Pour damer le pion à l'Europe, particulièrement à la France, les Américains et les Britanniques, qui n'ont aucun passif lié au colonialisme à apurer en Algérie, passent à l'acte. La coprésidente du Conseil d'affaires algéro-britannique sera à Alger du 3 au 7 octobre prochain. Mme Olga Maitland conduira une forte délégation d'hommes d‘affaires comprenant notamment le directeur général de Cobolt system, une compagnie spécialisée dans les systèmes de sécurité destinés aux grands projets, de la directrice générale adjointe du Ukti, organisme chargé de la promotion du commerce et des investissements. Lors de son séjour en Algérie, Olga Maitland aura des entretiens avec des membres du gouvernement et des représentants des secteurs public et privé. Dans un entretien accordé hier à l'APS, Olga Maitland a affirmé que le marché algérien offre une multitude d'opportunités aux compagnies britanniques, à la faveur du gigantesque programme d'investissement engagé par le gouvernement et aux possibilités offertes dans le secteur privé. «Aujourd'hui, des compagnies britanniques de renom à l'instar de BP, BG, British Airways, Hsbc, Shell ou Unilever entre autres, sont opérationnelles en Algérie, mais il y a également de la place pour celles qui envisagent d'investir dans ce marché prometteur», a-t-elle précisé soulignant que les compagnies britanniques veulent «une plus grande présence en Algérie, tout en assurant une diversification de leurs activités afin d'accompagner l'Algérie dans la réalisation de ses grands projets, et ce, dans tous les secteurs». En filigrane, Londres ne veut pas laisser passer des opportunités d'affaires en Algérie et laisser le champ libre aux autres puissances économiques. Londres veut ainsi faire entendre - à qui le veut - qu'il n'existe pas de «zones d'influence» au Maghreb. «Ce serait une erreur de rater un pays comme l'Algérie», avait révélé Olga Maitland. Une déclaration confortant celles des hommes d'affaires américains qui viennent d'identifier certaines pistes de partenariat. En effet, une société américaine opérant dans les énergies renouvelables, s'est déclarée disposée à fabriquer en Algérie des panneaux solaires, alors que deux firmes de produits pharmaceutiques ont exploré la possibilité de produire des médicaments en Algérie, a précisé hier Smaïl Chikhoune, directeur général du Conseil d'affaires algéro-américain. Ainsi, pour damer le pion à l'Europe, particulièrement à la France, les Américains et les Britanniques passent à l'offensive. Contrairement aux Européens, les Anglo-Saxons respectent la souveraineté de l'Algérie à propos des amendements à la loi sur l'investissement introduisant la règle du 51-49 au profit du partenaire algérien. «Les mesures d'encadrement des investissements étrangers prises par le gouvernement algérien ne représentaient aucune contrainte pour les firmes américaines qui ont, d'ailleurs, compris la nécessité de s'associer avec un partenaire local qui connaît le fonctionnement du système en Algérie» a précisé, hier, David Pearce, ambassadeur des Etats-Unis à Alger. Washing-ton n'a jamais coupé les ponts avec Alger. Plusieurs délégations de haut niveau y ont récemment séjourné. De même, il faut le souligner d'ailleurs, que les Américains sont contre le paiement des rançons aux terroristes. «Les gouvernements algérien et américain sont parfaitement d'accord sur ce point: nous sommes contre toute forme de concession accordée aux terroristes et nous avons transmis ce message à tous nos partenaires car le paiement des rançons n'est pas la bonne méthode», avait indiqué en juillet dernier Daniel Benjamin, coordonnateur de la lutte antiterroriste au département d'Etat américain, lors d'un point de presse animé au siège de l'ambassade américaine à Alger. Un point de vue partagé par Londres qui n'a jamais payé de rançon aux terroristes même quand la vie de l'otage Edwin Dyer, exécuté depuis par Al Qaîda, était en danger. En programmant leurs visites à quelques jours d'intervalle à Alger, Américains et Britanniques veulent mettre à profit les tensions entre Alger et Paris pour se placer sur le marché algérien. D'autant que ni l'un ni l'autre n'ont de passif lié au colonialisme à apurer en Algérie, contrairement à certains dont la venue reste tributaire de plusieurs facteurs.