L'Algérie ne devrait pas rester en marge de la mobilisation pour dénoncer les agressions et les crimes commis contre le peuple palestinien Louisa Hanoune a annoncé avant-hier «avoir arraché un accord de principe du Premier ministre, Abdelmalek Sellal». Les manifestations de soutien à Ghaza seront autorisées dans toutes les wilayas, y compris à Alger. C'est ainsi que le débat autour de la liberté de manifester dans la capitale occupe de nouveau l'actualité suite aux déclarations de la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, qui a annoncé avant-hier «avoir arraché un accord de principe du Premier ministre, Abdelmalek Sellal». La patronne du Parti des travailleurs a fait savoir, en marge de la clôture de l'université d'été de son parti à Zéralda, qu'elle a «sollicité personnellement le Premier ministre sur cette question». «Je lui ai signifié que l'Algérie ne devrait pas rester en marge de la mobilisation qui a lieu partout dans le monde pour dénoncer les agressions et les crimes commis contre le peuple palestinien», a-t-elle indiqué. Selon Louisa Hanoune, Abdelmalek Sellal a répondu «positivement», tout en évoquant «un accord de principe de la part des autorités». Pour formaliser cet engagement du gouvernement, Sellal et Hanoune devraient se rencontrer très prochainement afin d'examiner le volet ayant trait à l'encadrement et à l'organisation de ces marches. Louisa Hanoune a annoncé, par la même occasion, la tenue d'un rassemblement de soutien à Ghaza en coordination avec le syndicat de l'Union générale des travailleurs algériens (Ugta) au siège central de l'organisation syndicale à Alger, demain à 11h. Il est à se demander si ce n'est pas là un signe pour une levée définitive de l'interdiction de manifester au niveau de la capitale. Difficile à dire puisque les pouvoirs publics ont opté pour cette décision depuis plus d'une décennie et ne semblent vouloir la remettre en cause qu'exceptionnellement. Ces initiateurs ont toujours défendu et justifié ce choix en évoquant la prétendue disposition juridique qui date de 2001. Pour bon nombre d'observateurs, l'autorisation de manifester accordée pour les «pro-Ghaza» ne changera en rien la donne. Le gouvernement ne peut cependant pas se mettre en porte-à-faux d'une rue révoltée par tant de barbarie et de sauvagerie de l'armée israélienne. La solidarité de l'Algérie pour la cause palestinienne n'est pas un vain mot. C'est donc de manière pratiquement naturelle que le gouvernement a décidé d'autoriser les manifestations en signe de solidarité, jamais remise en cause avec le peuple de Ghaza martyrisé. Affichant au même titre que les autres pays, qui ont vu leur capitales bouger à coup de mégamarches, leurs réprobation de la sauvage agression de l'Etat sioniste contre le peuple palestinien. C'est aussi une manière de rappeler à la France, patrie des droits de l'homme qui vient d'interdire ce type de manifestation dans sa capitale, qui s'érige en donneuse de leçons que ses prises de position en matière des droits de l'homme demeurent extrêmement sélectives selon les pays et certaines régions du monde. Ses interventions en Libye ou en Syrie sont édifiantes à plus d'un titre. Quant à nos préoccupations «algéro-algériennes» concernant le droit de manifester dans la capitale, des voix s'élèvent pour rappeler qu'il est garanti par la loi fondamentale. «Tenir des réunions publiques est un droit et une liberté fondamentale du citoyen, garantis par la Constitution» font remarquer, à l'unisson, magistrats et syndicalistes. «Les références juridiques relatives aux réunions et aux manifestations publiques n'autorisent ni ne permettent au gouvernement ni à l'autorité administrative d'interdire l'exercice de ce droit sur une partie ou tout le territoire national» précisent-ils. Les lois sont là et criantes. L'article 41 de la Constitution, placé sous le chapitre» Droits et Libertés», stipule ce qui suit: «Les libertés d'expression, d'association et de réunion sont garanties au citoyen.» Pour l'histoire, l'interdiction de manifester dans la capitale remonte à juin 2001 suite à la marche des archs. Le gouvernement de l'époque conduit par Ali Benflis avait décidé de renforcer le dispositif liberticide en interdisant les manifestations à Alger. Une interdiction qui empêcha, depuis ce jour l'opposition d'exprimer son droit publiquement. Rappelons que la loi 89/28 de décembre 1989, relative aux réunions et aux manifestations publiques avait été le fruit de l'ouverture démocratique provoquée par les événements d'octobre 1988. Toute organisation désireuse de tenir une manifestation publique devait juste déposer une demande, cinq jours à l'avance auprès du wali, lequel devait délivrer un récépissé sur le champ. Une loi qui fut amendée en décembre 1991 suite à la grève du FIS (dissous en 1992), avant que l'état d'urgence ne soit décrété en février 1992, suite à l'arrêt du processus électoral, prolongé par un décret législatif en 1993. Depuis plus de 20 ans que l'opposition a beau clamer son droit à manifester, l'état d'urgence ne sera finalement levé qu'en 2011 tandis qu'Alger demeure interdite aux voix libres.