La marine américaine a mis fin à la première tentative des rebelles qui bloquent les terminaux pétroliers depuis juillet en réclamant l'autonomie de la région orientale de Libye, d'exporter le pétrole qu'ils détiennent. Un pétrolier qui tentait d'emporter du brut acheté illégalement aux rebelles libyens a été saisi par les forces spéciales de la marine américaine en Méditerranée et faisait route hier vers la Libye.»Les forces américaines, à la demande des gouvernements libyen et chypriote, ont abordé et pris le contrôle du pétrolier Morning Glory, un navire qui avait été capturé un peu plus tôt ce mois-ci par trois Libyens armés», a annoncé dans un communiqué le responsable du service de presse du Pentagone, l'amiral John Kirby. L'opération, qui n'a fait aucun blessé, a été approuvée par le président Barack Obama et a eu lieu peu après 02h00 GMT hier, «dans les eaux internationales au sud-est de Chypre». Elle a été menée par deux destroyers, l'USS Roosevelt et l'USS Stout. Les hommes qui sont montés à bord du Morning Glory ont été chargés de l'acheminer «vers un port de Libye», précise le communiqué. Les autorités chypriotes ont de leur côté indiqué que le Morning Glory était immobilisé dans les eaux internationales au sud-est de Chypre depuis samedi, mais n'avait pas demandé d'autorisation pour entrer dans un port. Des navires chypriotes «ont été déployés pour surveiller le pétrolier, qui s'est arrêté à 18 milles nautiques au sud du port de Limassol», dans le sud de l'île, avant d'être abordé par les Américains. Le Morning Glory, un navire égyptien battant un pavillon nord-coréen de complaisance que Pyongyang a dénoncé quelques jours plus tard, était arrivé le 8 mars au port d'al-Sedra, contrôlé par les rebelles. Peu après, il se mettait à charger du brut. Le procureur général libyen avait immédiatement ordonné l'arrestation du navire, et de son équipage, et la marine libyenne avait annoncé avoir cerné le port pour l'empêcher de sortir. Le 11 mars, les autorités libyennes ont admis que le navire, ayant chargé au moins 234.000 barils de brut, avait réussi à «profiter des mauvaises conditions climatiques pour se diriger vers le large» et échapper à l'escorte des forces libyennes. Dans un communiqué, le gouvernement intérimaire libyen a confirmé la prise de contrôle du pétrolier, en «remerciant en particulier les Etats-Unis et la République de Chypre». Il a affirmé que le navire était en route pour la Libye et assuré que les membres d'équipage «seront traités conformément aux lois nationales et internationales». «Le pétrole est le nerf de l'économie nationale et toute atteinte aux richesses du peuple libyen est inacceptable et ne saurait rester sans réponse», ajoute le texte. A Chypre, deux Israéliens et un Sénégalais soupçonnés de s'être rendus sur le navire au large de l'île méditerranéenne et d'avoir négocié l'achat de brut ont été interrogés samedi par la police. Mais ils n'ont pas été arrêtés et ont pris dimanche l'avion pour Tel-Aviv, les autorités chypriotes n'ayant pas la preuve que le délit présumé avait été commis dans les eaux territoriales. La première tentative des rebelles autonomistes - des hommes armés qui faisaient partie des gardes des installations pétrolières - de profiter de leur main-mise sur les terminaux pétroliers du pays se solde ainsi par un échec. Les autonomistes de la Cyrénaïque, partisans d'un système fédéral en Libye, avaient déjà annoncé en août la formation d'un gouvernement local, d'une banque et d'une Compagnie fédérale de pétrole. En suspendant de fait les exportations de brut depuis juillet, ils ont privé le pays de sa principale source de revenus, et provoqué une chute de la production à 250.000 barils par jour, contre près de 1,5 million b/j auparavant. Depuis la chute du régime de Mouamar El Gueddafi en octobre 2011, la Libye est confrontée à une forte instabilité politique, à des tendances séparatistes et à des violences incontrôlées dans un contexte de prolifération des armes, qui empêchent tout essor économique.