L'Expression: La wilaya de Béjaïa enregistre un taux de raccordement en gaz très faible, pourriez-vous nous expliquer le pourquoi de ce retard? M.Draï Ahmed: En effet, nous enregistrons un faible taux de raccordement en gaz (41%) comparé à d'autres wilayas où le taux de raccordement avoisine les 80%. Mais cela n'est pas passé hors hasard, en somme c'est dû principalement à un problème purement technique où nos équipes à l'époque ne maîtrisaient pas la technique du polyéthylène (une matière maniable qui s'adapte aux différentes formes car avant, elles utilisaient le cuivre, chose qui est très dur à faire passer pour traverser les montagnes d'autant plus que pour la wilaya de Béjaïa le relief de la région montagneuse est accidenté. Qu'en est-il du plan quinquennal 2010-2014? Le lancement du plan quinquennal 2010-2014 a connu un retard de trois ans car il a été lancé bien avant d'effectuer les études sachant que ces dernières prennent énormément de temps pour les réaliser (récupérer le plan de masse de chaque localité concernée par ledit programme auprès des APC) aussi, il a fallu une année pour confier ces affaires car nous avions un manque terrible d'entreprises qui refusaient de soumissionner pour plusieurs raisons, entre autres les oppositions omniprésentes, la fermeture des routes, le relief accidenté,...etc. Le plan quinquennal 2010-2014 est réparti en trois tranches. La première tranche a démarré en 2013, les travaux de réalisation de 400 kilomètres de réseaux de gaz et 4000 branchements sont en cours d'achèvement. Quant à la deuxième tranche, les travaux ont été lancés en septembre 2014 pour réaliser 18 DP (Distribution publique) et 27 QLS (quartiers et logements sociaux). Un réseau de 2000 km pour 50.000 branchements et une enveloppe financière de 5 394 986 264,41 DA TTC. Une troisième tranche est également prévue une fois que les travaux de la deuxième tranche seront bien avancés. Est-ce que les daïras de Chemini et d'Adekar sont concernées par l'actuel quinquennal? Effectivement, ces deux daïras sont concernées par le plan quinquennal 2010-2014 mais elles seront programmées dans la troisième tranche dudit plan car avant de raccorder ces daïras, il faut d'abord réaliser le réseau transport et passer par certaines localités où les travaux sont en cours de réalisation actuellement telles que Tinebdar, Sidi Ayad, Ighil Ali. Qu'en est-il pour les autres localités qui ne figurent pas dans le plan quinquennal 2010-2014? En effet, on ne pourra jamais atteindre les 100% ni dans l'électrification ni dans la gazéification tant qu'il y a toujours des extensions il y aura toujours des programmes de raccordement en électricité et en gaz. En fait, il y a un autre programme quinquennal 2015-2019 qui est prévu pour le raccordement en gaz des localités restantes. Avez-vous les moyens humains et matériels nécessaires à la réalisation de ce programme? La ressource humaine existante est redéployée pour une prise en charge rapide du plan quinquennal en matière de surveillance et de contrôle. Pour ce qui est de l'exploitation des nouveaux réseaux, les recrutements des nouveaux gaziers sont en cours. Le recrutement se fera sur les localités concernées. Quelles sont les contraintes rencontrées pour la réalisation du plan quinquennal? Les contraintes que nous rencontrons sur le terrain ne concernent pas uniquement la réalisation du quinquennal mais elles représentent une entrave pour la concrétisation de tous nos investissements que cela soit pour l'électricité ou pour le gaz. Les agressions d'ouvrages dues aux atteintes de tiers, «les gens construisent de manière anarchique à proximité de nos ouvrages électriques et même sur nos conduites de gaz, cela représente un danger mortel pour eux et influe négativement sur la qualité et continuité de service. Le phénomène des oppositions qui retardent et qui freinent parfois nos projets telle que celle des citoyens de Tidelssine qui s'opposent au passage du gazoduc pour alimenter nos clients de Souk El Tenine, Melbou et Tamridjt, une autre opposition extrêmement importante pour la réhabilitation de la ligne 60 KVA de Darguinah considérée comme étant une ligne de secours pour l'alimentation de la ville de Béjaïa, la rétrocession, la fraude, les créances...etc. Quelles sont les mesures prises à l'encontre des fraudeurs? La fraude tend à se généraliser, les fraudeurs seront traités avec toute la rigueur de la loi. Toutefois, nous continuons à sensibiliser nos clients pour éviter ce genre de comportement néfaste à l'économie nationale. Y a-t-il une coordination entre les collectivités locales et vos services? Dans la plupart des domaines, la coordination est très efficace, néanmoins, nous continuons à lancer des travaux avant ou