant soit le premier partenaire économique», a-t-il affirmé en précisant que l'UE ne s'est pas vraiment impliquée pour aider l'Algérie à relever le défi, celui de la diversification de l'économie pour en finir avec la dépendance aux hydrocarbures. Ce responsable a saisi l'occasion pour évoquer la question de la libre circulation des personnes. «Les Algériens ont les moyens, ils veulent faire du tourisme, il ne faut pas les prendre pour source d'immigration illégale», a-t-il clairement dit en invitant l'UE à revoir son approche.