Le partenariat algéro-français, l'après pétrole, la sécurité dans le monde arabe et au Sahel, la constance de la position algérienne sur le processus de décolonisation au Sahara occidental, figurent parmi les points abordées par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, dans l'entretien exclusif qu'il a accordé au mensuel Afrique Asie du mois de décembre, pour expliquer les principes qui guident la stratégie gouvernementale de l'Algérie. Au volet des relations algéro-françaises, le Premier ministre a estimé que celles-ci "évoluent dÆune manière positive, dans le respect mutuel", relevant que les perspectives de partenariat entre les deux pays sont "très prometteuses". Même s'il a observé que les domaines dans lesquels s'opèrent cette coopération sont "nombreux", M. Sellal a, cependant, fait part de sa "conviction" que "beaucoup d'opportunités subsistent encore et restent à explorer, notamment en matière de partenariat économique, d'échanges scientifiques et culturels et de transfert de savoir-faire". Exprimant la "ferme volonté" des pouvoirs publics pour encourager les partenariats des entreprises nationales, publiques ou privées avec des opérateurs étrangers, M. Sellal a appelé les opérateurs économiques français à venir , pour accompagner l'Algérie dans cette "ambitieuse entreprise" faisant valoir les "aides considérables" que les autorités mettent à la disposition de ces joint-ventures. "Que ce soit dans la pétrochimie, l'énergie, les travaux publics, les services, l'agriculture ou d'autres domaines encore, les opportunités pour les investisseurs français de faire de très bonnes affaires existent et sont nombreuses", a-t-il soutenu, appelant ces derniers à saisir ces opportunités en "faisant preuve d'audace et de créativité".
Construire une économie diversifiée et émergente...
Abordant, dans ce contexte, la restructuration de l'économie algérienne, M. Sellal a rappelé que conformément au programme du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, l'Algérie s'est engagée à construire une économie "diversifiée et émergente" pour atteindre à l'horizon 2019 un taux de croissance de 7%. Il a soutenu soutenant que l'Algérie est également tenue de poursuivre la baisse continue du chômage enregistré depuis plus de dix années. Il a, par ailleurs, affirmé qu'avant même l'avènement de l'épisode baissier des prix des hydrocarbures, le gouvernement algérien avait inscrit dans son plan d'action, "la préservation des équilibres macro-économiques et financiers de notre pays en tant qu'objectif essentiel". Parmi les domaines prioritaires choisis par le gouvernement, il indiqué que la croissance hors hydrocarbure est "une réalité et un objectif stratégique" et affirmé que l'Algérie "dispose dans ces filières d'activité d'avantages comparatifs certains qui ont suscité l'intérêt de plusieurs de nos partenaires". S'agissant des étapes d'exploration du gaz de schiste dont l'Algérie recèle d'importants gisements, le Premier ministre a précisé que la position de l'Algérie "n'est pas dogmatique". "Nous croyons aux vertus du pragmatisme et du bon sens. Si l'exploitation des ressources d'hydrocarbures non conventionnelles est bonne pour l'Algérie et les Algériens, nous l'engagerons sans complexe", a-t-il dit. Il a assuré que pour l'instant, l'Algérie "s'attelle à évaluer, avec précision, les ressources nationales en la matière et à intégrer et maîtriser les multiples techniques de prospection et de production, afin de garantir une exploitation optimale et la préservation de notre environnement et de nos écosystèmes". Par ailleurs, et au plan régional, M. Sellal a réaffirmé la "constance et la clarté" de la position de l'Algérie sur le processus de décolonisation du Sahara occidental, réitérant son soutien à l'organisation d'un référendum d'autodétermination sous l'égide des Nations unies, et rappelant son attachement au respect de la légalité internationale dans le règlement de ce dernier dossier de décolonisation.
"Pertinence" des positions de l'Algérie
M. Sellal a souligné que les évènements qu'ont connus la région arabe et le Sahel ont confirmé la "pertinence" des positions de l''Algérie, relevant que la paix et la stabilité "constituent le socle indispensable de toute avancée démocratique ou développement socio-économique", observant que "seule la volonté souveraine et indépendante des peuples peut engendrer le progrès et la paix dans le monde". M. Sellal a, par ailleurs, affirmé que l'Algérie "soutient et soutiendra tous les processus politiques de dialogue inclusif et de réconciliation engagés par les pays amis et voisins, dans le respect de la légalité internationale, du principe de non-ingérence et l'intégrité territoriale de ces pays". Le Premier ministre a, en outre, indiqué que l'Algérie "se réjouit" des conditions dans lesquelles s'est déroulée l'élection présidentielle en Tunisie et "espère que ce rendez-vous démocratique important constituera une étape majeure dans la marche de ce pays frère vers la stabilité et le progrès". SÆagissant du continent africain, le Premier ministre a observé qu'il est "essentiel de sortir des clichés et des idées reçues", et avertit que "réduire lÆAfrique à un simple réservoir de matières premières serait une grave erreur". "Je suis de ceux qui pensent que l'Afrique est aujourd'hui en mouvement, et dans bien des domaines, ce berceau de l'humanité façonnera l'avenir du monde", a-t-il estimé. M. Sellal a, enfin, assuré que dans le cadre du mécanisme du Nepad (Nouveau partenariat pour le développement économique de l'Afrique) dont le président Abdelaziz Bouteflika a été l'un des initiateurs, l'Algérie "úuvre à la promotion du partenariat sud-sud et à l'émergence de modèles de développement afro-africains", observant que l'avenir de l'Algérie "se construira aussi en Afrique".