Beji Caïd Essebsi, président de la formation Nidaa Tounès Ce début timide de la campagne, marqué essentiellement par l'abstention d'Ennahda qui a laissé libre cours à ses militants de voter pour un candidat. En Tunisie, la campagne pour l'élection présidentielle du 27 novembre 2014 se déroule dans une ambiance morose, caractérisée par les inquiétudes des Tunisiens vis à vis de la situation explosive en Libye et par les risques que font peser les terroristes sur le pays. C'est dans ce contexte que le Mouvement destourien vient d'apporter son soutien à la candidature de Beji Caïd Essebsi, président de la formation «Nidaa Tounès», décision de nature à «ressouder les rangs des destouriens et à les «mobiliser en faveur d'un candidat à l'élection présidentielle appartenant à leur courant». Ce début timide de la campagne, marqué essentiellement par l'abstention d'Ennahda qui a laissé le libre cours à ses militants de voter pour un candidat à même de garantir la pérennité des avancées démocratiques de la société tunisienne, ne semble pas inquiéter outre mesure les 27 candidats dont seule une minorité a entrepris de battre la campagne. Ainsi, le plaidoyer de Mustapha Ben Jaâfar pour l'appui d'un candidat consensuel et une mobilisation des forces socio-démocrates ne fait pas l'unanimité, malgré l'appel adressé aux militants et sympathisants pour voter en faveur du candidat le plus proche de leur courant, au second tour. De son côté, Moncef Marzouki, qui a entamé sa campagne depuis une semaine à partir de Tunis, s'efforce de convaincre les Tunisiens de ne pas accorder leur voix au «retour de l'ancien régime contre lequel la Révolution s'est faite» et «afin que le sang des martyrs ne soit pas vain», l'adversaire majeur étant aisé à deviner. Depuis Monastir où il a choisi l'esplanade du carré de la famille Bourguiba pour y lire la Fatiha à la mémoire de Habib Bourguiba et pour tenir son premier meeting, Beji Caïd Essebsi dont le parti Nidaa Tounès vient tout juste d'emporter les législatives a appelé à tout mettre en oeuvre pour «renforcer le prestige de l'Etat» et pour que «tout candidat (sache) dépasser son appartenance partisane pour se positionner comme le garant de l'unité nationale et continuer à rassembler les Tunisiens sans exception ni exclusion quelles que soient les divergences». Refusant «la surenchère», il a résumé son programme en affirmant que «la priorité est d'assurer aux jeunes une formation moderne afin qu'ils puissent porter le flambeau, poursuivre l'édification de la Tunisie et assurer la pérennité de l'Etat». Si plusieurs candidats espéraient, directement ou non, obtenir l'appui d'Ennahda, la plupart d'entre eux cachent mal leur soutien, lors du second tour, ira inévitablement au candidat «le plus ancien dans le grade le plus élevé», auquel cas tout indique que Beji Caïd Essebsi est et restera largement au-dessus de la mêlée, les Tunisiens dans leur vaste majorité comptant sur son expérience et sa sagesse pour assurer au pays une traversée sans encombre de cette phase de grandes turbulences pour la région du monde arabe.