Les Libyens votent aujourd'hui pour élire une Chambre des représentants lors d'un scrutin législatif jugé crucial dans le processus de transition du pays, en proie à une instabilité politique et sécuritaire depuis 2011. Plus de 1,5 million d'électeurs sont ainsi appelés à élire les 200 membres de la future Chambre des représentants, qui doit remplacer le Congrès général national (CGN, Parlement), la plus haute autorité politique et législative. Ce Parlement a été élu en juillet 2012 lors du premier scrutin libre dans l'histoire du pays. Au total, 32 sièges sur 200 sont réservés aux femmes, tandis que les listes politiques ont été bannies. Seuls des «candidats individuels» mais pas forcément indépendants, ont été appelés à se présenter au scrutin. Ainsi la composition politique du futur parlement ne sera connu qu'après la formation de blocs politiques parlementaires. Les résultats préliminaires du scrutin devraient être annoncés à partir de vendredi. Les résultats définitifs devraient être annoncés mi-juillet, selon une source au sein de la Haute commission électorale (Hnec). Le nombre d'inscrits pour ce rendez-vous électoral, 1,5 million, est sensiblement inférieur de celui du dernier scrutin tenu en 2012 qui a dépassé 2,7 millions sur 3,4 millions d'électeurs éligibles. Plus de 1600 bureaux de vote seront ouverts de 8h (6h GMT) à 20h, à travers le pays divisé en 17 circonscriptions. Plus de 3 800 Libyens résidant à l'étranger ont voté samedi et dimanche à travers 22 bureaux dans 13 Etats arabes et étrangers. Le taux de participation est de 38%, selon un communiqué de la Hnec publié lundi. Le scrutin a été maintenu malgré une escalade des violences en particulier dans l'est du pays, théâtre depuis un mois d'affrontements quotidiens entre une force paramilitaire loyale au général dissident Khalifa Haftar et des groupes extrémistes. La communauté internationale, qui a qualifié les élections législatives du 25 juin en Libye de «cruciales» et d'étape importante dans la transition politique dans ce pays, a appelé les différentes parties à assurer la tenue pacifique du scrutin. Dans une déclaration unanime, les 15 pays membres du Conseil de sécurité de l'ONU ont demandé à toutes les parties de s'assurer que les élections se tiennent de manière pacifique dans tout le pays et que «tous les Libyens soient à même d'exercer leur droit de participer au scrutin». Ils ont aussi invité toutes les forces politiques en Libye qui rejettent le terrorisme et la violence à «dialoguer pour forger un consensus sur les prochaines étapes et priorités de la transition démocratique», en se disant «toujours très inquiets des divisions politiques et de l'aggravation de la situation en matière de sécurité, qui ne peuvent être résolues que par une réactivation du processus politique». Pour sa part, l'Union européenne (UE) s'est félicitée de l'organisation de ces législatives, y voyant une «étape cruciale» dans un contexte de «nette détérioration» de la situation politique et sécuritaire. «La Libye se trouve à une étape cruciale de son processus de transition vers la démocratie, qui peut être franchie avec succès si toutes les parties prenantes s'engagent à mener un dialogue politique constructif», ont estimé les ministres des Affaires étrangères de l'UE lors de leur réunion lundi à Luxembourg. Dans cette perspective, l'UE appelle à l'organisation d'élections «ouvertes à tous et crédibles», qui permettent la participation «des minorités et des femmes», «en vue de la constitution d'un Parlement capable d'incarner un consensus national et de jouer son rôle dans la formation d'un gouvernement bénéficiant d'un large soutien politique». Le gouvernement libyen avait chargé le ministre de l'Intérieur par intérim et le chef d'état-major de l'armée régulière de mettre en place un plan de sécurité pour les élections. Mais en l'absence d'une armée et d'une police professionnelles, leur tâche ne sera pas aisée, notamment après la défection de plusieurs unités qui s'étaient ralliées au général Khalifa Haftar.