après d'autres utilisateurs du sous-sol, tels que nos amis du télécom ou des services des eaux ce qui engendre des réfections de chaussée à longueur d'année, causant des désagréments à nos concitoyens. Le SDE détient d'importantes créances, quelle est votre stratégie pour le recouvrement de ces dernières? Nos créances sont de l'ordre de 154 milliards de centimes dont 100 milliards de centimes chez les clients domestiques. Etant donné ce montant important de créances, notre trésorerie étouffe et nos investissements dépendent énormément des emprunts bancaires ce qui met en péril notre gestion. En fait, le client est exigeant en matière de qualité de service, par contre, nous constatons un grand retard dans le paiement de leurs factures ce qui nous contraint à procéder à des coupures systématiques des deux énergies (électricité et gaz) dès les dépassements des délais. Il est à signaler que pour se rapprocher de nos clients, nous avons ouvert dès le début de l'année quatre agences commerciales en plus des six existantes, une convention avec Algérie Poste a été signée et mise en exploitation depuis plusieurs années pour permettre à nos clients de s'acquitter de leurs redevances à travers tous les bureaux de poste voire même au niveau national et sans frais supplémentaires. En matière d'électricité, qu'en est-il de la situation? Le temps équivalent de coupure est passé de 12,17 heures en 2012 à 6.494 heures en 2013 et à 4,28 heures en 2014 ce qui se traduit par une amélioration de -12.33% à la même période. Ceci s'explique par les investissements colossaux consentis par le SDE en si peu de temps et ce malgré les difficultés du terrain. En effet, en deux ans (2013/2014) plus de 5 milliard de dinars ont été prévus pour l'amélioration de la qualité de service et plus de 60 entreprises sous-traitantes sont en concurrence sur le terrain. Jusqu'à maintenant, plus de 185 postes moyenne tension et basse tension ont été réalisés en plus des nouvelles lignes moyenne tension et basse tension. Pour quand le e-paiement de la SDE? En matière d'innovation, la SDE est en train de développer un site Internet pour mieux communiquer avec ses clients et plusieurs services seront offerts tels que; consultation des factures, les modalités de raccordement...etc. Pour ce qui est du e-paiement, l'entreprise prendra les dispositions une fois ce mode de paiement adopté par Algérie Poste et d'autres banques. Quand il s'agit de la distribution de l'électricité ou du gaz, les citoyens parlent toujours de Sonelgaz, alors monsieur le directeur, pouvez-vous commencer par nous présenter votre société? Après les différentes transformations de la Sonelgaz, elle devient une SPA en 2002, ce statut donne à Sonelgaz la possibilité d'élargir ses activités à d'autres domaines relevant du secteur de l'énergie et aussi intervenir hors des frontières de l'Algérie. En 2004, Sonelgaz devient un groupe industriel constitué de plus de 39 sociétés autonomes avec des identités, des missions et des stratégies propres. La restructuration de Sonelgaz en 2006 a donné naissance à quatre filiales composant le Pôle distribution des deux énergies électrique et gazière: SDA, SDC, SDO et SDE. La SDE, Société de distribution de l'électricité et du gaz de l'Est au capital social de 24 milliards de dinars a pour mission: l'exploitation, l'entretien et le développement des réseaux de distribution électricité et gaz selon les normes requises en matière de sécurité, le raccordement et la gestion de la nouvelle clientèle, l'assurance d'une continuité et qualité de service sur un ensemble de 16 wilayas de l'est du pays. La SDE dont le siège se trouve au 2, Rue Raymond Peschard à Constantine englobe 19 directions de distribution dont la direction de distribution de Béjaïa, une direction de distribution par wilaya sauf Annaba, Constantine et Sétif qui en comptent deux chacune. Il est nécessaire de faire la différenciation des dénominations et n'évoquer la Société de distribution de l'électricité et du gaz de l'Est ou la direction de distribution de Béjaïa qu'en tant qu'organisation juridiquement autonome et parfaitement distincte de la société mère Sonelgaz qui n'entretient aucune relation avec la clientèle. Cette relation est exclusivement du ressort et de la responsabilité des quatre SD à travers les directions de distribution. Un message à passer aux citoyens et clients de la SDE de Béjaïa? J'invite nos clients et l'APC à honorer leurs créances et pour notre part nous nous engageons à maintenir nos efforts en matière d'investissements pour l'amélioration de la qualité et continuité de services. Merci à votre journal de nous avoir ouvert ses colonnes et nous avoir permis d'éclairer l'opinion publique sur un ensemble de points.