«Pour qu'on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir.» Montesquieu Après un silence qui a duré moins d'un mois, la nouvelle ministre de l'Education nationale, Mme Nouria Benghebrit, est sortie de son mutisme en s'exprimant ouvertement sur les deux principales télévisions privées algériennes. La ministre était l'invitée avant-hier de la chaîne Dzair TV, interviewée par le rédacteur en chef du service arabe, Samir Agoune. Mme Benghebrit était peu après l'invitée de la chaîne Ennahar TV sur l'émission Hiwar Khass (Entretien privé). La ministre s'est également exprimée sur la télévision publique et cela à la veille des examens du bac. Si sur l'Unique, la première responsable de l'éducation est restée dans le cadre officiel et lisse, la ministre s'est totalement libérée sur les deux télés privées. Dans ces deux entretiens, la ministre de l'Education dont la nomination dans le gouvernement avait défrayé la chronique dans le milieu arabophone de l'éducation, a tenu à répondre à ses détracteurs en donnant des arguments valables et sûrs. A travers sa sortie audiovisuelle, la ministre de l'Education nationale a choisi de s'exprimer en arabe pour démontrer qu'elle était capable de s'exprimer dans la langue d'El Moutanabi. Si elle a choisi de s'exprimer sur Ennahar TV et Dzair TV c'est qu'elle savait qu'elle était en terrain conquis et qu'elle ne serait pas persécutée par des questions gênantes. Même si la question de ses origines juives a été évoquée, par les journalistes d'Ennahar TV, c'était surtout l'occasion pour la ministre de s'expliquer sur cette affaire qui a fait couler beaucoup d'encre. La ministre Nouria Benghebrit-Remaoun, est la petite-fille du frère de Kaddour Benghebrit. Ce dernier était un haut fonctionnaire et fondateur de l'Institut musulman de la Grande Mosquée de Paris. Si Kaddour Benghebrit a été même l'un des personnages principaux du film Les Hommes libres du Marocain Ismaël Ferroukhi, sorti en 2011. Depuis hier, la ministre est devenue après Sellal, la ministre la plus demandée des médias et des télévisions privées et publiques. En organisant une contre-attaque médiatique, sur les deux chaînes privées les plus regardées et un quotidien important de langue française, la ministre souhaite se faire une santé médiatique. Mme Benghebrit a visiblement zappé la chaîne Echourouk dont le journal s'est acharné sur elle en donnant la parole à un ancien cadre du ministère de l'Education pour la critiquer vertement et violemment. Aussi, la ministre de l'Education nationale a par ailleurs, évité de s'exprimer en langue française, la langue qu'elle maîtrise le plus. Avec son nouveau statut, l'ancienne directrice du Crasc d'Oran souhaite se reconstruire l'image d'une ministre sereine et capable de gérer son secteur. Après Sellal à l'APN, elle était la ministre qui a ameuté le plus de caméras et de photographes hier au lycée El Idrissi de la place du 1er-Mai lors du coup d'envoi officiel des épreuves du baccalauréat (session juin 2014). En fait, Mme Benghebrit était sous les projecteurs des caméras pour procéder à l'ouverture des plis du sujet de l'épreuve de langue arabe dans l'une des classes du centre d'examen. Tout un symbole. [email protected]