Louisa Hanoune milite pour «une réforme en profondeur de la Constitution» Le quatrième mandat a mis en évidence le morcellement d'une opposition qui se traduit à travers une flopée de revendications loin de faire l'unanimité en son sein. L'opposition tire à hue et à dia. Elle tente avec difficulté de se structurer depuis que les urnes ont livré leur verdict: la réélection de Abdelaziz Bouteflika à la tête de l'Etat. L'appel du président de la République à mettre de côté les divergences politiques, afin de préserver l'unité et la stabilité du pays ne peut raisonnablement rester sans écho dans le camp de ses adversaires politiques. «Je lance un appel à tous nos compatriotes à l'effet de placer l'intérêt national au-dessus de toute divergence ou différence politique au demeurant, parfaitement admissible en démocratie» a-t-il déclaré, hier, lors de sa prestation de serment. Quel accueil et quelles réactions seront réservés par les candidats qui l'ont affronté lors de l'élection présidentielle du 17 avril et les partis qui ont appelé à son boycott? Le 4e mandat a mis en évidence le morcellement d'une opposition qui se traduit à travers une flopée de propositions et de revendications, loin de faire l'unanimité en son sein. Réforme de la Constitution, législatives anticipées, transition démocratique, IIe République... Les opposants ont redoublé d'ardeur et de «créativité», sans qu'il n'y ait de véritable consensus qui puisse se dessiner autour de ces propositions. La toute récente initiative de Samir Bouakouir (ex-membre de la direction du Front des forces socialistes) illustre à plus d'un titre ce constat. Elle a consisté en l'annonce de la naissance de l'Alliance nationale pour le changement (ANC). Le même sigle que le Parti de Nelson Mandela, African National Congress. Une remarque qui ne pouvait passer inaperçue. Que propose-t-elle? «Cette initiative répond à la nécessité exprimée par nombre de nos compatriotes de transcender les différences idéologiques et au besoin, de s'unir dans un cadre politique ouvert, démocratique et pluriel» a tout simplement confié l'ancien cadre du FFS à un média national de la presse électronique. Des thèmes sur lesquels a déjà surfé le patchwork composé de partis islamistes (le Mouvement de la société pour la paix, le Front de la justice et du développement, El Adala, Ennahda) et des laïcs (Djilali Soufiane, président de Jil Jadid, Mohcine Belabbès, président du RCD et Ahmed Benbitour, ex-chef de gouvernement) qui ont fait une campagne pratiquement inédite et très offensive, sans avoir réussi à réellement perturber le cours de l'élection présidentielle (Voir L'Expression du 19 /04/2014). Ce bloc tente de rallier autour de lui toutes les voix qui ont tenté de faire échec à un 4e mandat que briguait le chef de l'Etat, à commencer par Ali Benflis, candidat malheureux à deux reprises au palais d'El Mouradia. En terminant pour la seconde fois à la 2e place. Des performances somme toute relatives, mais qui auraient dû légitimement lui conférer le statut de leader de l'opposition. On est encore loin de ce scénario. Ce sera sans doute sans compter sur la secrétaire générale du Parti des travailleurs qui ne lui a pas fait de cadeau lors de la campagne électorale. Louisa Hanoune qui milite pour «une réforme en profondeur de la Constitution et non à son amendement», a précisé que «cette réforme doit être précédée d'élections législatives anticipées». Des indices annonçant que la pasionaria du PT, qui n'est pas près d'intégrer cette coalition hétéroclite en gestation, serait en passe de faire cavalier seul. C'est l'Etat dans lequel se trouve l'opposition: un attelage qui peine à trouver sa voie.