Des célibataires, des propriétaires de biens, des personnes résidantes à l'étranger, des proches de responsables... figureraient parmi ces bénéficiaires. La protestation monte d'un cran. Hier encore, ils étaient des centaines à battre le pavé devant la daïra et la wilaya pour crier leur rejet des listes des bénéficiaires du logement public locatif (social). En choisissant le dossier de l'habitat lors de sa dernière sortie sur terrain, le wali de Bouira a voulu apaiser le mécontentement suscité par la dernière liste de distribution des logements sociaux. Ce segment de l'habitat social n'a pas bénéficié d'un quota depuis 2006. C'est-à-dire huit années. La pression a augmenté. Depuis l'affichage, à 4 h du matin en divers points de la ville, des listes qui comprenaient les bénéficiaires du recasement, de l'éradication des habitats précaires et des heureux élus du social, la rue n'a pas décoléré. Hier encore, ils étaient des centaines devant les sièges de la daïra et de la wilaya. «En gelant la liste, le wali fait preuve d'une bonne volonté. Nous espérons qu'il ne sera pas, lui aussi, trahi» nous a confié un jeune venu déposer son recours. Le wali a annoncé la mise en place d'une commission d'enquête qui examinera les cas un par un. Le chef de l'exécutif de Bouira considère que les incidents survenus lors de l'affichage des listes sont fort regrettables. Les résultats de l'enquête définiront les responsabilités. «Nous restons confiants et sereins. Pour l'heure, nous avons partiellement gelé les listes dans le but de laisser la commission d'enquête faire son travail.» Le chef de la daïra de Bouira de son côté, cité et accusé d'être à l'origine de «cette mascarade de liste» se défend en assurant que «son établissement a eu lieu dans la transparence et que les contestataires ont des voies de recours pour contester. Concernant ceux qui m'accusent, eh bien qu'ils aient le courage de saisir la justice et apporter des preuves tangibles de ce qu'ils avancent». Dans ce climat de tension, les citoyens se demandent si l'enquête touchera les membres de la commission, présumés coupables de ce qui vient de se passer. Selon certains, une cinquantaine de logements ont été attribués à des personnes qui n'ouvrent pas droit. Des jeunes filles, des célibataires, des propriétaires de biens, des personnes résidentes à l'étranger, des proches de responsables... figureraient parmi ces bénéficiaires. L'enquête confirmera ou infirmera les soupçons des contestataires. «Le premier pas vers le rétablissement du droit est franchi par le wali. Aux autres responsables de suivre», nous dira Yacine H., ce jeune qui a tenté de s'immoler.