La campagne pour le «oui» ou le «non» à l'indépendance de l'Ecosse fait rage à six jours du référendum Glasgow, ville d'Ecosse la plus peuplée et à ce titre la plus courtisée, accueillait hier des ténors des deux camps, dont pour la première fois le dirigeant de l'Ukip populiste et europhobe Nigel Farage. Le duo indépendantiste Alex Salmond et Nicola Sturgeon se rendait dans pas moins de six villes hier pour porter haut les couleurs d'une Ecosse indépendante et tenter de convaincre les derniers indécis: la numéro 2 du SNP ouvrait le bal dans la banlieue défavorisée de Glasgow, avant Edimbourg et Stirling. Sous un ciel gris et bas, l'indépendantiste, accompagnée de l'acteur-réalisateur Peter Mullan, dénonçait une nouvelle fois «les tactiques négatives interminables» du camp du non devant le centre local pour demandeurs d'emploi. Les débats étaient passionnés du fait de la présence de militants du non et de journalistes. Le Premier ministre écossais prenait lui la voie des airs pour rejoindre Aberdeen, Inverness puis Dundee avant de retrouver Nicola Sturgeon à Perth. Ils comptent mettre en lumière ce qu'ils présentent comme les sept atouts-clés de l'indépendance: le pouvoir de créer des emplois, la protection du service de santé publique NHS, des économies résultant du départ des sous-marins nucléaires Trident, la réforme de la garde d'enfants, le contrôle de la sécurité sociale et du salaire minimum et enfin la capacité «de toujours obtenir le gouvernement pour lequel nous votons». Le leader des travaillistes, Ed Miliband - tenant du non - faisait quant à lui équipe avec l'ancien Premier ministre Gordon Brown et le dirigeant écossais du Labour Johann Lamont à l'occasion de l'ultime rassemblement travailliste à Glasgow, pour tenter de contenir l'hémorragie de voix fuyant le centre gauche pour se porter sur les nationalistes et leurs velléités séparatistes. Nouveau venu dans la campagne en terres écossaises, le leader de l'Ukip Nigel Farage tient son propre rassemblement à Glasgow dans la soirée. En présence des députés européens du parti populiste et europhobe, il compte affirmer haut et fort qu'Alex Salmond ne fait en réalité pas campagne pour l'indépendance mais pour un nouveau type d'assujettissement, à l'Union européenne cette fois. «Je crains que les gens soient passés du côté du oui, croyant que c'est un projet noble et audacieux de la part de M. Salmond qui voudrait une Nation indépendante et autogouvernée, quand il n'y a rien de tel». «M. Salmond veut que l'Ecosse fasse partie de l'Etat européen. Il veut que ses lois soient décidées à Bruxelles», a dénoncé sur la BBC le responsable de l'Ukip. Lui-même est partisan d'un transfert de pouvoirs accrus à une Ecosse qui resterait au sein du Royaume-Uni, comme les chefs des trois principaux partis de Westminster, conservateur, travailliste et lib-dem. Le dernier sondage YouGov montrait hier une remontée du camp du non en tête des intentions de vote. Parmi les 1.268 personnes interrogées entre mardi et jeudi, 50% comptent voter non contre 45% oui, près de 4% restant indécis et environ 2% ne comptant pas voter. Cette enquête d'opinion montre une chute du oui de deux points par rapport à dimanche dernier et une remontée de cinq points du non, par rapport au dernier sondage Yougov. Du côté des entreprises, le grand magasin John Lewis a mis en garde les consommateurs écossais, affirmant qu'ils seraient susceptibles de faire face à une hausse des prix après l'indépendance, un avertissement également repris par la chaîne de supermarchés Asda. Prenant le contrepoint de cette position, le président de la chaîne de pub JD Wetherspoon a qualifié d'«absurdité totale» l'argument selon lequel l'Ecosse serait trop petite pour prospérer. «La Nouvelle-Zélande a une population équivalente à l'Ecosse et sa propre monnaie et elle se porte extrêmement bien. Singapour a une économie fantastique avec seulement deux à trois millions d'habitants, tout comme la Suisse», a-t-il fait valoir. «Il n'y a évidemment aucune raison pour que l'Ecosse ne puisse pas avoir son propre gouvernement, si c'est ce que les Ecossais désirent. C'est à eux de décider», a-t-il conclu.