Comme à chaque Ramadhan, les prix s'envolent Certes, il y a là cette fête mondiale du football qui peut faire oublier, ne serait-ce que de manière illusoire ce type d'épreuve. Le foot étant devenu l'opium du peuple. Un sport qui cristallise toutes les frustrations. Un paradis artificiel. La pilule sera malgré tout difficile à avaler. Amara Benyounès a-t-il jeté l'éponge avant l'heure? Le nouveau ministre du Commerce marche-t-il sur les pas de son prédécesseur? Les déclarations des deux départements ministériels ne diffèrent pas en tout cas. «Les préparatifs vont bon train et l'approvisionnement du marché en produits de base (légumes, fruits, viandes...) sera assuré avec abondance» avait déclaré Amara Benyounès, il y a quelques jours lors d'un séminaire qui s'est tenu à l'hôtel El Aurassi (Alger). Que disait son prédécesseur en 2012? «Toutes les conditions sont réunies pour assurer une disponibilité des différents produits durant ce mois sacré, qu'il s'agisse des céréales, de la semoule, de la farine, des légumes secs, du lait et de ses dérivés, des viandes, des fruits et des légumes frais... les marchés enregistreront une abondance des produits à des prix abordables pour le consommateur», avait promis, il y a deux ans, Mustapha Benbada, lors d'un point de presse tenu en marge de la visite qu'il avait effectuée dans la wilaya de Mostaganem (ouest du pays). Son successeur rejette toute responsabilité en ce qui concerne la flambée des prix annoncée. «Il faut que le citoyen comprenne que le ministère du Commerce ne peut rien faire face à l'augmentation des prix. Nous n'avons pas une baguette magique pour arrêter les prix. C'est une loi économique. Une question d'offre et de demande», a indiqué, le 14 juin le ministre du Commerce, Amara Benyounès, en marge du lancement à partir de Tipasa du registre du commerce électronique national (RCE). Benbada avait de son côté, conseillé la population à «une consommation rationnelle durant la première semaine du mois de Ramadhan, pour ne pas contribuer indirectement à une hausse des prix». Une autre façon de jeter la pierre au consommateur. Pour ne pas reconnaître l'impuissance du ministère du Commerce à lutter contre cette «mafia» qui redouble de férocité pendant le mois sacré. La conjoncture semble pourtant favorable à l'apaisement. La demande sera forte. L'offre sera abondante nous dit-on. Selon la simple logique des lois économiques, il n'y a aucune raison dans ce cas, pour que les prix atteignent des niveaux prohibitifs. Hélas! Tout indique que cela ne se passera pas ainsi. Les spéculateurs sont là. Ils vont imposer leur loi. Régner en maîtres sur le marché des fruits et légumes, des viandes rouge et blanche... Comme tous les ans. Pour gâcher la fête. Pour rendre infernal le quotidien des Algériens. Pour transformer un mois de piété, de solidarité et de générosité en...enfer. Sans que les pouvoirs publics chargés de défendre leurs intérêts ne puissent leur être d'aucun secours. Certes, il y a là cette fête mondiale du football à laquelle prend part l'Algérie qui peut faire oublier ne serait-ce que de manière illusoire ce type d'épreuve. Le foot étant devenu l'opium du peuple. Un sport qui cristallise toutes les frustrations. Un paradis artificiel. La pilule sera malgré tout difficile à avaler. C'est l'examen de passage le plus redoutable que doit certainement subir le nouveau ministre du Commerce. Amara Benyounès. Réussira-t-il là où a fait chou blanc Mustapha Benbada... et les autres? De sérieux indices montrent qu'il n'aura pas la partie facile. L'un et l'autre essaient ou ont essayé de faire face au même phénomène en utilisant le même procédé. Assurances quant à la disponibilité des produits et à l'approvisionnement des marchés. Importations massives des viandes ainsi que d'autres produits de consommation fortement demandés durant le mois du Ramadhan (pois chiches, citron...). Un «plan antispéculation» qui a montré ses limites par le passé. Comme l'ont été les armadas de contrôleurs chargés de veiller au respect des prix, mises sur pied chaque année pour traquer implacablement les profiteurs. 3500 agents ont été mobilisés pour le contrôle de la qualité et de la répression des fraudes pendant le mois de Ramadhan a annoncé Amara Benyounès. Ce qui n'a pas impressionné outre mesure les spéculateurs. L'offensive a été donnée au moins deux semaines avant le début du mois sacré. Les prix de la pomme de terre a affiché 60 Da le kilogramme, celui de la tomate entre 70 et 90 DA, le poulet se négocie autour des 320 DA le kg, les viandes rouges s'envolent à plus de 1200 DA le kilo... Des hausses soudaines d'origine purement spéculative. Et le phénomène va très probablement s'amplifier dans les jours à venir.