C'est avec de la musique classique de Bach que le rideau s'est baissé sur l'événement culturel de mai. Sa vie pourrait faire l'objet d'un film. Pianiste au parcours atypique, Zhu Xiao Mei n'est pas issue d'une famille de riche. Elle est née à Shanghai dans une famille d'artistes. A Pékin, elle y fera de brillantes études interrompues par les années de la révolution culturelle dont cinq passées près de la Mongolie Intérieure dans un camp de travail où, grâce à des complicités, elle réussit à travailler le piano en cachette. Réfugiée aux Etats-Unis grâce à la visite en 1979 d'Isaac Stern, elle y obtient les plus hautes distinctions et donne de nombreux concerts. En 1985, Zhu Xiao Mei arrive à Paris et choisit de s'y fixer. Depuis l'année 2000, elle a la nationalité française. Saluée par la presse et notamment par le monde qui l'a présentée comme «l'artiste qui tutoie les chefs-d'oeuvre», la pianiste est aujourd'hui invitée partout dans le monde. Elle partage actuellement son temps entre ses activités pédagogiques au Conservatoire national supérieur de musique de Paris et ses nombreux concerts en France et à l'étranger. Elle a à son actif plusieurs enregistrements dont les variations Goldberg et l'intégrale des Partitas de Bach, 17 sonates de Scarlatti et récemment, les Davidsbundlertanze et les Kindeszenen de Schumann ainsi que trois chefs-d'oeuvre de Schubert pour piano à quatre mains avec Alexandre Tharaud. Dans une tenue bleu shangai qui rappelle les vestiges des années révolutionnaires rouges, Zhu Xiao Mei était invitée à se produire, dimanche dernier, à la salle Ibn Zeydoun de Ryad El Feth par la délégation de la Commission européenne en Algérie, devant clôturer la 5e édition du mois culturel européen. Un événement dont le bilan a été jugé d'emblée par Lucio Guerrato, ambassadeur, chef de la délégation de la commission de «Positif». En effet, annonçant la fin de la manifestation culturelle qui aura drainé une centaine d'artistes et pas moins de 28 activités différentes, Lucio Guerrato fera remarquer à juste titre que les salles étaient toujours pleines. «Certains spectacles ont dû être doublés, d'autres ont provoqué de la frayeur précisément celui de Gnawa-Diffusion. Les pourparlers avec le groupe sont en cours pour les faire venir et ainsi satisfaire le reste du public qui n'a pu les voir». Et de conclure «je peux dire que le pari artistique, culturel et surtout fraternel est réussi». On nous présente l'oeuvre que va jouer l'artiste comme «austère», mais nous prévient qu'elle sera plaisante, agréable et légère grâce aux mains agiles de la pianiste. Le public s'est en effet délecté de cette belle musique qui parle au coeur et à l'esprit. Il s'agit d'une suite de Bach composée de 30 variations différentes que Gerrato dédiera aux jeunes. Solennels, doux, méditatifs, captivants, démesurés ou mélancoliques étaient les airs qui s'en dégageaient. Mélodies enivrantes aussi si ce n'est le son aiguisé des portables qui venaient, encore une fois, hélas, rompre le charme d'une belle et aérienne ballade musicale. Zhu Xiao Mei interprètera en deuxième partie un morceau inspiré typiquement de la musique traditionnelle chinoise. Il s'agit d'une chanson populaire célébrant le «Soleil couchant», écrite pour cinq instruments, et que le professeur de la pianiste l'a transcrite sur piano. L'humilité incarnée, l'artiste en clôture de son concert joindra les deux mains pour dire un merci chaleureux au public qui le lui rendait bien en lui envoyant des applaudissements nourris. Un mois de mai qui se termine en beauté avec un «concert exceptionnel animé par une artiste exceptionnelle».