Un marché à Amman Le Ramadhan, ce mois sacré pour lequel les familles jordaniennes perpétuent, comme il se doit, des rituels qui lui sont spécifiques, permettant ainsi aux traditions ramadhanesques de résister aux avatars du temps. En effet, chacun y met du sien pour conserver les coutumes et commémorer le mois sacré dans la spiritualité et la joie de vivre. Un état d'esprit spécifique aux pays du Moyen-Orient, tout autant que les pays du Maghreb. L'ambiance, même moins euphorique que d'habitude, dénote d'une volonté collective de ne pas gâcher la fête. Faisant contre mauvaise fortune bon coeur première fresque du décor général, des croissants lumineux, signe de gaieté annonçant l'avènement du mois du jeûne dans le royaume de la cité antique Pétra. Pour le plaisir des grands et des petits, des décorations lumineuses sont fièrement accrochées aux fenêtres des maisons. Les ménages jordaniens prennent un énorme plaisir en allant les acheter et en choisissant le meilleur emplacement pour les exhiber. Ces jeux de lumière sont allumés à l'approche de la rupture du jeûne, faisant ainsi de la capitale Amman, une somptueuse toile baignant la ville dans la pureté et la piété, au crépuscule d'une nouvelle journée d'adoration de Dieu. L'élan de dévotion est perceptible dans les 800 mosquées implantées dans la capitale jordanienne. Chaque soir, les fidèles investissent ces lieux de culte pour la prière des tarawihs. Une occasion pour les imams de faire rappeler les vertus du jeûne et le devoir de solidarité envers ceux dans le besoin. Ainsi, à la sortie des mosquées, la collecte de dons et de la «zakate» est devenue une tradition ancrée dans les esprits des Jordaniens. Dans un dosage distingué entre le spirituel et le temporel, la ville d'Amman reste vivante, jour et nuit. Au moment de la sortie des fonctionnaires et des employés, les rues commerçantes deviennent plus animées. La ruée habituelle sur les denrées alimentaires, nécessaires à la préparation de la table d'un f'tour appétissant, est manifeste dans tous les coins de la cité. Durant le mois sacré, l'alcool est en vente uniquement aux non-musulmans et seulement dans les grands hôtels. Il est interdit de manger, de boire et de fumer en public pendant la journée. En signe de respect, les touristes sont priés de s'en abstenir également en public durant les heures de jeûne. Pendant le Ramadan, la plupart des magasins, des banques et des bureaux ouvrent, plus tard, vers 9h, et ferment plus tôt, vers 14h. Originalité des us et des coutumes ramadhanesques La Jordanie est un pays très riche en culture, il est considéré comme le berceau des civilisations, s'y rendre c'est un peu aller à la découverte de la source originelle. Ce pays est tellement ancré dans ses traditions, que les us et coutumes prennent une grande place qu'il faut impérativement respecter. L'art culinaire notamment le «mansaf» qui est un délice incontournable de la cuisine jordanienne. Mais, le renchérissement des produits alimentaires, surtout les viandes rouges, ne va pas dissuader les Jordaniens de préparer le «mansaf», cette spécialité nationale. C'est un mets d'origine bédouine à base de morceaux de viande d'agneau et de riz basmati. Le plat est agrémenté d'amandes et de pignons grillés. Pour boucler la boucle, on arrose d'une sauce au yaourt brassé chaude. Quand le «mansaf» est servi, il n'y a plus de place pour l'étiquette. Il faut retrousser les manches et faire travailler ses doigts, même si c'est tout brûlant. Ce délice culinaire fait la fierté des Jordaniens. C'est le code social pour se montrer hospitalier et souhaiter sincèrement la bienvenue à ses invités, en particulier ceux venant d'autres pays arabes. Et pour digérer ce repas copieux, les habitants d'Amman partent à la conquête des «malls», appellation communément donnée aux centres commerciaux dont le nombre a triplé au cours des dix dernières années. Dans l'enceinte de ces symboles d'une société de consommation en pleine expansion, on peut constater que la frénésie du shopping est toujours de mise. Les jeunes, quant à eux, sont plutôt tentés par les «tentes ramadhanesques» où la braise du narguilé est toujours bien ardente jusqu' aux dernières heures de la nuit. Les amateurs de la pipe orientale et des rythmes enchanteurs ont un mois devant eux pour en profiter. Loin du high-tech de la partie Ouest de la capitale, l'ancienne médina ou le «downtown», comme la surnomment les nouvelles générations, est le lieu de prédilection des Jordaniens pour replonger dans l'univers de l'authenticité. Par ses venelles étroites, ses odeurs captivantes et la simplicité de ses gens qui continuent de perpétuer la tradition du premier jour du jeûne de l'enfant. En effet, fidèles aux traditions, les familles jordaniennes ne manquent pas de célébrer le premier jeûne de leurs enfants. Dès que le muezzin appelle à la prière de l'iftar, l'enfant, en habit traditionnel, reçoit pour l'occasion, des félicitations et des cadeaux des parents et des proches. Que ce soit fille ou garçon, l'enfant est pour le premier jour de son jeûne, la star de la soirée, de par les gâteries des parents, surtout la maman, qui prépare les plats préférés de son enfant. D'une tradition à l'autre, Amman-Centre offre aussi un remède du mal du pays pour les étrangers d'origine arabe et un haut-lieu d'exotisme pour ceux descendant d'une autre culture. Les traditions ramadhanesques ancestrales sont restées profondément ancrées dans le patrimoine national du Royaume hachémite. Cet attachement aux traditions ancestrales et ouverture sur la modernité enseigne sur l'ambiance spéciale conciliant traditions et modernité au sein de cette cité séculaire. En effet, les Jordaniens vivent la nostalgie du passé de la coexistence religieuse et de la spiritualité dans cette capitale typiquement orientale. En conclusion, le Ramadhan, est toujours ce mois sacré pour lequel les familles jordaniennes perpétuent, comme il se doit, des rituels qui lui sont spécifiques, permettant ainsi aux traditions ramadhanesques de résister aux avatars du temps.