Le travail le plus important qu'aura à accomplir Benbouzid est d'amener les composantes de l'éducation nationale à admettre les changements sociaux. Le secteur de l'éducation connaît une dynamique appréciable ces derniers mois. La réforme de l'école est effectivement sur les rails et est assez sérieusement débattue par les principaux concernés aux quatre coins du pays. Un constat d'ailleurs fait par les parents d'élèves qui ont eu le loisir de remarquer le lifting, jugé très positif, apporté aux manuels scolaires, tant au plan du contenu que celui du contenant. Aussi, sommes-nous tentés de dire que le ministère de l'Education nationale, véritable maître d'oeuvre de cet immense chantier, avance sérieusement dans la concrétisation de la «mère des réformes» comme aiment à la qualifier certains intellectuels algériens. En effet, l'école algérienne, sinistrée par des décennies d'embrigadement islamo-baâtiste a toutes les chances de sortir la tête de l'eau à la faveur de cette nouvelle démarche dont l'objectif premier est de former des citoyens au vrai sens du terme. Les tentatives des milieux conservateurs qui ont tout fait pour torpiller la dynamique n'ont pas abouti, grâce à une volonté politique clairement affirmée par le chef de l'Etat qui, contre vents et marées et malgré les critiques formulées de toutes parts, a tenu le cap d'une réforme qui commence à voir effectivement le jour. Et pour preuve, le tabou de la langue a sauté et celui de l'enseignement religieux tendancieux a été pris à bras-le-corps par le ministre de l'Education qui, faut-il le souligner, a eu le courage d'affronter les apprentis sorciers en assumant pleinement les changements opérés, l'année passée, dans les manuels d'éducation religieuse. En fait, Benbouzid qui connaît mieux que quiconque le secteur, est sans doute l'un des ministres les plus importants du gouvernement Ouyahia. La raison de cet état de fait tient dans le lourd dossier dont il a la charge. En effet, la famille de l'éducation a fonctionné pendant assez longtemps sur des critères qui sont, le moins qu'on puisse dire, en contradiction avec les aspirations profondes de la société. Le travail le plus important qu'aura à accomplir Benbouzid est d'amener les composantes de l'éducation nationale à admettre les changements sociaux et à les intégrer dans leur mission dans le but de faire de l'école algérienne le principal levier d'une Algérie moderne et en phase avec ses racines. Les différentes rencontres qu'anime le ministre sur divers sujets entrent justement dans le cadre d'une sensibilisation de tous les acteurs de l'éducation nationale sur la nécessité d'une évolution harmonieuse de la réforme. Il s'agit en fait d'éviter des interprétations biaisées de la démarche gouvernementale. Cela dit, il est clair que l'école algérienne a entrepris sérieusement sa mue. Les premiers résultats concrets de cette nouvelle dynamique seront effectifs dans deux décennies au moins. En attendant, il y a lieu de constater la détermination d'un ministre de l'Education nationale à mener à bien sa mission de redressement de l'école algérienne.