L'Université algérienne forme des cadres pour l'exil Rien que pour les étudiants, ils sont plus de 250.000 en moyenne à quitter chaque année le pays pour rejoindre universités et grandes écoles. L'Algérie consacre pour la première fois «un Salon pour l'étudiant». C'est un véritable événement compte tenu de ce qu'il «signifie» pour l'Université algérienne, les étudiants et pour le pays. Avant-hier, l'événement informe les étudiants sur leur devenir universitaire et l'enseignement supérieur en Algérie. Nous sommes partis couvrir l'événement, rencontrer des étudiants mais surtout découvrir une toute autre réalité... Ô combien elle interpelle! Nous sommes devant la salle polyvalente du village de l'université des sciences et technologies Houari-Boumediene (Usthb). L'heure affiche 10h30. Une immense foule d'étudiants s'est constituée à l'entrée. Les étudiants attendent 11h, l'ouverture du «Salon». Kamilia, étudiante en master 2 Géologie, parle avec sa copine: «Tu sais, si je trouve l'occasion, je quitte ce pays pour ne plus revenir! car, si je reste ici, je sais que je vais terminer mes études... pour rien. Je sais pertinemment que je ne vais pas trouver de job. Par contre, je crois que si je pars dans un autre pays, j'ai de fortes chances de pousser ma formation et de trouver du travail». Meriem, sa copine de la même promo, lui rétorque; «Là, je suis vraiment bien ici. Mais, je garde toujours en tête que je vais finir par partir un jour. J'ai décidé que je partirai une fois mariée. Je ne veux pas rester dans ce pays.» Sérieusement, Meriem ne supporte plus la vie en Algérie et croit dur comme fer qu'ailleurs, la vie est sans doute meilleure. L'année prochaine, elle se mariera... et partir, pour elle reste l'ultime pari! Entre-temps, les étudiants affluent de plus en plus devant la salle qui abrite «leur» salon. 11h, les agents de sécurité dressés devant la porte, décident enfin de laisser entrer les jeunes étudiants visiblement très avides de se renseigner. Tout étudiant, muni d'un cartable, qui rentre est soumis automatiquement à la fouille. Certes, là n'est pas le sujet,... mais pire! A l'intérieur, la majorité des stands sont occupés par des acteurs étrangers qui proposent des formations étrangères. Sur un peu plus d'une vingtaine d'exposants, l'on a constaté près de cinq Algériens. Pour ce qui est du salon lui-même, il est organisé par l'agence de communication «The Graduate». Son objectif, selon les organisateurs est «de permettre la rencontre des acteurs de la formation, algériens ou étrangers, (établissements de formation, écoles spécialisées, universités, enseignants, formateurs, conseillers pédagogiques et d'orientation, etc.) avec une population d'apprenants, toutes catégories et niveaux confondus qui souhaitent pousser plus loin leur formation en Algérie ou à l'étranger» Parmi les participants étrangers à ce salon, une première en Algérie, l'on retrouve entre autres le British Council, l'ambassade du Royaume-Uni, l'ambassade de France avec le campus France et l'Institut français d'Alger (IFA), l'ambassade de Russie avec l'organisation Racus qui pilote 16 universités russes... etc. Côté algérien, l'on retrouve la Haute école de commerce (HEC), l'Ecole supérieure algérienne des affaires, l'Usthb...L'ambiance était spectaculaire, les étudiants affluent sur les stands étrangers: «Comment peut-on poursuivre nos études dans votre pays?» «Combien ça nous coûtera une formation dans votre école», «y a-t-il des concours pour arracher une bourse afin de poursuivre la formation chez vous?»... Tous les étudiants veulent partir! Tous les étudiants se bousculent dans les stands américain, français, canadien, japonais, russe, anglais,... pour avoir l'information en «or»! La formule pour pouvoir s'inscrire ailleurs, dans une école à l'étranger. «C'est hyper intéressant comme salon, c'est une opportunité pour moi en tant qu'étudiant algérien. Déjà, ça nous permet de voir ce qui se passe à l'international dans le domaine de la recherche. On aimerait voir les chances qu'on a pour accéder à de prestigieuses écoles dans le monde. Surtout la recherche spécialisée qui n'existe pas en Algérie», dit Salma Zamoum, étudiante en master 1, Télécommunication, réseaux et multimédia. Une des belles découvertes du Salon des étudiants, c'est la présence de la Société des eaux et de l'assainissement d'Alger (Seaal). Ce n'est sans doute pas un problème de distribution d'eau au niveau de l'Usthb, mais la distribution des «chances», ironise un étudiant. Interrogée, la chargée de communication de la Seaal nous indique que «c'est la cinquième fois que la Seaal participe à ce type d'événement. Seaal a adopté une nouvelle politique de recrutement. Une nouvelle optique de formation et d'insertion des jeunes à la Seaal». Pour la responsable des ressources humaines de cette société «nous assurons des formations et des stages pour les jeunes diplômés dans toutes les spécialités dont nous disposons. Les étudiants nous sollicitent pour des stages de fin d'études. On les prend et on les forme aussi avant de les recruter par la suite». Enfin, en Algérie, les besoins de la formation et de qualification sont immenses et touchent les différentes tranches d'âge. Rien que pour les étudiants, ils sont plus de 250.000 en moyenne à quitter chaque année le pays pour rejoindre universités et grandes écoles. La France reste le premier pays d'accueil, soit 23.735 en 2011-2012.