Les avis sont partagés. Les uns pour, les autres contre. De quoi s'agit-il? Encore et toujours de cette loi des 51/49% sur les investissements étrangers en Algérie. Jeudi dernier, la présidente du Conseil d'affaires algéro-britannique, Lady Olga Maitland, a clairement déclaré à Alger, en marge de l'ouverture de la Foire internationale, que «la règle des 49/51% n'est pas un frein et ne pose aucun problème à l'investissement britannique en Algérie». Ajoutant qu'il fallait voir les problèmes du côté de la bureaucratie. Sur ce point, elle a raison, mille fois raison. La bureaucratie ne se contente pas de s'attaquer aux seuls investisseurs étrangers, mais elle empoisonne l'existence de tous les Algériens. C'est un fait établi et tout le monde est d'accord sur ce point. Mais revenons aux investissements étrangers qui nous intéressent aujourd'hui. Cette déclaration de la Britannique intervient quelques jours après celle du conseiller du département américain au Commerce avec les pays du Maghreb qui relayait l'ambassadeur US à Alger pour dire exactement le contraire. Pour eux, la règle des 49/51% n'encourage pas leurs investisseurs à venir en Algérie. A noter, au passage, que ce même diplomate ajoute que «les sociétés américaines concentrent leurs efforts sur le marché domestique qui comprend les Etats-Unis, le Canada et le Mexique». Ce qui représente une population de 500 millions de personnes. De toute façon, ajoute-t-il, pour «les milieux économiques américains, l'Algérie n'est pas très connue». Voilà qui ôte à la règle des 49/51% le caractère déterminant et montre, tout à la fois, les contradictions contenues dans le discours américain. Entre les Américains qui disent une chose et son contraire et les Britanniques qui ne sont pas dérangés par la règle, que faut-il comprendre? Que le problème des investissements étrangers est ailleurs. Tout simplement. Pour la démonstration, prenons le cas de la France. C'est un pays occidental. Son économie est basée sur le libéralisme. Pas de 49/51%. C'est un pays qui se débat dans une crise économique sans précédent. Qui a, plus que jamais, besoin d'investissements étrangers. Tenez-vous bien, les investissements étrangers dans ce pays ont chuté de 77% en 2013. C'est un rapport de la Cnuced qui le démontre. Pas de solidarité occidentale qui tienne. La cause? La financiarisation de l'économie dans une mondialisation aux règles fixées par les places financières, les multinationales et les ONG. C'est une véritable toile d'araignée qui paralyse toute initiative des opérateurs. C'est elle qui décide des pays où les investisseurs ont le droit de se rendre. Ou de ne pas se rendre. La France est depuis mai 2012 dans l'oeil du cyclone de cette toile. Depuis, elle subit le désinvestissement et la désindustrialisation. Chaque jour que Dieu fait, des usines ferment leurs portes. Le chômage a pris l'ascenseur. Il touche 33% de la population active. Quand la France parle de croissance, ses bailleurs de fonds lui répondent: austérité. On aurait très bien pu prendre le cas de la Grèce qui est encore plus mal servie par les investisseurs étrangers. Tout le monde sait que les investisseurs étrangers sont tenus d'une main de fer par la finance internationale. Dans le contexte géopolitique actuel, l'Algérie, avec ou sans la règle des 51/49%, ne doit pas s'attendre à une arrivée massive des IDE. Certes, on ne peut pas dire que l'économie algérienne est reluisante. Elle est même malade de sa dépendance aux hydrocarbures. La diversification peut être obtenue en offrant les meilleures conditions d'accueil et d'emploi de la ressource humaine occidentale frappée par le chômage malgré son savoir-faire est une voie qui n'a pas été suffisamment explorée. Sous la forme d'une coopération avec les Etats qui souffrent de la crise. Et laisser «tranquille» la règle des 49/51%. Plus qu'une fausse querelle, c'est de l'enfumage!