Lundi, aux environs de 22h, un véhicule militaire de marque Renault Express s'ébranle en direction du village de Bouksine dans la commune d'El Aïssaoui daïra de Tablat. Il est pris pour cible par des éléments armés, au nombre indéterminé. Deux des occupants du véhicule sont mortellement touchés, avant d'être brûlés à l'intérieur. Un troisième homme, un passager miraculé, réussit à prendre la fuite et alerte les militaires stationnés non loin du lieu de l'attentat. Une action qui intervient dans une région plus ou moins sécurisée, vu la répression et la diminution des attentats, deux, en l'espace d'une année, alors qu'El Aïssaouia était jadis, entre 1992 et 1998, un territoire entièrement contrôlé par le GIA. La région est située au nord-est de la wilaya de Médéa, ceinturée par des communes très affectées par le terrorisme, Baâta, Deux Bassins, Tablat et Mezghena, zones de transit des groupes armés entre les maquis de l'Est, Lakhdaria et Zbarbar et ceux de l'Ouest, Chréa. La région de Tablat que le GIA et l'AIS se partageaient, puis se disputaient avant d'être réinvestie, à nouveau, par les troupes de l'ANP, a subi d'énormes dégâts, au plus, fort du terrorisme, infrastructures de base dynamitées édifices publics, entreprises et sièges administratifs incendiés ou détruits totalement. Les pertes en vies humaines sont très importantes, aussi bien parmi les populations, contraintes sous la menace à s'exiler que parmi les citoyens qui transitaient par la région. L'année 1995 marque le début de la contre-offensive de l'armée, avec la mise en place de groupes d'autodéfense et le recrutement de gardes communaux. Il faudra attendre l'année 1998, l'approche de la visite historique de l'ex-président de la République, Liamine Zeroual pour assister à un nouveau tournant dans la lutte antiterroriste. La symbolique de la visite, surtout le déplacement à Tablat et l'enveloppe financière conséquente débloquée pour construire ce qui a été endommagé et détruit, constituent un message très fort sur la détermination de l'Etat à réoccuper le terrain et pourchasser les «criminels», «traîtres» et «mercenaires» dans le vocable officiel. L'attentat de lundi pourrait être l'oeuvre d'un groupuscule appartenant au GIA, de passage dans la région, pour une destination inconnue. L'acharnement contre les occupants du véhicule s'expliquait, selon certaines sources, par la similitude du véhicule utilisé, une Renault Express, très répandu au sein de la garde communale, qu'elle utilise pour ses déplacements et ses ravitaillements.