Le pétrolier nord-coréen « Morning Glory » sera-t-il la première victime collatérale du conflit entre Tripoli et les autonomistes de Benghazi ? Le Premier ministre libyen, Ali Zeïdan, a ordonné le déploiement des navires de la marine nationale au large du port d'al Sedra, dans l'est du pays, pour empêcher « Morning Glory », un navire battant pavillon nord-coréen, de quitter les eaux territoriales et au besoin, son bombardement. Tripoli met tout éventuel dommage sur le compte du propriétaire de ce navire-pirate venu se ravitailler en pétrole auprès des rebelles, sans autorisation gouvernementale. « Nous ouvrirons le feu sur le pétrolier s'il ne suit pas les instructions en appareillant. Ce sera une catastrophe écologique », dit-il. Malgré les menaces des autorités de transformer le navire en « tas de ferraille » et d'arrêter l'équipage nord-coréen, ordonné par le procureur général, le gouvernement autoproclamé de la Cyrénaïque, bras politique des « autonomistes », continuait, hier, à charger le pétrolier qui aurait une capacité de 300.000 à 350.000 barils. Selon certains médias, les rebelles ont forcé la main aux employés du terminal pétrolier. Il leur a été demandé de ne pas quitter les lieux jusqu'au remplissage des soutes du « Morning Glory ». Cette tentative inédite d'exporter du pétrole sans l'aval du gouvernement intervient après 7 mois de blocage des trois principaux terminaux d'exportation par un groupe de plusieurs milliers de miliciens dirigé par Ibrahim Jathrane, un chef de guerre qui a combattu le régime de Kadhafi dans le sillage du « printemps arabe ». Chargé par la compagnie nationale de la surveillance des installations pétrolières, le milicien s'est retourné contre Tripoli privant le pays de plus de 90% de ses revenus pétroliers et gaziers. Les autonomistes ont promis, par la voix de leur Premier ministre autoproclamé, Abb Rabbo Albarassi, de riposter à toute attaque des forces gouvernementales. « Nous avons commencé à exporter du pétrole. C'est notre première livraison », disent-ils. Ce différend entre Trioli et Benghazi a provoqué une chute de la production à 250.000 barils par jour, contre près de 1,5 million b/j auparavant. En janvier dernier, la marine libyenne a repoussé un pétrolier battant pavillon maltais, au moment où il s'approchait du port d'Es Sider pour y effectuer un chargement de brut. Ali Zeïdan, qui peine à imposer une quelconque autorité gouvernementale sur les milices armées, fait face à de graves difficultés financières pour élaborer son budget et faire face aux dépenses publiques.