L'arrivée de Jean-Yves Le Drian est prévue pour demain, alors que Laurent Fabius est attendu les 8 et 9 juin. Les chemins du patron de la diplomatie algérienne et de celui du ministre français de la Défense ne se sont pas croisés au cours de leur périple. Au Sahel pour le premier. En Afrique de l'Ouest pour le second pour prendre fin en Mauritanie. Deux destinations pour les deux ministres qui en ont fait une escale privilégiée sans se rencontrer. Qu'ont-ils dit à l'issue de leur passage à Nouakchott? Le ministre français de la Défense a révélé avoir évoqué, «au-delà du Mali, l'ensemble de la problématique Sahel puisque, comme vous le savez, la France a décidé de réorganiser son dispositif dans cette partie de l'Afrique pour être en mesure de lutter contre le terrorisme» après l'audience que lui a accordé le chef de l'Etat mauritanien. «Cette tournée dans les pays du Sahel vise à échanger les points de vue et les analyses et à coordonner les positions des pays du Sahel avec lesquels l'Algérie partage les mêmes objectifs», a indiqué, le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, à l'issue de l'entretien qu'il a eu avec le président mauritanien, Mohamed Ould Abdelaziz. Des déclarations qui convergent sans que les deux hommes ne se soient vus. Ils finiront par se croiser à Alger. L'arrivée de Jean-Yves Le Drian (Défense) est prévue pour demain (19 mai). Elle précédera celle de son collègue des Affaires étrangères qui doit séjourner les 8 et 9 juin dans la capitale algérienne. Des visites qui interviennent alors que la France a toujours les deux pieds au Mali, tandis que la région du Sahel constitue la rampe de lancement des groupes terroristes armés et de ceux de la branche maghrébine d'El Qaîda. Une zone d'où sont planifiées leurs actions les plus spectaculaires, qui s'est étendue à la Libye dont le processus de déstabilisation en marche crée une menace directe pour l'Algérie et les pays qui ont des frontières en partage avec l'ex-Jamahiriya. Ce danger a été confirmé par la fermeture de notre ambassade à Tripoli et le rapatriement de son personnel. Elle a succédé à une action spectaculaire de l'ANP qui a fait avorter une attaque du même type que celle déclenchée par les terroristes sur le site gazier de Tiguentourine, menée au mois de janvier 2013 par Les Signataires par le sang, un groupe islamiste armé qui a prêté tout récemment allégeance à Al Qaîda. L'opération de l'Armée nationale populaire s'est soldée par l'élimination de12 terroristes près de Tinzaouatine dans la wilaya de Tamanrasset (voir L'Expression du 17 mai). Une région particulièrement ciblée. Al Qaîda au Maghreb islamique avait revendiqué, au mois de juin 2010, l'assassinat de sept gendarmes et deux gardes communaux, dans la même sphère géographique, à 550 km au sud de Tamanrasset, aux frontières avec le Mali. Un pays dont la stabilité est devenue une préoccupation majeure pour la France qui est omniprésente militairement depuis son intervention, pour éviter à ce qu'il ne tombe sous la coupe de groupes islamistes armés et les velléités sécessionnistes des rebelles touareg du Nord du Mali. Un contexte qui a obligé l'Algérie à redoubler de vigilance en renforçant son dispositif sécuritaire à ses frontières Sud, tout en occupant un rôle prépondérant dans la résolution de la crise malienne. Un atout que la France veut mettre dans sa manche.