Plusieurs journalistes et titres de journaux, ont vu leurs peines dont ils ont écopé en première instance, s'alourdir. Les verdicts, rendus mercredi dernier par la cour d'appel d'Alger dans les affaires liées au délit de presse, ont été soit une confirmation du jugement soit une peine plus lourde. En fait, la deuxième instance a prononcé sa sentence dans quatre procès en appel. Elle a ainsi confirmé la peine de six mois de prison avec sursis infligée en première instance au directeur de la publication d'El Watan, Omar Belhouchet, assortie d'une amende de 50 000 DA. Le procès, qui s'est déroulé en première instance le 4 janvier dernier, opposait ce journal à Tahar Zbiri. L'affaire concernait un article paru le 30 novembre 2003, en page 23 d'El Watan, qui évoquait « les interventions » que M. Zbiri aurait faites auprès du Trésor public au profit d'un de ses amis, un exploitant agricole dans le grand Sud. Aussi, la même instance judiciaire a revu à la hausse la peine prononcée à l'encontre de Fouad Boughanem, directeur de la publication du Soir d'Algérie, dans le procès l'opposant à Mohamed Bedjaoui (à l'époque où il était président du Conseil constitutionnel). Ainsi, M. Boughanem a été condamné par la cour d'appel à six mois de prison avec sursis et une amende de 10 000 DA, alors qu'il avait écopé, en première instance, d'une peine de deux mois avec sursis. Cela en dépit du fait que le plaignant, Mohamed Bedjaoui en l'occurrence, s'est désisté. L'avocat de ces deux quotidiens, Me Khaled Bourayou, juge « sévères » les peines prononcées dans ces deux affaires, mais aussi dans bien d'autres procès contre la presse. « On continue de juger sévèrement les journalistes pour des articles contre des personnalités dont une a même retiré sa plainte. Ainsi, je me demande à quoi répond cette sévérité si ce n'est de faire du journaliste un coupable à tous les coups, quels que soient ses moyens de preuve et de défense », a-t-il commenté. La cour d'appel a également rendu son verdict dans deux affaires concernant Le Matin, suspendu depuis le 23 juillet 2004, son directeur, Mohamed Benchicou, emprisonné depuis le 14 juin 2004, le chroniqueur Sid Ahmed Semiane (SAS), le caricaturiste Ali Dilem et la journaliste Ghada Hamrouche. L'affaire, jugée en première instance le 28 décembre 2004, est liée à des réactions à chaud de SAS et de Dilem, recueillies par Ghada Hamrouche, et parues dans l'édition du Matin du 10 avril 2002. Le verdict de la première instance a été confirmé. Ainsi, M. Benchicou et Ghada Hamrouche ont écopé d'une peine de six mois de prison avec sursis, assortie d'une amende - plus lourde - de 200 000 DA chacun. Une autre amende, de 2,5 millions de dinars, a été infligée au Matin. SAS et Dilem ont été condamnés par défaut à six mois de prison ferme. La même juridiction a condamné M. Benchicou et SAS à payer une amende de 250 000 DA chacun dans un autre procès lié à une chronique de ce dernier. Amendes qui étaient de 50 000 DA contre Benchicou et de 100 000 DA contre SAS, lors du jugement en première instance. Plusieurs autres affaires seront examinées dans les prochaines semaines. Il s'agirait notamment des procès opposant Mohamed Benchicou à Chakib Khelil, au milliardaire émirati Al Shorafa et bien d'autres qui sont programmés pour le 4 janvier 2006.