L'Algérie a importé pour près de 40 milliards de dollars entre le mois de janvier et le mois d'août: une hausse de plus de 4% par rapport à la même période de l'année dernière. Si la dégringolade des prix du pétrole et la baisse des recettes pétrolières n'inquiètent pas outre mesure le premier ministre, la hausse vertigineuse des importations qui ne s'est apparemment pas invitée lors des travaux de la 17e tripartite risque de faire revenir sur terre les différents acteurs de cette rencontre (gouvernement, patronat, et Union générale des travailleurs algériens). Elle gangrène de manière spectaculaire les recettes engrangées par les exportations des hydrocarbures. Alors que le prix du baril de pétrole est en chute libre. Le Sahara Blend, le brut de référence algérien, a dévissé de près de six dollars en août: 100, 86 dollars le baril contre 106,74 dollars en juillet. L'Algérie qui a clôturé l'année 2013 avec une facture des importations de quelque 55 milliards de dollars doit s'attendre à ce que cette contre-performance s'accentue. L'addition sera salée d'ici la fin de 2014. La barre des 60 milliards de dollars est en ligne de mire. Un nouveau record dont l'économie nationale se serait volontiers passé. Il serait étonnant que la barre soit redressée en l'espace de quatre mois. Réduire l'addition des importations figurait pourtant parmi les défis majeurs du gouvernement. Les carottes sont cuites.Le pari est perdu. La réalité est implacable. Les chiffres indiscutables. Les importations se sont établies à 39,10 milliards de dollars contre 37,59 milliards de dollars, durant les huit premiers mois de l'année soit en hausse de 4,02% par rapport aux huit premiers mois de 2013 ont indiqué le 20 septembre les services des Douanes algériennes.Une hausse exponentielle qui saigne l'économie nationale. Elle est passée de 20 milliards en 2004, à 21 milliards en 2006, 27,63 milliards en 2007 et près de 40 milliards en 2008 pour se hisser au-dessus des 46 milliards en 2012. Une courbe qu'aucun gouvernement n'est parvenu à inverser. Un véritable danger qui risque de compromettre à moyen terme les chantiers d'envergure engagés dans le cadre du plan de développement économique du pays. Pire, car si l'on en juge par cette progression irréversible qu'elle a entamée ces dernières années et la conjoncture défavorable du marché pétrolier, les recettes des hydrocarbures qui ne cessent de baisser menacent de ne plus satisfaire la demande nationale. Certes, l'Algérie continue à dégager un excédent commercial grâce à ses exportations d'hydrocarbures mais celui-ci ne cesse de baisser depuis le début de l'année 2013. Une hémorragie qui n'arrive pas à être stoppée. «L'Algérie a réalisé, durant les huit premiers mois de 2014, un excédent commercial de 4,67 milliards de dollars (md usd) contre 5,87 usd à la même période de l'année écoulée, en baisse de 20,44%» signale le Centre national de l'informatique et des statistiques des Douanes (Cnis) qui précise que: «De janvier à août dernier, les exportations de l'Algérie ont atteint 43,77 milliards de dollars contre 43,46 milliards de dollars à la même période de 2013, enregistrant une légère hausse (0,71%)». Les exportations d'hydrocarbures n'ont quant à elles pas fini de broyer du noir.Elles assurent près de 96% des recettes en devises au pays tout en accusant une petite baisse. Due certainement au recul des prix du pétrole. «Les hydrocarbures ont continué à représenter l'essentiel des exportations algériennes avec une part de 95,84% du volume global des expéditions à l'international, soit 41,95 mds usd les huit mois de 2014 contre 42,13 mds usd à la même période de l'année dernière, enregistrant ainsi une légère diminution de 0,43%» souligne le communiqué du Cnis. Quant aux exportations hors hydrocarbures, elles restent insignifiantes. A peine 1,83 milliard de dollars pour les huit premiers mois de 2014. Des chiffres qui montrent que le sentier que doit emprunter l'Algérie pour s'affranchir de son pétrole est un véritable chemin de croix.