La condamnation du directeur du journal Le Matin a provoqué une onde de choc La défense du directeur du journal Le Matin, Mohamed Benchicou, a fait appel de sa condamnation avant-hier à deux ans de prison ferme. Ainsi, l'avocat Khaled Bourayou dira que «la défense espère que l'affaire sera programmée au plus vite» en précisant qu'il faut 10 à 15 jours au minimum et un mois au maximum pour que le parquet fixe une date. En attendant, la condamnation de Benchicou a provoqué une onde de choc au sein de la classe politique nationale et de la presse privée algérienne. Ainsi, le FFS dénonce, dans un communiqué signé hier par Djoudi Mammeri, «vigoureusement la condamnation du journaliste-directeur du quotidien national Le Matin». Une condamnation, poursuit le parti d'Aït Ahmed, qui dévoile la stratégie des décideurs qui, derrière les proclamations démocratiques envers les partenaires économiques et politiques de l'Algérie, oeuvrent par des moyens dilatoires et répressifs, à imposer le silence aux Algériens. Pour sa part, le Forum démocratique, présidé par Zoheir Rouis, déclare, à partir de Paris, avoir appris avec révolte et consternation la condamnation de Mohamed Benchicou. De son côté, le MDS de Hachemi Cherif estime, dans un communiqué intitulé «Benchicou en prison, Merzag, Abassi et Benhadj en liberté», que Benchicou a été condamné sous les accusations les plus inconsistantes. Qualifiant le procès de scandaleux, le MDS dira que la condamnation est «une parodie digne des dictatures les plus sinistres qui annonçait que la décision avait été déjà prise ailleurs vu le dispositif policier déployé dans la matinée». Le verdict, ajoute le MDS, vient sanctionner une démarche du pouvoir décidé à faire taire tous ceux qui s'opposent à sa politique de régression nationale et cela, en contradiction avec toutes les déclarations autant du président de la République aux sommets des Etats arabes et du G8 que celles du chef du gouvernement. En contrepartie, le parti de Hachemi Cherif dénonce l'instrumentalisation honteuse de la justice qui appelle à la réaction nationale et internationale la plus déterminée et la plus large. D'autre part, la Cadc, (Coordination des archs, daïras et communes) déclare que les conditions qui ont entouré ce procès dénotent que tout est programmé. Tout en qualifiant cette condamnation d'«inique», la coordination de Tizi Ouzou souligne que ce procès confirme les orientations du régime allant dans le sens de «l'installation d'un Etat policier similaire à celui de la Tunisie». Sur le même volet, la Cadc déclare que l'opinion nationale et internationale est alertée sur ces graves dérives totalitaires et les pratiques d'instrumentalisation de la justice. Même son de cloche chez l'ensemble de la presse privée qui appréhende cette condamnation comme un avertissement contre tous les autres titres. A cet effet, un rassemblement est prévu aujourd'hui à la Maison de la presse Tahar Djaout pour exiger la libération de Benchicou et de Hafnaoui. L'ensemble de la presse, de la classe politique et du mouvement associatif est appelé à exprimer sa solidarité.