Le théâtre en fête «Chacun de nous a une responsabilité pour promouvoir cet art...», dira en substance, la nouvelle ministre de la Culture, Nadia Labidi. Le Théâtre national algérien Mahiedine Bachtarzi a accueilli jeudi soir l'ouverture du Festival national du théâtre professionnel en grande pompe. Entre l'hymne national et la zornadjia qui a fait peur à la ministre de la Culture, cette soirée était l'occasion de rendre hommage à feu M'hamed Benguettaf par un montage dramaturgique intitulé Adhouae (Lumières). Mais comme le veut la tradition officielle, c'est le commissaire du festival qui a eu la primeur de faire son discours de bienvenue suivi de la nouvelle ministre de la Culture, Nadia Labidi qui reviendra une énième fois sur ses désirs et préoccupations du secteur, arguant qu'il faut multiplier les écoles de théâtre tout en saluant la fibre de solidarité qui a émaillé beaucoup d'artistes dans différents festivals durant cet été envers Ghaza. «Ce rendez-vous est une halte pour découvrir les nouveaux talents, mais aussi accueillir les pays invités et constituer une famille. Chacun de nous a une responsabilité pour promouvoir cet art qui englobe en lui plusieurs formes artistiques et permet de développer aussi l'écriture... Il faut en faire profiter beaucoup de jeunes, qu'ils puissent le pratiquer, l'exercer et l'apprendre en toute liberté. Il faut oeuvrer à ce qu'il y ait dans chaque coin de quartier une école de théâtre. Et avec vous, on doit ouvrir des ateliers de formation, de théâtre ici et là, et moi je suis là que pour créer les mécanismes qui serviront à concrétiser ces idées. Et maintenant, j'annonce l'ouverture solennel du festival...» a-t-elle déclaré, suscitant de forts applaudissements parmi la vaste assistance. Suite à cela, le fils de M'hamed Benguettaf, Djaâfar Benguettaf a été invité sur scène. Ce dernier surprendra le public quand il révélera: «Je ne suis pas le seul fils de Benguettatf. Vous êtes aussi ses enfants!». Place enfin au théâtre. L'espace ressemblait à un damier où des hommes et femmes debout et tout habillés de blanc sont là pour déclamer souvent des complaintes sentencieuses ou se lamenter sur leur sort. Des panneaux aussi sont visibles au milieu de la scène. En arrière-fond comme sorti d'un passé nostalgique des costumes sont visibles, pour suggérer l'arrière-salle ou les coulisses d'un théâtre. Et puis, un homme en burnous s'avance. S'ensuivra une vieille dame assise sur une natte, moud du blé et puis cette femme debout, comme de marbre, à la voix belle qui chante parfois. La mise en scène est dépouillée, minimaliste. Le décor sobre et la musique concentrée sur les cordes d'un oud tragique finissent par envelopper l'atmosphère dans une aura de tristesse aiguë. Mais fort heureusement quelques moments d'embellie et d'humour viendront adoucir le ton de ce théâtre de fantômes...Mise en scène par Abdelkrim Beriber et Yacine Zaïdi sur une idée d'Amel Menghed, Adhouae est une fresque composée de passages de différents travaux D'écritures et d'adaptations de l'ex-directeur du Théâtre national algérien. De ces tableaux collés comme dans un patchwork, on reconnaîtra forcément de Akd El Djouher, Fatma, Ech'Chouhada Yaâoudouna Had El Ousboue, EtTamrine, Galou laârab galou, Arrêt fixe et El Ayta. Les comédiens revêtent le plus souvent un trait solennel sacralisant encore le mythe de ces célèbres pièces de théâtre tombé dans le registre du patrimoine national, encore plus à la suite de leur auteur. Yasmine Abdelmoumen, Hadjila Kheladi, Sali Bennacer, Faïza Amel, Djamel Guermi, Abdelkrim Beriber, Fouad Zahed, Abbas Mohamed Islam et Mourad Oudjit, incarnant différents personnages dans une ambiance surchargée de nostalgie. Et c'est là ou le bât blesse. S'il est dit que «cet être est parti en emportant avec lui son secret», rien n'est fait allusion à l'avenir mais la pièce reste arc-boutée dans le passé vaporeux, inspirant souvent turpitude et lassitude. La musique est signée Mohamed Zami, et la scénographie, oeuvre de Mourad Bouchehir est faite de deux longs pantalons qui suggèrent la liaison entre l'au-delà et le monde des vivants. Un monde hélas stagnant qui n'a pas évolué... Les comédiens, dans un ultime sursaut dramaturgique, finissent par se tourner au dernier tableau et nous faire face, dévoilant ainsi le fanion palestinien qu'ils viennent tout juste de porter...Notons enfin que Le 9e Fntp verra concourir 17 spectacles et présentera un spectacle égyptien en tant qu' «invité du festival» au TNA, alors que, neuf autres prestations seront présentées en dehors de la compétition à la salle El Mougar. En marge des représentations, un colloque scientifique, un atelier de formation, des lectures poétiques et des présentations littéraires sont également au menu de ce festival et ce, jusqu'au 8 septembre.