Il pense que la réforme de la justice n'est pas un toilettage des textes. «On ne voit pas de réalisation majeure». L'observation, faite hier à El Watan, par le professeur Mohand Issad, au sujet de la mise en oeuvre de la réforme de la justice dont ce dernier a été, rappelle-t-on, le maître d'oeuvre dans le cadre de la commission installée par le président de la République, en dit long sur le sort réservé au rapport qui a été remis à Bouteflika, en 2000. Trois ans après, les choses ne semblent pas évoluer dans le sens de la concrétisation de ce vaste projet que le premier magistrat du pays en avait fait, durant sa première mandature, son cheval de bataille. Pourquoi ? Mohand Issad, sans s'attarder sur le sujet, ne résume pas pour autant le blocage sur un plan purement technique : «Il n'est pas facile de faire un diagnostic en l'absence de la mise en oeuvre de la réforme», fait-il savoir. La réforme de la justice plaidée par l'orateur ne se résume pas seulement dans le «toilettage» des textes, mais tire sa substance d'éléments concrets, d'une approche approfondie sans laquelle, toute réforme est, de facto, vouée à l'échec : «La réforme est d'aller voir comment se passe la justice au prétoire, de voir si des mandats de dépôt abusifs continuent d'être délivrés, si les prisonniers sont toujours dans un état aussi difficile comme cela a été décrit par la commission...», souligne l'avocat qui en termes à peine voilés, minimise le travail qui en train de se faire par la commission installée par le ministère de la Justice. L'influence, voire l'immixtion de la tutelle dans les affaires de la justice, bien que confirmée par le juriste, n'est cependant pas intervenue à grande échelle. Le traitement des dossiers, d'après lui, se fait à 95% de façon ordinaire. L'homme, par qui la réforme de la justice, fût réfléchie, a été également celui que le président avait chargé d'enquêter sur les événements qui ont secoué, en 2001, la Kabylie, non sans avoir, au préalable, évoqué les conditions «très difficiles» dans lesquelles les membres de la commission d'enquête ont travaillé, se dit satisfait des résultats auxquels l'investigation avait abouti : «Il faut être naïf pour voir qu'il [le rapport de l'enquête] n'apporte rien (...) croyez-moi, ceux qui connaissent la scène politique l'ont très bien compris», a-t-il tenu à rassurer. Décelant en la crise kabyle, des velléités de «grands bouleversements» et un éventuel remodelage du paysage, Mohand Issad pense qu'il faut aller au-delà des revendications des jeunes, porteurs d'une nouvelle mentalité et d'autres revendications. Sur la question des droits de l'Homme, M.Issad, en mettant en relief les problèmes économiques, culturels, sociaux...considère que les droits de l'Homme demeurent «sérieusement malmenés».