En Libye, le bras de fer continue entre les représentants du pouvoir central et les autonomistes de Benghazi qui veulent exporter du brut sans l'autorisation de Tripoli et imposer un fédéralisme de fait. Des forces de la marine libyenne ont ainsi été déployées au large du port d'Al Sedra dans l'est du pays, pour empêcher un pétrolier battant pavillon nord-coréen de quitter les eaux territoriales avec une cargaison «illégale» de pétrole. Le ministère de la Défense a en effet ordonné au chef d'état-major, à la marine et aux forces de l'armée de l'air de «traiter avec ce pétrolier qui est entré dans les eaux libyennes sans accord préalable des autorités libyennes légitimes». Selon des sources militaires qui parlent d'«acte de piraterie», l'objectif est d'intercepter le navire avant qu'il ne quitte les eaux libyennes. «Des navires de la marine libyenne ont été déployés en mer. Le pétrolier ne peut plus partir, sinon il sera transformé en tas de ferraille», a déclaré hier le ministre de la Culture, Al Habib Al Amin, au cours d'une conférence de presse. Le ministre de la Justice, Salah Al Marghani, a rappelé de son côté que le procureur général avait ordonné, dès samedi, l'arrestation de l'équipage du navire, espérant que l'opération puisse se dérouler sans violence. Tout ce branle-bas de combat n'a toutefois pas inquiété les rebelles autonomistes. Comme si de rien n'était, ceux-ci ont continué à charger du brut sur le pétrolier nord-coréen. C'est sans doute la preuve qu'ils ne se laisseront pas faire et qu'ils ne reconnaissent pas les autorités de Tripoli. Des hommes armés, qui faisaient partie des gardes des installations pétrolières libyennes, s'étaient rebellés contre les autorités de transition, bloquant les terminaux depuis juillet 2013 et réclamant une autonomie de la région orientale au sein d'un système fédéral. Ce blocage a provoqué une chute de la production à 250 000 barils par jour, contre près de 1,5 million b/j auparavant. Agissant hors du cadre de l'Etat, ils ont entamé samedi l'opération de chargement de leur première cargaison de brut au port d'Al Sedra, où le pétrolier battant pavillon nord-coréen Morning Glory était amarré. «Le navire est toujours dans le port. Le processus de chargement est en cours», a déclaré à la presse le porte-parole de la NOC, Mohamed Al Hrairi. Le chargement du pétrole devrait durer jusqu'à la fin de la journée, le navire ayant une capacité de 300 000 à 350 000 barils, a-t-il précisé. Le gouvernement autoproclamé de la Cyrénaïque dans l'Est libyen, bras politique de la rébellion, a engagé un nouveau bras de fer avec le gouvernement en annonçant samedi le début des exportations de brut d'Al Sedra. Depuis juillet 2013, ces autonomistes bloquent des sites pétroliers dans l'Est, dont Al Sedra, suspendant les exportations de brut et privant ainsi le pays de sa principale source de revenus et le gouvernement du… nerf de la guerre.